Internet : les blocages coûtent cher, très cher

Une récente étude sur l'impact économique des blocages d'Internet tire la sonnette d'alarme quant à l'érosion d'une belle proportion du PIB des pays qui recourent à ces pratiques. En Afrique, cette pratique est utilisé de temps à autre par les gouvernements, peut être inconscients du coûts de ces restrictions.
Mehdi Lahdidi

320 millions de dollars pour le Maroc. 72 millions pour le Congo. 20 millions pour l'Algérie. L'impact économique des blocages d'Internet se fait lourd sur les pays africains. C'est le constat établi par le centre de l'innovation technologique de la Brookings institution dans une étude dédiée à l'impact économique des restrictions établies par certains pays sur l'accès à Internet. Dans l'ensemble, ces perturbations ont coûté au niveau mondial un total d'au moins 2,4 milliards de dollars au cours de l'année écoulée.

Les blocages d'un ou des services d'Internet peuvent prendre plusieurs formes avec différents objectifs. En Egypte de 2011 par exemple, les autorités égyptiennes ont cherché à perturber la communications entre les manifestants qui demandaient le départ de l'ex-président Housni Moubarak. Internet y a été fermé entièrement pendant cinq jours. Les dégâts ont été immédiats. L'Organisation pour le développement économique et la coopération (OCDE) a constaté que ces cinq jours de blocage ont coûté à l'Egypte 90 millions de dollars. Autrement dit, si le blocage avait été perduré durant l'année entière, 3 à 4 points du PIB seraient partis en fumée...

Le Congo a également ordonné, en octobre 2015, l'interruption de toutes les télécommunications (appels et Internet). Là aussi l'objectif était politique et sécuritaire. Il était question de réprimer les manifestations provoquées par la tenue du référendum qui a permis à l'actuel président d'être éligible pour un nouveau mandat.

Blocage VoIP

Le Maroc est le pays africain qui a le plus perdu à cause des restrictions sur Internet. Le pays, qui a bloqué le protocole de VoIP sur lequel fonctionnent des applications comme Skype, Viber, Tango, WhatsApp et Facebook Messenger, a perdu 320 millions de dollars. L'explication officielle c'est que « les appels vocaux gratuits Internet ne répondent pas à la passerelle juridique requise ». L'Agence nationale de réglementation des télécommunications a estimé que les applications bloquées exerçaient des pratiques anticoncurrentielles contre les opérateurs du pays. Cela dit, beaucoup d'observateurs estiment que cela n'étaient qu'un prétexte et que ce sont surtout les soucis sécuritaires qui motivent les restrictions.

Rappelons qu'une analyse de la Banque mondiale publiée en 2012 a constaté qu'une augmentation de 10 % dans le haut débit Internet générerait une appréciation de 1,35% du PIB par habitant pour les pays en développement. Il faut dire aussi qu'après 2012, les pays en développement, dont beaucoup sont en Afrique, sont devenus encore plus dépendants de l'Internet, ce qui fait que le pourcentage a certainement augmenté depuis.

Autrement dit, « le blocage de l'accès aux services Internet, même pour une courte durée, porte atteinte à la croissance économique et érode la confiance dans les gouvernements », tranche l'étude.

Mehdi Lahdidi

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