Burkina : des volontaires et des retraités pour suppléer les grévistes du ministère des Finances

Face à la persistance de la grève des agents du ministère de l’Economie et des finances, le gouvernement burkinabé a décidé d’appeler à la rescousse du personnel d’appoint. Des retraités ainsi que des volontaires diplômés seront ainsi recrutés pour assurer la continuité du service et atténuer l’impact de la fronde sur l’économie du pays.
Le gouvernement burkinabé a engagé sous la houlette du Premier ministre Paul Thieba Kaba une large concertation nationale en vue de remettre à plat le système de rémunération des agents de l'Etat.
Le gouvernement burkinabé a engagé sous la houlette du Premier ministre Paul Thieba Kaba une large concertation nationale en vue de remettre à plat le système de rémunération des agents de l'Etat. (Crédits : DR)

Le pays des «hommes intègres» se rappelle ses glorieuses années de révolution sous l'ère du mythique Thomas Sankara. Le gouvernement du président Roch Marc Christian Kaboré vient en effet de remettre à l'ordre du jour une recette que le pays a déjà expérimenté pour faire face aux débrayages des fonctionnaires, comme c'est le cas actuellement avec la persistance de la grève des agents du ministère de l'Economie et des finances qui dure depuis mai dernier.

Le conseil des ministres qui s'est tenu ce lundi sous la présidence du chef de l'Etat a autorisé le ministère des Finances à procéder au recrutement de personnels d'appoint pour assurer la continuité du service. Pour ce faire, des retraités et des volontaires vont suppléer les grévistes selon un communiqué du gouvernement publié à l'issue du conseil des ministres. «Afin d'assurer la continuité du service, le conseil a autorisé les ministres en charge du dossier à recruter du personnel d'appoint notamment et à prendre toute initiative permettant de lever les goulots d'étranglement constatés au niveau de la chaîne des dépenses et au niveau de la mobilisation des ressources domestiques», lit-on dans le document.

«Le gouvernement a constaté le maintien du mot d'ordre malgré les efforts du gouvernement notamment le maintien en l'état du fonds commun pour l'année 2018», a expliqué Remis Dandjinou, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.

Pomme de discorde

La décision du gouvernement fait suite à la persistance de la grève de la Coordination des syndicats du ministère de l'Economie et des finances (CS-MEF) qui persiste depuis mai dernier. Au cœur de la discorde, la révision annoncée par le gouvernement du Fonds commun (FC), un système de rémunération et de motivation des agents du ministère qui fait couler beaucoup d'encre dans le pays au regard de l'enveloppe qui lui est annuellement allouée.

Devant la fronde des syndicats du ministère et bien qu'il bénéficie du soutien d'une importante frange de la population, le gouvernement dirigé par Paul Thiéba Kaba a décidé du maintien du fonds commun en l'état pour l'année 2018, en attendant la mise en œuvre à partir de janvier 2019, des recommandations de la conférence sur le système de rémunération des agents publics de l'Etat. Cette réforme qui va se traduire par une remise à plat du régime vise d'après Rosine Coulibaly-Sori, la ministre de l'Economie, des finances et du développement, à « garantir une gestion équitable et soutenable des rémunérations des agents de la fonction publique ». Les autorités ont engagé une large concertation dans ce sens avec l'ensemble des syndicats mais aussi avec la société civile, ce qui a irrité davantage les agents du ministère qui ne l'entendent pas de cette oreille malgré quelques divergences dans les rangs des syndicats concernés.

Le bras de fer entre gouvernement et syndicat des agents du ministère impacte sérieusement l'activité économique du pays avec des milliards de Fcfa perdus du fait de la persistance de la grève. C'est ce qui a d'ailleurs provoqué une levée de boucliers des commerçants du pays qui ont manifesté à plusieurs reprises pour fustiger les répercussions de la grève. D'autant que toutes les tentatives de négociations et de médiations entreprises jusqu'ici se sont soldées par un échec.

En attendant, si beaucoup au Burkina saluent la décision du gouvernement, certains estiment que cette solution risque d'engendrer encore de nouveaux problèmes. Depuis l'époque de Sankara où en son temps, la même recette a marché, beaucoup de choses ont changé.

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