Togo  : la grève des enseignants suspendue

Suite aux nouvelles mesures des autorités togolaises visant à satisfaire aux exigences du corps enseignant, la coordination des syndicats de l'éducation du Togo a décidé de suspendre les mouvements de grève. La décision a été prise par les enseignants en assemblée générale afin d'analyser les propositions du gouvernement.

La grève est suspendue : telle est la décision samedi dernier des premiers responsables de la Coordination des syndicats de l'éducation du Togo (CSET qui regroupe quatre syndicats) et de la Fédération Nationale des Syndicats de l'Education Nationale (FESEN), au lendemain des mesures annoncées par le gouvernement. Une décision qui fait déjà grincer des dents au sein de la base de la coordination notamment des délégués préfectoraux. « Nous avons décidé de suspendre les grèves, afin de mieux analyser tous les points contenus dans la proposition du gouvernement », a déclaré Atsou Atcha, le porte-parole du CSET.

Pour lui, il s'agit d'une suspension provisoire des mouvements de grève. Les mouvements de grève pourraient donc reprendre si les propositions du gouvernement ne convenaient pas aux enseignants un peu partout sur l'étendue du territoire national. Réclamant le reversement pur et simple des précomptes aux grévistes, les syndicats des enseignants exigent également un statut particulier qui prenne en compte la prime de rentrée et de bibliothèque, la prime d'incitation à la fonction d'enseignant, la prime de logement, la prime de zones enclavées et la prime de salissure. Afin d'avoir un peu d'apaisement, comme mesures, les autorités togolaises ont décidé pour commencer par doubler la prime d'incitation à la profession d'enseignant. Au lieu des 10.000 Fcfa (20 dollars) anciennement perçus, les enseignants togolais percevront à partir du 1er avril, 20.000 Fcfa (40 dollars). « Ce n'est pas rien, mais le gouvernement peut encore faire un peu d'effort. Ça va se négocier », avait laissé entendre vendredi soir Atsou Atcha.

Aussi, le gouvernement a-t-il décidé de mettre sur pied d'ici fin mars un comité de rédaction élargi aux partenaires en développement du Togo, pour la rédaction des statuts à adopter dès la rentrée 2017-2018, une des exigences des enseignants. Ce statut permettra de préciser entre autre, les procédures en matière d'affectation et de mutation des enseignants.

Pour les cotisations ou prélèvements opérés sur le salaire de certains enseignants auxiliaires avant leur intégration dans le cadre des fonctionnaires, une cellule sera mise en place, dès ce lundi, afin de régler définitivement ce problème.

Urgence de sauver l'année scolaire

Si les syndicats et le gouvernement sont en désaccord sur plusieurs aspects, ils partagent au moins la même inquiétude concernant l'année scolaire. Le secteur éducatif togolais est fortement secoué par des grèves à répétition depuis la rentrée scolaire d'octobre 2016 avec des manifestations des élèves dans plusieurs localités du pays pour exiger la rprise des cours. Certains élèves vont même jusqu'à déloger leurs camarades des écoles privées. Une situation qui si elle perdure, risque de leur faire perdre une année scolaire. Une issue que les deux parties veulent éviter. « La décision [de suspension de la grève] vise aussi à donner une chance à l'année scolaire », a confié Atsou Atcha. Selon lui, le gouvernement doit montrer plus de volonté par rapport aux enseignants afin qu'une année blanche soit évitée.

Quand au chef du gouvernement, Komi Klassou, s'adressant aux enseignants, il a fait appel au sens du patriotisme pour sauver l'année scolaire : « le gouvernement reste toujours ouvert au dialogue. [Les enseignants grévistes doivent] saisir la balle au bond pour que chacun puisse redoubler d'ardeur dans un sursaut de patriotisme ». Le premier ministre togolais s'est dit prêt à réajuster l'année scolaire en vue de remédier aux effets néfastes, des perturbations de ces dernières semaines, sur le bon déroulement des activités pédagogiques.

Il faut espérer que cette suspension de grève devienne définitive afin que le secteur éducatif togolais retrouve ses beaux jours. Même si déjà on distingue deux opinions dans la base, les uns penchant pour la suspension, les autres demandant un rejet catégorique des propositions du gouvernement. En attendant, ce matin, les élèves sont allés à l'école normalement.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.