La descente aux enfers d'Etisalat Nigeria

Le sort du quatrième plus grand opérateur télécoms du Nigéria reste inconnu. Après le départ du PDG de l'entreprise cette semaine, c'est au tour des professionnels d'exclure la possibilité d'une opération de sauvetage. Récit.
Mehdi Lahdidi

La descente aux enfers du quatrième opérateur de télécommunications du pays le plus peuplé d'Afrique se confirme de jour en jour. L'horizon de l'ancienne filiale nigériane du groupe Emirati, Etisalat, est de moins en moins dégagé. Après qu'un consortium de banques ait pris le contrôle de 45 % de l'opérateur suite à son défaut de paiement d'un emprunt de 1,2 milliard de dollars la semaine dernière, son président du conseil d'administration Hakeem Bello-Osagie a été éjecté. Pire encore, ce lundi, l'association des opérateurs de télécommunication sous licence du Nigéria a exclu l'option de sauvetage de l'entreprise.

Ce scénario avait été demandé au gouvernement fédéral par diverses parties prenantes, y compris certains opérateurs-membres de l'association, ainsi que des banques. Mais cette position a été révisée au sein de la fédération professionnelle qui désormais appelle le gouvernement à de meilleures dispositions et à la mise en œuvre de ses politiques pour le développement du secteur. Il est notamment question de donner accès aux opérateurs à plus de devises pour importer du matériel et investir dans la qualité du réseau.

"Too big to fail ?"

Il n'empêche qu'il faudra trouver une formule qui permettra à l'opérateur de survivre à sa crise. Plusieurs experts insistent sur le fait qu'aucun opérateur n'a actuellement la capacité d'absorber les abonnés d'Etisalat, s'il venait à s'effondrer. L'ex-filiale nigériane du groupe Emirati (puisque ce dernier s'est retiré du tour de table en faveur de ses créanciers) occupe la quatrième place sur le marché en termes d'abonnés mobile avec plus d'une vingtaine de millions de clients et environ 12,9 % de parts de marché des télécommunications du pays.

Il est à noter par ailleurs qu'Etisalat n'est pas le seul opérateur en difficulté. De façon générale, le nombre d'abonnés mobile dans le pays le plus peuplé d'Afrique est tombé à 152 millions à fin mars, alors qu'il était évalué à 154 millions un trimestre auparavant.

Le récit d'une descente aux enfers

Etisalat a été en quelque sorte la victime de la crise économique qui sévit au Nigéria. Arrivé tard sur ce grand marché, en 2009, l'opérateur s'est retrouvé dans un marché hautement concurrentiel. Pour se démarquer, il fallait investir et donc emprunter. En 2013, Etisalat a obtenu un emprunt syndiqué de 1,2 milliard de dollars auprès d'un consortium de 13 banques nigérianes, dont Access Bank, Zenith Bank Plc, Guaranty Trust Bank Plc, First Bank Limited, Fidelity Bank Plc, First City Monument Bank, Stanbic IBTC, Ecobank, United Bank for Africa Plc et Union Bank of Nigeria Plc. Le prêt, qui impliquait une garantie à l'étranger, a servi à financer une réhabilitation, une mise à niveau et un élargissement de sa base opérationnelle au Nigéria.

L'opérateur a payé environ la moitié du prêt initial. Il lui reste désormais à payer environ 574 millions de dollars (une partie en dollars et une autre en Naira).  Avec une bonne partie de ces prêts réalisés en dollars, le pays connaissant une des plus grandes pénuries de devises et crise économique, il était devenu excessivement coûteux de rembourser les créanciers. Résultat : le groupe n'arrive pas à respecter ses délais à fin 2016, faisant même craindre à un moment le risque d'une crise systémique, avant que les banques ne provisionnent les montants dus.

Mehdi Lahdidi

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