Retour prochain de Moïse Katumbi en RDC

A l'occasion d'une conférence de presse qui s'est tenue mardi dernier dans ses bureaux du 8ème arrondissement de Paris, Maître Eric Dupont-Moretti a annoncé qu' « aucune affaire n'empêche aujourd'hui Moïse Katumbi de rentrer en République Démocratique du Congo » pour présenter sa candidature aux élections présidentielles du 23 décembre prochain...
(Crédits : Reuters)

« Monsieur Kabila s'accroche au pouvoir tandis que les prisonniers politiques sont toujours emprisonnés, les poursuites judiciaires injustifiées se multiplient et les exilés sont toujours menacés (...) quant aux libertés fondamentales, l'insécurité est grandissante et les violations des droits humains sont en hausse constante » a déclaré Olivier Kamitatu, le directeur de cabinet de Moïse Katumbi, en préambule à la déclaration de Maître Dupont-Moretti, posant ainsi le cadre d'un climat pré-électoral jugé délétère, avant de laisser au ténor du barreau de Paris, le soin de défendre son client.

Eric Dupont Moretti a déclaré, qu'en dépit des « manœuvres » orchestrées depuis le Congo pour écarter Moïse Katumbi du pouvoir, rien ne s'opposait plus à son retour en RDC. « On est allé très loin pour écarter Moise Katumbi de l'élection présidentielle - mais - ce sont des obstacles en carton qui ont tous été franchis » a-t-il lancé.

Moïse Katumbi qui réside actuellement en Belgique, devrait rentrer en République Démocratique du Congo d'un jour à l'autre et le temps presse... En effet, il devra déposer sa candidature aux élections présidentielles le 8 août au plus tard.

Il n'y a pas « d'affaires » selon Me Dupont Moretti

L'affaire des mercenaires repoussée et le dossier de la présumée spoliation immobilière de la famille Stoupis à Lubumbashi, renvoyé en appel, les troubles semblent se dissiper autour de Moîse Katumbi. « Le 27 juin dernier, la Cour Suprême a suspendu cette mascarade en raison de trop nombreuses irrégularités. Il n'y a plus à cet instant, d'affaire dite de mercenaires » a annoncé Maître Dupont-Moretti.

Dupont-Moretti

Il a rappelé les circonstances extravagantes de cette affaire au cours de laquelle « l'une des juges s'était réfugiée à Paris, protégée par la Ligue Internationale des Droits de l'Homme » pour rapporter « courageusement » son témoignage à un huissier de justice. Elle s'était finalement « retrouvée une arme braquée sur la tempe ». L'avocat a précisé qu'avec l'appel suspensif, « cette affaire n'existe plus et n'a d'ailleurs jamais existé ». Opérations montées de toutes pièces ou coups fourrés des plus improbables selon Me Dupont-Moretti, « l'Etat est allé très loin pour écarter mon client du pouvoir ».

Par ailleurs, l'avocat a expliqué que le régime de Kabila aurait « sous le regard de la presse et de la communauté internationale - considéré - que ces deux affaires complètement bidons n'étaient pas suffisantes » et aurait inventé une troisième polémique autour de la nationalité. « Le pouvoir a tellement peur qu'il se présente à l'élection qu'il lui a « infligé » une nationalité italienne à laquelle personne ne s'attendait » a t-il poursuivit.

Moïse Katumbi n'a jamais été italien

L'autre dossier brûlant sur lequel s'est penché l'avocat parisien concerne en effet, la supposée nationalité italienne de Moïse Katumbi, entre 2000 et 2017. Le nom de Moïse Katumbi figure sur un document largement relayé sur les réseaux sociaux, dans le registre d'Etat civil de la ville italienne de San Vito dei Normanni. Or, selon la loi en vigueur en République Démocratique du Congo, un candidat à l'élection présidentielle ne peut être titulaire de deux nationalités...

« Toute ambigüité sur la nationalité est aujourd'hui levée » a annoncé Eric Dupont-Moretti, preuve en main et mise à disposition des journalistes (NDR : une lettre de San Vito dei Normanni). « Il est congolais malgré les informations postées sur Internet, dont un faux document qui a particulièrement semé le trouble (...) Nous avons adressé une lettre à la commune de San Vito dei Normanni le 9 juin 2018 et nous avons reçu une réponse le 17 juillet 2018 portant le sceau du procureur de la République de Milan ». La lettre enlève tout soupçon de double nationalité italo-congolaise. En effet, la missive précise que l'administration italienne ne peut « fournir aucune information quant à la nationalité de Monsieur Moise Katumbi Chapwe, en ce que celui-ci n'est pas inscrit (et ne l'a jamais été) au registre de l'Etat Civile et/ou au Registre de la population des citoyens italiens de la ville de San Vito dei Normanni. Pour les mêmes raisons, il n'est pas possible non plus de fournir des informations quant à la nationalité de Monsieur Moise Katumbi d'Agnano... »

Maître Dupont-Moretti envisage un dépôt de plainte pour faux : « les services de l'Etat utilisent un faux pour écarter Moise Katumbi en faisant comme s'il sortait d'une commune italienne, c'est une infraction pénale préjudiciable à Moise Katumbi et à la commune en question (...)  A qui profite le crime ? Quel aurait été l'intérêt du maire de San Vito dei Normanni ? » a interrogé Eric Dupont-Moretti.

Katumbi attendu en RDC d'ici quelques jours

« On a agressé un juge, on en a menacé d'autres (...) le pouvoir n'a pas envie de voir Moise Katumbi rentrer en République Démocratique du Congo » d'après Maître Dupont-Moretti qui assure pourtant, que rien ne s'oppose aujourd'hui au retour de son client en RDC, « à moins qu'on ne lui découvre une nationalité chinoise ou américaine » a t-il ironisé.

L'ancien gouverneur de la province du Katanga, devrait faire une demande de passeport biométrique incessamment sous peu. « J'espère qu'on lui accordera » a souligné Olivier Kamitatu, qui n'a pas manqué de dénoncer les « massacres, les fosses communes, les kidnappings » d'un « régime malfaisant » avant de conclure : « le droit et la population sont de notre côté (...) Moïse Katumbi sera en mesure de rentrer pour déposer sa candidature avant le 8 août prochain ».

De son côté, Eric Dupont-Moretti a rappelé les directives des Nations unies du 13 juin 2017, qui demandent à l'Etat congolais de « prendre toute mesure pour garantir le droit à la liberté et à la sécurité (...) tout en le protégeant contre toute forme d'arrestation arbitraire ».

Cependant, en dépit des dernières déclarations de Maître Dupont-Moretti, le ministre de la Justice congolais a prévenu Moïse Katumbi « qu'il devrait se présenter devant un juge » lorsqu'il rentrerait au Congo, afin de répondre aux affaires qui l'entourent... Si l'avocat considère qu'« on peut tout imaginer avec ce régime», une arrestation en l'état actuel des choses s'apparenterait à une « séquestration».

Avec les retours annoncés de Jean-Pierre Bemba et de Moïse Katumbi en République Démocratique du Congo, la bataille électorale devrait encore monter d'un cran.

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