Togo  : les manifestants dispersés, alors que des milices apparaissent et sèment la terreur

La marche "de la résistance" prévue ce 18 octobre 2017 par l'opposition togolaise n'a pas pu avoir véritablement lieu. Presque couplées aux soldats qui, en certains endroits, semblent les coordonner, les milices qui se réclamant du pouvoir ont pris le contrôle de la capitale togolaise, molestant les citoyens et violant les domiciles des uns et des autres.

Lomé, capitale togolaise, 18 octobre 2017, la manifestation prévue ce jour par la coalition des 14 partis politiques de l'opposition au Togo a été réprimée et étouffée dans l'œuf, avec grande violence par des forces plutôt non conventionnelles. Déjà à 6h00 certains parents s'inquiétaient en voyant leurs enfants sortir pour l'école. Face aux évènements de la veille découlant de l'arrestation manu militari de l'imam Alpha Hassan, leur inquiétude s'explique. Au même moment, ceux qui ont pu faire le déplacement à travers la ville, ont pu constater la présence effective à la fois des militaires et des gendarmes et de groupe de jeunes cagoulés munis de matraque ou de toute sorte d'armes blanches aux carrefours dans la capitale.

Dans les quartiers de Tokoin Doumasséssé encore connu sous le nom de Adéwui, la tension était palpable. « On aurait cru un état de siège comme j'en vois dans les films. Mon sourire du matin avait disparu dès cet instant. Car j'avais compris que quelque chose se tramait », témoigne Junior, un jeune lycéen du Lycée de Tokoin. Oui, quelque chose se tramait bien. Car la suite sera difficile pour les populations.

Répondant à l'appel du ministre de l'administration territoriale, Payadowa Boukpéssi qui avait interdit la marche pendant les jours ouvrables, les forces de l'ordre et de sécurité ont envahi tous les points de rassemblement très tôt le matin. Au carrefour CCP ou au rond-point Bè-Gakpoto deux points de rassemblement prévus par l'opposition, les forces de l'ordre et de la sécurité et de jeunes manifestants téméraires se sont affrontés. Aux tirs de gaz lacrymogènes des corps habillés, les jeunes répliquent avec les jets de pierre alors qu'ils érigent des barricades et brûlent des pneus. Visiblement très déterminés, ces jeunes des quartiers Bè, Attikoumé, Adidogomé et Agoé vont à l'affrontement pour en découdre avec les forces de l'ordre. Mais une troisième force, invitée-surprise, va entrer en jeu pour semer la terreur.

Les milices en complicité avec les militaires

Alors que les affrontements entre les forces de l'ordre et de la sécurité continuaient, des groupes de jeunes cagoulés à bord de pickup up non immatriculés et portant des casques ont surgit de tous côtés dans les quartiers de la capitale togolaise. Tabassant tout ce qui bouge, emportant même parfois certaines personnes, ils semblent très organisés. « C'est vous qui cassez et brulez les choses ici ? Au lieu d'aller travailler, vous voulez marcher. Vous allez marcher pour changer quoi dans ce pays ? Ne voyez-vous pas les efforts du gouvernement ? », a-t-on entendu dire un de ces jeunes bourreaux.

« L'opposition ne marchera pas aujourd'hui. Vous pouvez faire un meeting. Mais pas de manifestation dans la ville », a laissé entendre un autre à sa victime qu'il molestait. Armé de bâton cloutés et parfois d'armes blanches de tout genre (chaînes de moto, matraques, coupe-coupe...), ces jeunes qui ont été aperçus dès le début de la journée, notamment à Attikoumé et Gbossimé, sèment la terreur dans la ville au moment où nous mettons en ligne, laissant derrière eux plusieurs blessés. Le moindre attroupement populaire est dispersé avec violence. Ce mercredi restera longtemps dans la mémoire de certains Togolais. « Je ne suis jamais senti aussi radical contre ce régime. Je suis éprouvé. A Adidogomé, on a vu les forces de l'ordre rester derrière ces jeunes criminels et quasiment les encadrer. Faure Gnassingbé doit partir. Un dirigeant qui fait recours aux miliciens pour réprimer sa propre population ne mérite plus de diriger », s'insurge un professeur d'université.

Les accusations de ce professeur ont été corroborés par d'autres témoignages qui attestent que dans certains quartiers, des militaires sont passés à côté de ces jeunes sans les inquiéter. Sur les réseaux sociaux, des militants du pouvoir tentent de justifier la présence des milices sans le convaincre. Interrogé sur la question, afin de savoir qui sont ces jeunes, le ministre de la sécurité, le Colonel Damehame Yark est resté aussi tendu qu'évasif. « Je viens de traverser Attikoumé (un quartier de Lomé)... C'est vrai. Quelqu'un m'a envoyé un message disant qu'on a vu des gens cagoulés avec des bâtons », a-t-il d'abord reconnu avant de plutôt charger une fois encore l'opposition. « On ne doit pas arriver jusque-là. L'autorité a pris une décision et vous dit d'aller faire un meeting. Pourquoi ils (les opposants, ndlr) veulent s'en prendre à elle ? ... Je vais faire vérifier les informations et si elles sont avérées, on va voir d'où ces jeunes viennent. C'est la République, elle appartient à tout le monde. Elle n'appartient pas à une seule personne. Pas seulement à une fange de la population qui croit qu'elle a le monopole de la rue », a ajouté le ministre de la sécurité.

Visage morose dans la capitale

Actuellement dans la ville, l'ambiance est morose. Les commerces sont quasiment tous fermés, la circulation très fluide, les marchés sont non-animés et les rues sont sillonnées par les jeunes civils armés et les forces de l'ordre et de la sécurité. Les établissements scolaires ayant congédiés les élèves sont aussi fermés en attendant le retour au calme. « On se demande si on a un président dans le pays », murmure un chef traditionnel qui se demande pourquoi le président de la République, Faure Gnassingbé n'a pas parlé depuis le 19 août 2017.

En effet, l'appel à un discours du président togolais ne cesse de devenir insistant sur la toile. Récemment un faux-discours a été partagé sur les réseaux sociaux et relayé par la presse internationale comme venant de lui. De quoi peut-être l'amener à sortir de son silence

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Commentaire 1
à écrit le 19/10/2017 à 22:56
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Que veux Faure Gnassingde apres 50ans de regne de sa famille Gnassingde. Il faut aller au Togo pour aller le niveau de pauvreté.les togolais meurent juste a cause d'une simple maladie...

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