Muhammadu Buhari ordonne de limiter l'accès aux devises aux importateurs de denrées alimentaires. Dans un communiqué publié mardi, le président nigérian a en effet demandé à la Banque Centrale du Nigeria (CBN) de cesser de fournir des devises pour l'importation de produits alimentaires dans le pays. Sont concernés notamment les produits alimentaires de première nécessité comme le riz, le lait, le sucre.
«Ne donnez pas un centime à qui que ce soit pour importer des denrées alimentaires dans le pays [...] Les réserves de change seront conservées et utilisées seulement pour la diversification de l'économie et non pour encourager plus de dépendance vis-à-vis des factures d'importation de produits alimentaires », a souligné le texte de la présidence nigériane.
Par cette décision, le président réélu il y a tout juste trois mois entend honorer l'une de ses principales promesses électorales d'instaurer l'autosuffisance alimentaire en réduisant drastiquement la facture des importations. Grâce à ces restrictions, le Nigeria est déjà parvenu à réduire l'importation de produits agricoles comme le riz, désormais produit et consommé localement à plus de 90%. Des résultats encourageants pour le gouvernement de Buhari qui veut étendre la méthode à une plus large gamme de produits importés, alors que la facture continue de grimper en dépit des efforts consentis.
Au cours de premier trimestre de l'année 2018, le Nigeria a importé près de 503,1 millions de dollars en produits agricoles. Au premier trimestre de cette année 2019, la facture s'est établie à 628,8 millions de dollars, soit un surplus de 125,7 millions équivalant à une hausse d'environ 25% sur une année.
La restriction des devises aux importateurs de produits alimentaires s'inscrit dans la continuité de la politique protectionniste choisie pour accélérer la diversification économique de ce pays dont les exportations pétrolières et gazières représentent 90% du total des exportations et près des 2/3 des recettes de l'Etat. La décision vise également à réduire la pression sur le naira, fragilisé par la baisse des prix du pétrole, mais aussi à attirer les investissements étrangers.
Au Nigeria, l'on s'interroge encore sur les modalités d'application de cette mesure. En 2015, la banque centrale avait interdit l'accès au change à 43 produits pour contenir la demande en dollars. L'on s'attend à ce que certains articles soient déjà inclus dans l'interdiction précédente. Première économie d'Afrique, le Nigeria applique un régime de taux de change multiples pour gérer la pression exercée sur le naira.
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