G5 Sahel : Macron en VRP, l’Arabie Saoudite promet 100 millions de dollars

L’Arabie Saoudite a promis d’apporter une contribution de 100 millions de dollars soit près de 55 milliards de FCFA en faveur de l'opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel. Il s’agit de la plus importante contribution financière enregistrée à ce jour par l’organisation des 5 Etats sahéliens qui peinent à mobiliser les moyens de leurs ambitions. L’engagement saoudien n’est pas étranger au plaidoyer du président français Emmanuel Macron qui a plaidé pour l'opérationnalisation G5 Sahel. En contrepartie bien évidemment d’un renvoi d'ascenseur tant pour l’Arabie Saoudite que pour la France…
Le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop en compagnie de son homologue saoudien Adel Ahmed Al Jubeir.

Enfin les bonnes choses arrivent ! C'est le large sentiment partagé par plusieurs officiels des pays membres du G5 Sahel à l'annonce, hier lundi, de la décision de l'Arabie Saoudite de débourser quelques 100 millions de dollars en faveur soit près de 55 milliards de FCFA en faveur de l'opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel. L'annonce a été faite par le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop qui a effectué la semaine dernière une visite dans le Royaume d'Arabie Saoudite.

« Le Mali en tant que membre de la coalition militaire islamique contre le terrorisme et président en exercice du G5 Sahel a souligné l'importance du soutien du Royaume d'Arabie saoudite aux initiatives du G5 Sahel » a indiqué un communiqué de la diplomatie malienne à l'issue de la visite au cours de laquelle le ministre Diop s'est entretenu avec plusieurs hauts responsables saoudiens.

« Les autorités saoudiennes ont salué les efforts déployés par le Président Ibrahim Boubacar Keïta à la tête de cette organisation et se sont engagées à apporter une contribution de 100 millions de dollars pour l'opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel » a rapporté Abdoulaye Diop dans un communiqué de son département dans lequel il est également souligné qu'au nom du Président Ibrahim Boubacar KEÏTA (IBK), président en exercice de l'organisation sahélienne, le ministre a exprimé « la gratitude de l'ensemble des pays membres du G5 Sahel au Royaume d'Arabie Saoudite pour cette marque de générosité, de solidarité et de fraternité à leur égard ».

Du langage hautement diplomatique derrière lequel se profilent en filigrane les dessous d'une contribution financière en contrepartie de l'alignement des 5 pays membres de l'organisation en faveur de la coalition menée par l'Arabie Saoudite et ses alliés contre le Qatar dans « la crise du Golfe ». Un processus dans lequel le président français Emmanuel Macron, qui était récemment à Ryad, a joué le rôle de VRP pour le G5 Sahel et dont l'issue profite doublement aux Etats du G5 Sahel. D'une part, parce que la force conjointe peine encore à mobiliser les moyens financiers de sa mise en œuvre, et d'autre part parce que le Mali, le Burkina, le Niger, la Mauritanie et le Tchad sont déjà acquis officiellement à la cause saoudienne dans sa « guerre contre le terrorisme » que le pays entend désormais étendre à l'international.

Un budget toujours pas équilibré

Les 100 millions de dollars de l'Arabie Saoudite sont à ce jour la plus importante contribution financière enregistrée par les pays du G5 Sahel pour la mise en œuvre de leur force conjointe. Plus qu'une bouffée d'oxygène, c'est un apport providentiel car jusque-là, les efforts de l'organisation étaient plutôt concentré vers l'ONU, les USA et l'UE pour mobiliser les fonds nécessaires à l'opérationnalisation de la force conjointe de 5.000 à 10.000 hommes que le G5 Sahel entend déployer dans la zone en réponse aux défis sécuritaires qui ne cessent de prendre de l'ampleur.

Sur un budget annuel prévisionnel de 420 millions d'euros, pas même la moitié n'a pour le moment été récoltée en dépit du plaidoyer des chefs d'Etat de l'organisation auprès des différents partenaires internationaux. Les 5 pays membres ont certes décidé de débourser 50 millions d'euros chacun, la France 10 millions, l'Union européenne 10 millions et dernièrement les USA se sont engagés, après moult hésitations, à mettre sur la table 60 millions de dollars soit un peu plus de 50 millions d'euros.

La contribution saoudienne permet donc de rehausser le montant du financement mobilisé et surtout de permettre à la force de monter en puissance alors qu'elle a déjà lancé, il y a un mois, ses premières opérations sur le terrain. A la suite de la décision américaine, il est attendu que l'Arabie Saoudite entraîne dans son sillage plusieurs de ses partenaires du Golfe notamment les Emirats arabes unis (E.A.U) qui se sont certes engagés à financer l'Ecole de guerre commune du G5 Sahel de Nouakchott en Mauritanie. Attendue depuis des mois, son ouverture est annoncée encore en janvier prochain.

Manœuvres françaises

Les pays du G5 Sahel entretiennent certes d'excellentes relations avec le Royaume des Saoud mais c'est surtout le plaidoyer du président français qui a convaincu les autorités du pays de passer à la caisse. Comme pour la résolution de soutien du conseil de sécurité de l'ONU, l'engagement financier de l'UE et la contribution des Etats-Unis, la France n'a cessé de plaider la cause de la force conjointe. Emmanuel Macron qui était ces derniers temps en contact régulier avec les autorités saoudiennes a sollicité par la même occasion l'appui du Royaume en faveur de la force conjointe. Avec succès si l'on tient compte de cette décision des autorités saoudiennes qui vont par là renforcer leur influence dans la sous-région, un joli coup diplomatique dans leur volonté de contenir les ambitions qataries et même iraniennes pour le Sahel et l'ensemble de la région, même si cela ne change rien dans le jeu géopolitique actuel avec le positionnement déjà affichée par ces pays dans la crise dite du Golfe.

Pour la France, c'est en plus d'être un succès diplomatique, l'occasion de pousser un ouf de soulagement ! Le coût de l'opération Barkhane, de plus en plus contestée par les opinions locales, commencent à peser lourd sur le budget de l'Etat alors que le conflit au Mali mais aussi les menaces sécuritaires s'amplifient, augurant d'une guerre qui risque encore de s'enliser pour longtemps.

Les fonds commencent donc à « pleuvoir » pour la force conjointe du G5 Sahel après plusieurs mois d'atermoiements qui ont un temps menacé l'existence ou la viabilité de l'organisation. Le 11 décembre prochain, les ministres des affaires étrangères et de la défense de l'organisation sahélienne ainsi que leurs homologues de l'UE se réuniront à Bruxelles afin de peaufiner les derniers réglages de la conférence des donateurs et bailleurs internationaux prévue le 14 décembre, le rendez-vous décisif qui va déterminer l'avenir de l'organisation et de sa force militaire.

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