Sénégal : l'Etat réclame des millions d'euros aux accusés dans le procès Khalifa Sall

Dans le cadre du procès intenté contre le maire Dakar, Khalifa Sall, et sept de ses collaborateurs, le procureur a réclamé une somme de 8,37 millions d'euros à titre de dommages et intérêt. Au-delà de la condamnation financière, le procureur a requis 7 ans d'emprisonnement ferme contre les accusés.
(Crédits : Page Facebook Khalifa Ababacar Sall)

L'Etat sénégalais ne lâche rien concernant le procès fait au maire de Dakar, Khalifa Sall et ses sept collaborateurs. Ce vendredi 16 février, le procureur de la République, Serigne Bassirou Gueye, dans son réquisitoire devant le tribunal correctionnel n'y est pas allé de main morte, en réclamant des accusés, une rondelette somme de 8,37 millions d'euros, soit environ 5,49 milliards de francs CFA.

Le montant de cette amende représente trois fois la somme des fonds présumés avoir été détournés par le maire est ses collaborateurs, entre autres, directeur administratif et financier, comptables, secrétaire, soit une somme de 2,8 millions d'euros (environ 1,83 milliards de francs CFA). Ce montant requis pour les dommages et intérêts même s'il est considéré comme lourd, est pourtant bien loin de ce qu'avait demandé l'Etat sénégalais qui était représenté par un agent judiciaire et s'est constitué en partie civile.

La veille du réquisitoire du procureur, Félix-Antoine Diome, qui parlait au nom de l'Etat sénégalais a déclaré qu'il exigeait une réparation estimée à plus de 10 millions d'euros. L'Etat « a été frustré de 1,83 milliard de francs CFA (2,8 millions d'euros) dont nous demandons la réparation », a déclaré le fonctionnaire du ministère sénégalais des finances. Expliquant les faits, il a confié que le gouvernement avait décaissé les fonds sur la base de ''fausses factures'' présentées par le maire Khalifa Sall.

De 2011 à 2015, « vous avez obtenu des avances sur la base de fausses pièces » pour acheter « du riz et du mil (qui) n'ont jamais été réceptionnés dans les magasins de la Ville de Dakar. Des repas ont soi-disant été servis à des nécessiteux », s'est adressé M. Diome au maire de Dakar. L'agent judiciaire de l'Etat a ensuite notifié que pour le dommage moral subit pas l'Etat, Khalifa Sall et ses co-accusés doivent payer 7,6 millions d'euros soit 5 milliards de francs CFA. Une position que partage le conseil de l'Etat. Me Moussa-Félix Sow, avocat de l'Etat a indiqué que « chaque mois, 30 millions de francs CFA (45.734 euros) étaient décaissés » du Trésor public pour être versé dans la ''caisse d'avance'' de la ville de Dakar, lesquels fonds sont ''directement remis'' au maire Khalifa Sall.

« Lorsque des moyens aussi importants sont dissipés au préjudice de la nation, il faut une réparation égale. Nous demandons la somme totale de 6,83 milliards de francs CFA (plus de 10 millions d'euros) pour toutes causes de préjudice. Nous demandons d'ordonner l'exécution totale des sommes que nous réclamons », a précisé Me Moussa-Félix Sow, avant d'indiquer que si les remboursements ne sont pas effectués, il y aurait « forcément une confiscation de l'ensemble des biens des prévenus ».

7 ans de prison ferme pour Khalifa Sall

Dans ce procès qui a été ouvert depuis fin janvier dernier, la condamnation financière n'est pas la seule requise pour le maire de Dakar et ses collaborateurs. « Je requiers sept ans d'emprisonnement ferme » à l'encontre de Khalifa Sall, a déclaré Serigne Bassirou Gueye devant le tribunal correctionnel. Maire de la capitale sénégalaise depuis 2009, Khalifa Sall ne va pas croiser non plus les bras en attendant sa condamnation par les juges. Ses avocats agitent l'argument d'un complot politique et en apporte les preuves.

Dès le début, la question politique a été évoquée par le conseil du maire de Dakar qui n'a cessé de dénoncer un procès visant à écarter un adversaire sérieux au président Macky Sall et indiquent que les fonds litigieux étaient ''politiques'' et à l'usage discrétionnaire des élus. Déjà en détention provisoire depuis mars 2017 quand l'affaire a éclaté, Khalifa Sall n'avait jamais arrêté de critiquer la coalition présidentielle. Un peu plus tôt dans la semaine, mardi 13 février, ses avocats avaient fait visionner une vidéo d'une conversation où un ministre d'Etat et ancien adjoint à la maire de Dakar, Mbaye Ndiaye, déclarait que « le problème de Khalifa Sall pourrait être réglé s'il avait accepté d'être avec nous ». Mais il a « refusé de se ranger », a ajouté ce membre de la majorité, soulignant ensuite que le Parti socialiste l'avait également « enfoncé dans le trou ». Un élément qui a donné du fil à retordre dans la salle. La semaine prochaine, de lundi à mercredi, alors que la parole sera donnée à l'accusation, elle tentera de plaider ce procès politique visant à empêcher le maire de Dakar d'affronter Macky Sall en 2019 aux élections présidentielles. En attendant, la majorité présidentielle continuera de rejeter catégoriquement ces accusations de la défense de Khalifa Sall.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.