Ghana : les opérateurs surfent sur la vague du m-banking

La pénétration des solutions de mobile banking au Ghana a permit aux habitants de zones enclavés d'avoir accès à des solutions financières, à moindre coût. Malgré les opportunités offerte par ce service, les banques redoutent de plus en plus, la présence des opérateurs télécoms dans ce qu'elles considèrent comme leur chasse gardée
L'attrait des ghanéens pour le mobile banking s'explique par la facilité d'utilisation des solutions proposées par les opérateurs et l'affranchissement des réseaux bancaires traditionnels

L'utilisation des téléphones mobiles augmente de plus en plus dans les pays africains, notamment au Ghana. Une technologie qui permet également de pallier au taux très réduit de la bancarisation. Une aubaine pour les gouvernements qui optent massivement pour la vulgarisation de l'utilisation du transfert électronique d'argent. C'est le cas du Ghana où les autorités ont mis en place depuis quelques années une stratégie d'élargissement de la clientèle bancaire axée sur la collaboration entre les banques et les opérateurs. Un parti pris synonyme d'une intensification de la concurrence sur le créneau du mobile money.

La nécessité du transfert par téléphone portable : Le mi-Life

La solution mi-Life qui sert essentiellement au virement d'argent, au transferts de fonds, au paiement de petits montants, des factures d'eau et d'électricité... s'est rapidement répandue. Selon la "Bank of Ghana", le volume total cumulé pour les transferts d'argent électronique est passé de 2,4 milliards de cedi en 2013 à 11,6 milliards de cedi en 2014. Une hausse considérable qui augure du potentiel du secteur notamment dans les zones enclavées, qui restent difficiles d'accès pour certaines institutions bancaires.  « L'argent peut être acheminé rapidement, même vers les régions les plus reculées. Il suffit que le destinataire ait accès à un portable ou puisse se rendre dans un centre de paiement. Ce marché devrait être très rentable », estime Pieter Verkade, cadre de la société de télécommunication MTN. Pour Eli Hini, responsable commercial de MTN Mobile Money, c'est un nouveau monde à défricher. L'opérateur vient par ailleurs, de renforcer ses terminaux en octobre 2015, dans un souci d'optimisation de la fluidité des transferts. « Cette mise à niveau permettra d'améliorer la manière dont les transactions sont effectuées», précise Hini. Pour sa part, le groupe de téléphonie mobile Airtel a vu ses activités bondir, depuis 2014. En effet, le leader de ce service au Ghana a enregistré un chiffre record de 1 million transactions pour le seul mois de mars 2015. Un succès qui reste assez étonnant vu qu'au niveau des utilisateurs, tant les bénéficiaires du transfert que les expéditeurs, ne s'étaient presque jamais servi d'un distributeur de billets de banque auparavant, et encore moins sans carte. La rapidité et la facilité de l'opération a eu pour effet une utilisation massive du transfert d'argent par téléphone portable au Ghana.

Stratégie d'élargissement de la clientèle des banques

D'ailleurs, les transactions financières via téléphonie mobile permettent aux banques d'accéder aux marchés ruraux sans avoir à ouvrir de nouvelles agences au préalable. Vu que les utilisateurs de téléphones portables ont dorénavant la possibilité d'effectuer des mouvements bancaires, tant qu'ils disposent d'un peu d'argent sur un compte virtuel ou véritable. Soutenus par Accra, les banques multiplient les partenariats avec les opérateurs télécoms. « Le réseau de transfert d'argent mobile mis en place grâce à des partenariats avec quatre groupes de téléphonie mobile au Ghana nous a permis d'étendre nos services auprès de clients répartis dans l'ensemble du pays », explique à Afrique Renouveau, Owureku Osare, responsable du service de transactions bancaires d'Ecobank au Ghana.

Des chiffres qui inquiètent les banques traditionnelles

Cette situation entraîne un basculement des rapports de forces. Les opérateurs de téléphonie mobile se retrouvent de facto détenteurs de portefeuilles financiers. Cette incursion sur les plates bande des opérateurs financiers oblige les banques à innover. « Désormais pour attirer ceux qui n'ont pas de compte bancaire. Les banques qui proposent des services de transfert d'argent par téléphone portable recommandent aux bénéficiaires auxquels il reste un peu d'argent de le placer dans des portefeuilles mobiles », confie le banquier Owureku Osare. Pour ce dernier, permettre aux personnes sans compte bancaire de garder leur argent dans des portefeuilles mobiles liés à leurs numéros de portable, devrait déboucher sur le placement de cet argent dans un vrai compte bancaire. Dans cette perspective, en mai dernier, Ecobank a proposé à sa clientèle d'Afrique de l'Ouest un compte d'épargne mobile qui peut être rattaché à un portefeuille mobile.

Selon Ghana Telecoms Chamber, l'organe de régulation du secteur des télécommunications, les abonnés sont passés de 3,3 millions en 2013 à 5,4 millions en 2014, soit une hausse de 64%. « Le transfert d'argent mobile serait un potentiel non négligeable pour le pays si la tendance actuelle se maintient. Ce service a déjà fait la preuve de sa viabilité et de son efficacité après sa vulgarisation. En plus, d'autres types de service de paiement par ce canal ont été introduits et continuent de l'être chaque jour», explique M. Derek B. Laryea, responsable de la Division des Recherches et Communication à Ghana Telecoms Chamber.

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