Tanzanie : rebondissement dans le bras de fer entre le gouvernement et Airtel

Le bras-de-fer entre le gouvernement tanzanien et la filiale de l’opérateur indien Airtel entre dans une nouvelle phase. A la suite des investigations qu’elles ont mené, les autorités confirment que près de 60% des actions détenues par Airtel Tanzanie dans le tour de table du deuxième opérateur du pays, l’ont été illégalement. De quoi relancer ce contentieux vieux de plusieurs années mais qui a été récemment remis à l’ordre du jour par le gouvernement.
(Crédits : Reuters)

Le gouvernement tanzanien ne cède pas ! Il y a eu bel et bien escroquerie dans le processus de rachat des actions du second opérateur du pays par la filiale locale du groupe indien Bharti Airtel. C'est ce que vient de confirmer le ministre tanzanien des finances, Philip Mango, qui a confié à Bloomberg que Bharti Airtel a illégalement acquis les 60% de part d'Airtel Tanzanie. Le ministre s'est appuyé sur les investigations menées par les autorités en charge de la régulation du secteur ainsi que la justice sur le processus du fameux rachat par l'opérateur indien des actions du second opérateur du marché. «Ce que nous avons constaté est  très horrible. Notre pays a été escroqué et beaucoup d'argent a été perdu», a déclaré le ministre Mango confortant ainsi l'annonce faite, en fin d'année dernière, par le président John Magufuli qui a avancé que la procédure ayant conduit à cette prise de participation « était entaché d'irrégularités».

Un vieux contentieux qui refait surface

Le contentieux en question remonte à 2001 à la suite de la privatisation par l'Etat de l'opérateur national Tanzania Telecommunications Corp (TTC) dont 35% du capital ont été acquis par Celtel International qui s'est associé à Detecon. A la suite de plusieurs changements dans le tour de table, un nouvel opérateur a vu le jour entre l'Etat avec 65% et le consortium Celtel et Detecon avant que ces derniers ne se portent par la suite acquérir des 25% des parts mis sur le marché par le gouvernement qui avait à l'époque besoin d'argent frais. Jusque-là, tout était fait en accord avec les autorités et en 2007, Celtel cède les 60% qu'elle détient à l'opérateur koweitien Zain qui à son tour les refourgues en 2010 à l'indien Bharti Airtel qui lance ainsi Airtel Tanzanie.

Il a fallut donc l'allocution du président John Magufuli, le 20 décembre dernier dans un message à la télévision nationale, pour que le dossier refasse surface et prenne l'allure d'un véritable bar-de-fer entre les deux parties « Selon les informations dont nous disposons, Airtel est un actif de Tanzania Telecommunications. Un jeu terrible y a été joué. Je ne veux pas en dire plus que ça », a en effet lancé dans son message télévisé le chef d'Etat tanzanien qui a instruit son ministre des finances de mener les enquêtes nécessaires pour faire la lumière sur tout le processus. Les autorités tanzaniennes estiment désormais que la filiale de l'opérateur indien qui a été  à partir d'actifs tirés de la privatisation partielle de la TTC Limited reviennent en fait à l'État.

Lire aussi : Tanzanie : après Acacia Mining, Airtel dans la mire du gouvernement

Jusque-là, Bharti Airtel a nié avoir commis des irrégularités dans le cadre des transactions qui ont conduit au lancement de ses activités  en Tanzanie. L'État détient toujours 40 % des parts de l'opérateur mais avec ce nouveau rebondissement, le contentieux est bien partie pour une nouvelle phase judiciaire d'autant que certains analystes du secteur télécom du  pays n'hésitent pas à mettre en avant certaines interférences politiques et des intérêts inavoués. Airtel Tanzanie serait en train de pays sa réticence à ne pas accéder à la requête du gouvernement qui, en 2016, avait intimé l'ordre aux opérateurs télécoms du pays à placer une partie de leurs actions à la bourse nationale.

Ces derniers temps aussi, le président Magufuli a lancé une véritable cabale tout azimuts contre tous les contrats passés par ses prédécesseurs notamment dans le domaine minier, exigeant des réparations.

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