Gambie : le dernier baroud d’honneur de Jammeh

L’ultime médiation régionale dans la crise gambienne a finalement été la bonne. Le président sortant gambien a finalement décidé, tard dans la soirée de vendredi, de céder le pouvoir à son successeur Adama Barrow. L’homme fort de Banjul n’entend toutefois pas sortir par la petite porte en posant certaines conditions qui retardent encore la signature de l’acte final. Cela devrait officialiser le clap de fin pour ses deux décennies de règne à la tête du pays.

Sortir la tête haute et par la grande porte ! C'est l'ultime tentative du président sortant de la Gambie qui a enfin cédé à la pression internationale notamment celle de la CEDEAO qui était prête à passer l'offensive militaire pour le déloger de la State House.

C'est pourtant la médiation de la dernière chance, menée toute la journée du vendredi, qui a permis de parvenir à cette sortie de crise somme toute heureuse au vue des conséquences prévisibles pour le pays, de l'échec des négociations conduits par le président de la Mauritanie, Aziz et son homologue guinéen, Alpha Condé. Ce dernier a d'ailleurs passé la nuit du vendredi au samedi à Banjul afin de finaliser l'acte de reddition de Jammeh qui a officialiser sa capitulation quelques heures plutôt dans une allocution à la télévision publique gambienne. « Je crois à l'importance du dialogue et je crois en la capacité des africains à résoudre eux même les défis de la démocratie.  Et c'est pourquoi j'ai  aujourd'hui décidé en toute conscience de quitter présidence de notre grande nation » a affirmé Yahya Jammeh qui a justifié sa décision par « sa volonté de préserver la vie de ses concitoyens ».

« J'ai une immense gratitude pour tous les Gambiens qui m'ont soutenu pendant 22 ans pour construire une Gambie moderne (...) Je refuse qu'une seule goutte de sang soit versée. (...) Je me soumets uniquement au jugement de Dieu le tout puissant et je vous remercie tous et que dieu continue de bénir notre patrie".

Conditions d'exil en négociation

Fidèle jusqu'au bout à lui-même, Yahya Jammeh a tenu à faire savoir que sa décision de quitter le pouvoir a été personnelle et n'a pas été « dictée par quoi que ce soit d'autre que l'intérêt suprême du peuple gambien et de notre cher pays ».

L'accord de principe obtenu par la médiation régionale sonne donc le clap de fin pour Jammeh qui continue encore à souffler le chaud et le froid pour négocier les conditions de son départ. L'une de ses dernières décisions a d'ailleurs été la dissolution du gouvernement, un cabinet déjà fragilisé par plusieurs défections. La gestion des affaires courantes a été désormais transférée à la présidence, une manière pour le chef d'Etat sortant de montrer qu'il reste encore à la manœuvre à Banjul. C'est aussi ce qui explique son envie d'introniser lui-même Adama Barrow à travers une passation de service en bonne et due forme alors que le nouveau président élu à déjà prêté serment, jeudi dernier, dans l'enceinte de l'ambassade gambienne à Dakar.

Un épisode assez rocambolesque il est vrai et qu'il va falloir certainement corriger.

Les derniers détails de la sortie de crise sont donc en train d'être finaliser. Il reste à définir le lieu d'exil de Yahya Jammeh qui fort heureusement à l'embarras du choix puisque plusieurs pays ont proposé de l'accueillir. Les conditions de son départ devraient être également contenues dans l'accord officiel et à ce niveau, il va sans dire que l'ancien lieutenant va chercher à assurer ses arrières en négociant une amnistie pour lui et pour ses proches. Des conditions qui lui seront facile à obtenir même si la CEDEAO s'est montré catégorique à lui refuser le droit de rester en Gambie, dans son village natal de Kanilai.

Les prochaines élections dans la ligne de mire de Jammeh

En plus de l'amnistie qu'il veut négocier, Yahya Jammeh veut aussi que lui soit accordé le droit de se préparer et de se présenter aux prochaines élections. Ce qui est fort improbable car l'une des contreparties que cherchent d'ailleurs à imposer les négociateurs, c'est qu'il accepte de ne plus jamais interférer sur la scène politique du pays une fois son départ acté.

La finalisation de l'accord de sortie de crise est attendue dans cette journée de samedi et en attendant, Adama Barrow s'apprête à regagner le pays pour assumer ses nouvelles responsabilités. Ce samedi matin, il était toujours dans la capitale sénégalaise où il a rencontré la diaspora gambienne à qui il a demandé de « rentrer au pays » promettant que tout sera bientôt rentré dans l'endroit.

Un appel qui risque cependant de ne pas être entendu par les gambiens de l'extérieur et ceux qui ont fuit le pays, tant que Jammeh continuera à souffler le chaud et le froid à Banjul.

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Commentaires 5
à écrit le 22/01/2017 à 7:13
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SI L'AFRIQUE VA TOUJOURS PROTÈGER SES TUEURS ,PILLEURS ,...ON NE PARLERA PAS DE LA VRAIE DEMOCRATIE ,DU DEVELOPPEMENT AVANT 1OO ANS ET LES PROCHAINS DIRIGEANTS SE COMPORTERONT TOUJOURS DE LA SORTE. TUER ,VIOLER,VOLER ,POUR UN PRÉSIDENT AFRICAIN,N'...

à écrit le 21/01/2017 à 23:07
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C'est mérité de rendre un hommage appuyé à nos leaders politiques qui ont sus sagement utiliser l'arbre à palabres. La leçon qu'on tire de cette rocambolesque affaire gambienne, est que certains de nos dirigeants africains, tout comme le président J...

à écrit le 21/01/2017 à 21:06
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Que la paix et la quiétude y reviennent pour tjrs

à écrit le 21/01/2017 à 20:46
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Je remercie le président Guinéens et son homologue Mauritanien de leur sagesse face à la négociation. LAfrique doit être capable de résoudre à ces problèmes Sans Passer par la violence.

à écrit le 21/01/2017 à 17:22
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Ça c'est une grande décision de sa part Et si tout le monde peut le faire comme ça L'Afrique serait au point

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