Trêve sociale au Tchad, Déby souffle « enfin »

Après plusieurs semaines de négociations, le gouvernement tchadien et ses partenaires sociaux ont pu parvenir à un accord qui devrait prolonger la trêve sociale dans le pays. Les syndicats se sont montrés un peu plus compréhensifs de la situation des finances publiques qui reste critique et les autorités ont promis de revoir certains textes, notamment la révision de la loi sur les grèves. En attendant la suite du dialogue social, cet accord desserre la pression sur le régime de Déby qui s’échine à trouver une solution de sortie de crise pour faire face aux défis sociaux et surtout à l’austérité imposée aux fonctionnaires.

C'est comme l'a dit le premier ministre tchadien Albert Pahimi Padacké, « un pas supplémentaire vers cette trêve sociale que nous appelons de tous nos vœux et qui constitue pour le pouvoir public une des préoccupations centrales ». La signature, samedi dernier, d'un accord entre le gouvernement et les partenaires sociaux est un véritable ouf de soulagement pour le régime de N'Djamena surtout après l'expiration, il y a quelques jours, de l'ultimatum des principales centrales syndicales du pays pour la satisfaction de leurs principales doléances. En lieu et place des mouvements de grèves attendus à la fin de l'ultimatum, c'est plutôt la trêve qui a été prolongée avec l'accord qui a été trouvé entre les deux parties sous l'égide de la Commission nationale de dialogue sociale.

Aux termes de cet accord, la plate-forme qui regroupe les principaux syndicats du pays a décidé de maintenir sa décision de suspendre ses préavis de grève afin de permettre au comité technique dédié à cet effet, de poursuivre les négociations afin de proposer des pistes de solution sur la base des revendications des syndicats mais aussi de la marge de manœuvre budgétaire du gouvernement. De son coté, le gouvernement a pour le moment temporisé sa volonté de réviser certains textes notamment la loi sur les grèves, qui prévoyait un durcissement des sanctions à l'égard des grévistes.

Dans la résolution ayant servi de base à l'accord entre gouvernement et syndicats, il est souligné que « tout en admettant le bien-fondé des démarches du gouvernement tendant à faire une adéquation entre les recettes et les dépenses dans un contexte de crise aiguë, le comité technique estime qu'il est également important de préserver les acquis des travailleurs ».

Prolongation de l'Etat de grâce

Selon le premier ministre tchadien, cet accord « ouvre de nouvelles perspectives de discussions entre le gouvernement et les partenaires sociaux ». Albert Pahimi Padacké n'a pas manqué d'appeler les deux parties à poursuivre les efforts afin que des propositions concrètes soient formulées par le comité et qu'au final, soit conclu, un véritable pacte social. « Nous devons nous imposer un nouveau paradigme dans la manière de concevoir et de conduire nos rapports », a ajouté le chef du gouvernement tchadien qui a pris fonction en pleine amplification des tensions sociales qui se sont greffées à la grave crise économique que traverse encore le pays.

L'état de grâce va donc se prolonger, mais jusqu'à quand ? Pour l'heure aucune visibilité. Surtout que les marges de manœuvres budgétaires sont encore dans un état critique et les mesures d'austérité drastiques qui ont été adoptées l'année dernière par le gouvernement pour stabiliser la situation, n'ont pas encore eu d'impacts sur l'amélioration des recettes publiques. Il est vrai qu'il est très tôt pour en mesurer l'impact, mais la situation n'est pas encore propice à la l'allègement du taux de réduction des indemnités que les syndicats revendiquaient au gouvernement comme preuve de sa bonne foi. « Le comité technique va s'employer à examiner la situation financière et appréciera l'évolution des recettes afin d'envisager de soumettre au gouvernement la révision à la baisse du taux de réduction des indemnités s'il y a une amélioration substantielle des recettes consacrée par un équilibre budgétaire positif», explique-t-on au niveau du comité à qui incombe désormais la charge d'entretenir le dialogue social.

En en croire le premier ministre tchadien, la situation du pays reste toujours tendue même s'il s'est voulu rassurant devant les partenaires sociaux, samedi dernier, à l'occasion de la cérémonie de signature de l'accord. Selon les propos de Pahimi Padacké, le chef de l'Etat tchadien a insisté sur la voie du dialogue, « de privilégier toujours la voie de la concertation, notamment dans cette phase éprouvante de la vie de la nation qui requiert plus que jamais la cohésion, la solidarité et le patriotisme ». Autant dire, qu'il va falloir se serrer encore la ceinture, surtout que les perspectives de croissance du pays restent encore pleines d'incertitudes en dépit de quelques résultats positifs enregistrés ces derniers mois grâce à une profonde cure d'austérité que s'est imposé le gouvernement tchadien.

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