Centrafrique : clap de fin pour Sangaris

Débarqués en sauveurs, les 2.500 hommes de l'opération Sangaris plient bagage sans avoir pu remettre le système politique centrafricain sur les rails. Ce sont les 12.000 casques bleues de la Minusca qui seront dorénavant garant de la précaire stabilité d'un pays coupé en deux.
Amine Ater
Accueillis comme des sauveurs, les 2.500 hommes de la mission Sangaris n'auront pas réussi à stabiliser le pays faute d'initiative politique et de soutien international.

Annoncée en grande pompe en décembre 2013, l'opération «Sangaris» en Centrafrique s'achève dans l'indifférence. Cette mission d'interposition qui comptait près de 2.500 militaires français constituait une force de réaction rapide pour la mission onusienne (Minusca). Une opération qui a coûté en trois ans un peu plus de 500 millions d'euros au contribuable français. A partir de demain 1er novembre, seuls 350 hommes demeureront à Bangui pour apporter un soutien tactique aux éléments de la Minusca qui connaissent des difficultés sur le terrain.

Vendue à l'opinion publique française comme une opération de 4 à 6 mois, Sangaris est loin d'avoir atteint ses objectifs, à savoir pacifier la Centrafrique. Loin de calmer les esprits, la présence militaire française à déclencher une spirale de violence entre combattants de l'ex-Séléka chassés du pouvoir après l'avoir pris par la force et les milices d'autodéfense anti-balaka. La situation en Centrafrique n'a pu être stabilisée qu'après quelques mois et des vagues de massacres intercommunautaire, qui ont parfois eu lieu sous le regard impuissant des forces françaises.

Un pays coupé en deux

Cette opération a également mis à mal la doctrine française du «frapper et transférer» (en passant le flambeau à l'Onu). En effet, la mise en place de la Minusca et le déploiement de ces 12.000 hommes a connu des retards conséquents. Une situation aggravée par la faillite du processus politique centrafricain. S'y ajoute, les accusation d'agressions sexuelles contre des enfants à l'égards de soldats français et de casques bleus.

La Minusca hérite donc d'un pays coupé en deux, l'Est du pays étant contrôlé par les ex-Séléka et l'Ouest par les anti-Balaka. Des milices qui ont réussis à conserver leur arsenal et qui ont adopté un profil bas. Il n'empêche que le départ du gros des effectifs de Sangaris et la mauvaise coordination au sein de la Minusca (certains contingent ne se référent qu'à leur pays au lieu du commandement unifié sur place) pourrait encourager les belligérants à reprendre les combats

Amine Ater

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