Madagascar : une investiture sous le signe de la réconciliation

C'est officiel, Andry Rajoelina est de nouveau président de la grande île depuis hier matin. L'investiture s'est tenue sous une chaleur accablante, au stade Mahamasina de Tananarive, en présence de quatre anciens présidents malagasy, dont l'adversaire historique, Marc Ravalomanana. L'occasion pour « Andry-TGV » d'en appeler à l'unité nationale pour atteindre « l'émergence de Madagascar »...
(Crédits : DR)

C'est un retour en force pour Rajoelina entouré par de nombreuses personnalités internationales à l'occasion de son investiture, dont les présidents de Guinée, Alpha Condé, du Ghana, Nana Akufo-Addo, de Namibie et de la SADC, Hage Geingob, de la Zambie, Edgar Lungu, de l'Union des Comores, Azali Assoumani, des vice-présidents des Seychelles, Vincent Meriton et de Côte d'Ivoire, Daniel Kablan Duncan, mais aussi des anciens présidents français, Nicolas Sarkozy, et mozambicains Joaquim Chissano, actuellement à la tête de l'Union africaine (UA), de Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'UA, ou encore des ministres chinois, russes ou rwandais...

Vendredi soir, à la veille de la cérémonie d'investiture, c'était l'effervescence dans le hall de l'hôtel Carlton de Tananarive où les personnalités se sont succédée, tout au long de la journée, sous les regards des curieux. Un dîner avait réuni Alpha Condé, Nicolas Sarkozy -entre autres invités VIP- autour d'Andry Rajoelina, au dernier étage du palace. Pour rappel, Nicolas Sarkozy avait été l'un des seuls chefs d'Etat à recevoir Andry Rajoelina alors président de la Transition en 2009. L'ancien président devenu administrateur d'AccorHotel a pu profiter de cette occasion pour promouvoir l'entreprise qui dispose de plus de 5.000 hôtels à travers le monde et dont la capitale malgache devrait bientôt s'enorgueillir d'un nouvel hôtel du groupe. Du reste, les projets de villes nouvelles de Rajoelina et l'ambition de faire de Madagascar une destination-phare pour touristes fortunés, laissent augurer de belles perspectives commerciales pour le groupe. Au-delà de la présence remarquée de Nicolas Sarkozy, c'est néanmoins Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères qui représentait officiellement Emmanuel Macron à Tananarive.

Exit la défiance de la communauté internationale qui a accordé l'onction tant attendue au nouveau Chef de l'Etat malagasy.

Le « blanc-seing » de la communauté internationale

« Je suis arrivé à 6 heures du matin et nous avons attendu 2 heures avant de pouvoir rentrer dans le stade. La foule était déjà devant les portes depuis longtemps quand on est arrivé » explique Rolf, 19 ans qui a voté pour la première fois cette année. « J'ai voté Rajoelina parce qu'il est jeune et qu'il a des projets concrets et réalistes. Je pense qu'il peut changer Madagascar » déclare-t-il, assumant son choix tout sourire, un drapeau dans une main, l'ombrelle aux couleurs nationales dans l'autre. C'est jour de fête à Tananarive et l'étudiant en économie, accompagné de quelques amis, s'est mêlé à une foule de quelques 40.000 spectateurs, promettant de fêter l'événement jusqu'à la nuit tombée...

La cérémonie qui commença peu après 10 heures, affichait une impressionnante liste d'invités: « C'est la première fois qu'autant de Chefs d'Etat et de personnalités internationales assistent à l'investiture » s'est félicité le président. En effet, ce sont 35 délégations étrangères et institutions internationales qui se sont déplacées à Tananarive pour saluer cette alternance validée par les observateurs internationaux. Andry Rajoelina a d'ailleurs souligné « la droiture et la neutralité de la HCC ».

Aux côtés des personnalités institutionnelles et politiques, les partenaires privés étaient également venus en nombre : Mamy Ravatomanga, PDG de Sodiat, Hassanein Hiridjee, PDG du groupe Axian ou encore Naina Andriantsitohaina, PDG du conseil d'administration de la Banque malgache de l'Océan indien (BMOI).

Pour l'occasion, le stade avait fait l'objet d'un léger rafraîchissement afin d'accueillir l'événement. Drapeaux et parapluies tricolores étaient distribués à l'entrée du stade où près de 2.000 membres des forces de sécurité avaient été réquisitionnées pour garantir le bon déroulement de la cérémonie, sous une chaleur suffocante.

A 11h30, Andry Rajoelina entrait officiellement en fonction. Après un discours prononcé alternativement en langues malagasy puis française, le défilé militaire haut en couleurs, a réjoui un public déjà conquis. De nouveaux véhicules blindés tout juste arrivés sur l'île, ont paradé, cernés par les forces spéciales en pleine démonstration, pour ponctuer cette cérémonie, sous les applaudissements de la foule. Enfin, alors qu'un déjeuner était organisé au palais d'Iavoloha, rassemblant 2.200 invités triés sur le volet, la fête a continué dans le stade au rythme de la musique, jusqu'à l'arrivée de pluies torrentielles en fin d'après-midi...

Andry Rajeolina demande aux Malagasy de se mobiliser

Au-delà de la forme, c'est bien sur le fond, que cette journée s'est singularisée comme en témoignent la présence de 4 anciens chefs de l'Etat malgaches : Didier Ratsiraka, Norbert Ratsirahonana, le président sortant « Hery » et Marc Ravalomanana. Le chef de file du TIM a rassuré, par sa présence. Celui qui contestait hier, les résultats de la Ceni a finalement accepté la voix des urnes. C'est vêtu d'une chemise chamarrée dans les tons bruns clairs, lunettes fixées sur le nez, qu'il a pris place sur l'estrade, assis auprès des ex-présidents malagasy et de sa femme, actuellement maire de la capitale. La poignée de mains entre les deux hommes a été particulièrement applaudie par les spectateurs et Rajoelina de rappeler : « Vous êtes tous mes enfants », insistant sur l'unité et le rassemblement national.

« Les Malagasy ont gagné en maturité et ils n'ont pas seulement choisi un président jeune mais aussi une vision et des projets structurants » a t-il déclaré. « On m'appelle Andry TGV, mais si seul je marche vite, ensemble nous irons loin » a-t-il expliqué, insistant sur la nécessaire adhésion de la population dans la réussite de son programme. « Je connais l'ampleur des défis (...) je m'engage à améliorer la vie de chaque Malagasy» a-t-il poursuivi avant de revenir sur les grandes lignes de son programme.

Il faudra désormais à Andry Rajoelina, transformer l'essai en appliquant son vaste programme de restructuration nationale. Entre industrialisation, lutte contre la corruption, renforcement de la sécurité, développement des énergies, exploitation des ressources naturelles, le président devra redoubler d'efforts pour sortir durablement Madagascar de la situation d'extrême pauvreté dans laquelle le pays est englué depuis des décennies. Il promet d'agir et vite, avec le concours de chaque Malagasy mais aussi des partenaires internationaux.

Dans l'après-midi, le gouvernement de Christian Ntsay a présenté sa démission, les ministres assureront la gestion des affaires courantes jusqu'à l'annonce d'une nouvelle équipe, qui devrait être annoncée en milieu de semaine. L'ancien président de la Transition devra donc prendre ses fonctions avec un gouvernement provisoire, jusqu'à la tenue des élections législatives dont la date n'a pour l'heure, pas été fixée mais qui devraient se tenir au printemps prochain.

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