RDC/Mines : la fusion Randgold-Barrick suspendue à l'aval de Kinshasa

Barrick a accepté d'acquérir des parts de la compagnie minière Randgold implantée au Congo. Mais pour être valide, la fusion requiert l'aval du gouvernement de la RDC, selon le ministre congolais des Mines, Martin Kabwelulu. Le recadrage de la compagnie minière américaine par les autorités de Kinshasa témoigne du climat de défiance qui prévaut entre ces derniers et les majors miniers du pays.
Cette transaction devrait faire de Barrick propriétaire à hauteur de 45% de la mine de Kibali au Congo.
Cette transaction devrait faire de Barrick propriétaire à hauteur de 45% de la mine de Kibali au Congo. (Crédits : Reuters)

Dans le cadre d'une fusion visant à créer la plus grande société aurifère au monde, avec une valorisation boursière de 18,3 milliards de dollars, la société canadienne Barrick est sur le point d'acquérir des parts de la compagnie minière Randgold implantée au Congo. La transaction devrait faire de Barrick propriétaire de la mine de Kibali détenue actuellement à hauteur de 45% par Randgold. Mais le deal est loin d'être complètement ficelé, sachant que le ministère des mines du pays est monté au créneau pour rappeler à la société l'obligation de faire valider la transaction par ses services.

Le visa officiel requis

Le 24 septembre, la compagnie Barrick a annoncé des négociations en vue d'une fusion avec Randgold. L'ensemble sera valorisé à hauteur de 18,3 milliards de dollars dont les deux tiers seront apportés par Barrick. A la suite de cette annonce, le ministre congolais des Mines, Martin Kabwelulu, a déclaré ce samedi 29 septembre que le changement d'actionnaire devrait être approuvé en amont par le gouvernement conformément au nouveau code minier du Congo. Cette prise de position de Kabwelulu intervient après la sortie de Sokimo, le mineur représentant l'Etat congolais et détenteur de 10% du capital de la mine. Ce dernier a annoncé sa volonté de faire valoir ses droits sur cette nouvelle transaction.

D'après Sokimo, la transaction montre cette volonté des sociétés étrangères « de s'imposer sans discussions préalables, dans les pays d'où sont extraites les ressources qui font leur richesse ».

La réponse de Randgold ne s'est pas fait attendre. La compagnie a précisé que juridiquement, la prise de contrôle n'introduira pas de nouveaux partenaires dans le projet Kibali, contrairement aux déclarations de Sokimo. « L'accord de joint-venture et la documentation associée ne contiennent aucune disposition donnant à Sokimo des droits résultant de la fusion proposée», a déclaré Randgold à Reuters.

Des relations tumultueuses avec les autorités congolaises

Randgold -bien implanté en RDC et en brouille avec les autorités congolaises à cause du nouveau code minier qui augmente les taxes et annule les exemptions- a déclaré avoir consulté Sokimo, le ministre des Mines et d'autres parties. Les compagnies minières du pays doivent ainsi se conformer au nouveau code minier. Au terme de moult discussions entre le gouvernement congolais et les patrons de grandes entreprises minières, le nouveau code minier a été adopté sans les modifications demandées. «Le Code minier sera promulgué et appliqué tel quel», a déclaré à la presse le 10 mai dernier le ministre des mines Martin Kabwelulu. Les opérateurs miniers s'opposent en effet à certaines dispositions de cette nouvelle législation, estimant qu'elles risquent de les étouffer. Ils s'inquiètent notamment de la hausse de la redevance minière de 2 à 8%, de la réduction de certains avantages douaniers et de la suppression de la clause de stabilité de 10 ans.

« Adopté au Parlement depuis janvier et transmis au Chef de l'Etat pour promulgation le 27 du même mois, le nouveau code minier offre un marché gagnant-gagnant entre les opérateurs miniers et la République Démocratique du Congo, d'après plusieurs organisations de la société civile », s'est défendu le ministère des mines du pays dans un communiqué en mai dernier.

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