Le Rwanda mise sur le patriotisme économique des consommateurs

Ce mercredi s'est ouvert à Kigali le salon ''Made in Rwanda'', un événement dont le but est de promouvoir les produits locaux et de stimuler ainsi l'industrie du pays à travers une plus grande consommation "patriote". Pour ce faire, le gouvernement avait déjà augmenté les taxes sur les produits importés. Une politique protectionniste qui n'est pas du goût de tout le monde. On estime que l'Etat entrave la concurrence dans le pays.
Une moto "made in Rwanda" exposée lors du salon qui se tient à Kigali.

Le Rwanda compte énormément sur le potentiel de son secteur industriel. Ce mercredi 29 novembre 2017, s'est ouvert dans la capitale Kigali, un salon dénommé ''Made in Rwanda'', dont l'objectif est promouvoir son industrie et les produits locaux. Pour les autorités du pays, il s'agit d'une nécessité pour conquérir le marché intérieur, relancer les exportations et réduire le déficit commercial du pays. D'après le ministère rwandais du commerce, en 2016, le Rwanda a dépensé presque deux milliards de dollars sur les produits importés (une augmentation de 439,39 millions de dollars par rapport à 2015), tandis que les exportations n'ont représenté que 621 millions de dollars.

D'après les analyses proches du gouvernement, fabriquer et consommer rwandais est une manière de révolutionner l'économie du pays. Cette reconquête du marché intérieur par les productions locales a poussé le pays à adopter une nouvelle politique commerciale laquelle implique l'augmentation des taxes sur les vêtements usagés ainsi que des produits en cuir pour décourager les importations, tout en allouant des financements sous formes de crédits à des coopératives locale en vue de se lancer dans l'industrie textile. Une décision conforme à la résolution adoptée par tous les pays membres de la Communauté Est Africaine (CEA) et qui est nécessaire selon certains observateurs.

« La réalité est que pour avoir une industrie locale, que ce soit dans le secteur textile ou agroalimentaire, il faut des mécanismes de promotion », explique l'économiste Ted Kaberuka. « Si nous laissons entrer tous les produits, alors cela décourage l'investissement dans le secteur », a-t-il indiqué.

Malheureusement, la politique dite protectionniste du Rwanda n'est pas sans impact négatif sur l'économie. Le marché local souffre déjà d'une carence de produits de première nécessité, importés pour la plupart. Aussi, certains produits fabriqués au Rwanda demeurent plus chers par rapport à ceux qui sont importés, en grande partie à cause du coût de l'énergie qui est en hausse comparativement aux pays voisins. Une réalité qui déplaît aux Rwandais.

Des dispositions supplémentaires à prendre

La promotion de l'industrie rwandaise est un défi pour le pays. Mais même si on estime que depuis son lancement en novembre 2015, la politique protectionniste a permis d'avoir beaucoup de succès dans l'augmentation de la quantité et l'amélioration la qualité de ces produits fabriqués dans le pays, on sait qu'il faut prendre des dispositions supplémentaires pour éviter la carence de certains produits importants.

« Avant de limiter l'importation de certains produits, serait tout d'abord judicieux pour le pays de s'assurer que la production actuelle des industries locales peut satisfaire la demande nationale », a indiqué Alphonse Munyengango, un expert économiste enseignant dans une université privée basée à Kigali.

Selon lui, il est nécessaire d'assurer une meilleure couverture commerciale des produits délivrés par les industries textiles locales si on veut vraiment promouvoir la production manufacturée locale. Il faut signaler par ailleurs, que cette décision de Kigali d'augmenter les taxes sur les produits importés n'est pas bien vue par les Etats-Unis qui accusent le pays de pratiques anticoncurrentielles. Une accusation que rejette Vincent Munyeshyaka, le ministre rwandais du commerce et de l'industrie. Le Rwanda n'a « pas bloqué la concurrence. Il y a eu une hausse sur les taxes pour valoriser nos industries et ainsi permettre aux Rwandais d'avoir du textile de qualité », a indiqué le ministre.

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