Bénin  : le Nigeria met l'export de voitures à genoux

Le marché de l'exportation des voitures du Bénin vers le Nigeria est en chute libre. Déjà en 2016 les douanes béninoises ont perdu plus de 70% de leur activité à cause de cette crise. Or, cette crise va encore s'accentuer avec la décision du président nigérian Muhammadu Buhari qui compte interdire l'importation des véhicules neufs ou d'occasion par la route. La mesure devait entrer en vigueur ce 2 janvier, mais les députés ont préféré suspendre cette décision. Peut-être est-ce le moment pour les deux gouvernements de discuter ?

L'année 2016 n'a pas été bénéfique pour le marché d'exportation des voitures du Bénin vers le Nigeria. Et l'année 2017 ne risque pas de voir la situation s'améliorer. D'abord, il a eu la dévaluation du Naira, monnaie du principal client du Benin, le Nigeria. La filière a connu une chute vertigineuse de 70%, selon les chiffres officiels. Importante source de recettes fiscales et d'emplois, la chute du commerce n'a naturellement pas arrangé les choses pour les vendeurs. Et comme si cela ne suffisait pas, le président nigérian Muhammadu Buhari a décidé d'interdire l'importation des véhicules neufs ou d'occasion par la route. Une décision qui impacte directement les commerçants installés au Bénin. « C'est un vrai problème. On voulait commander des voitures, mais comme on a entendu cette nouvelle, on a arrêté d'en acheter. Ce n'est pas seulement notre secteur qu'ils tuent, c'est toute l'économie du Bénin. Si en janvier, je vois que le marché reste comme ça, je vais partir », confiait Doughan Ali, un vendeur libanais installé à Cotonou. Il vendait entre 20 et 25 véhicules par semaine, mais aujourd'hui, il doit se contenter de 2 par semaine, à des prix bradés. Il craint que la décision de Buhari ne torde le cou aux affaires.

L'interdiction du président nigérian devrait entrer en vigueur ce 2 janvier 2017 mais n'a pas pu entre temps se défaire de la pression des députés nigérians. Certains d'entre eux détenant des intérêts sur ce marché n'ont pas apprécié les conséquences de la décision.

Une décision prévisible

Certains spécialistes estiment la décision de Muhammadu Buhari prévisible. « Ce qui nous arrive aurait pu être anticipé. Les Nigérians ont déjà commencé par accepter que des constructeurs étrangers s'installent dans leur pays comme dans les années 1980. Et puis le pays a aussi lancé sa marque nigériane », explique Alix Servais Afouda, un économiste béninois. Selon lui, le Nigeria veut soutenir ses ports et relancer sa production automobile. L'application de la décision de Buhari qui est aujourd'hui suspendue, sera mise sur le tapis par la suite.

Cependant, si la décision passe, elle pourrait aussi booster la contrebande. « Il y a des voies par lesquelles les gens passent dans la brousse, explique Mathias Batonon, vendeur. Ce sont les clients nigérians, on les appelle les crossers, ce sont les spécialistes de la brousse », poursuit le marchand de voiture.

Rappelons que l'exportation des véhicules vers le Nigeria connaissait une crise avant même la dernière décision de Buhari. Des voix s'élèvent pour sauver le secteur de la réexportation de véhicules avant l'application de la décision. « En 2016, les quantités réexportées ont baissé de près de 50% et ne représente plus que 37% du riz importé au Bénin contre 61% en 2014. Egalement pour les voitures d'occasion, la baisse a été de plus de 72% » a déploré Siaka Coulibaly, coordonnateur Résident du Système des Nations Unies et représentant Résident du Pnud au Bénin.

Un dialogue Bénin-Nigeria s'impose !

Cette décision de Buhari n'arrange pas les deux pays. Mais avant que le secteur des exportations des voitures ne sombre totalement, beaucoup de personnes en appellent à ce que les gouvernements s'entendent. Le dialogue d'impose donc aux deux gouvernements. « Ce signal fort nous permet peut-être de nous ressaisir. Il faut que les deux gouvernements s'asseyent autour de la table et discutent des besoins des Nigérians et de l'offre des Béninois en termes de véhicules d'occasion. Il faut mettre en place une stratégie commune », suggère le commissionnaire en douane Taïrou Mama. En attendant, les autorités béninoises devraient travailler à libérer leur économie de la dépendance des conjonctures de l'économie nigériane.

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Commentaire 1
à écrit le 03/01/2017 à 12:44
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