Dix startups qui peuvent changer l'Afrique

Les pays africains comptent beaucoup sur la créativité de ses jeunes entreprises pour dépasser une situation économique difficile. Seulement celles-ci sont pépites rares. En voici une petite sélection qui a l'ambition de vouloir changer le continent !
Mehdi Lahdidi

Dans un monde où la croissance est rampante, les voix des experts et économistes s'accordent à dire que le seul moteur des économies n'est autre que les startups. Ces petites structures à haute valeur ajoutée poussent comme des champignons un peu partout. Fini, le temps où les nations pouvaient compter uniquement sur leurs ressources naturelles pour créer la richesse. L'instabilité et les bulles spéculatives qui entourent les marchés des matières premières ont presque mis tous les États (non ou peu industrialisés) sur un pied d'égalité en matière de capacité à créer de la valeur. Du coup, la seule richesse qui compte vraiment est l'innovation et par conséquent les startups. Dans son fantasme d'une Silicon Valley nationale, chaque pays essaie de pousser les entreprises innovantes. Des incubateurs naissent ici et là, en attendant qu'un futur Google, Apple ou Facebook voie le jour en Afrique. Seulement, le concept semble lui aussi connaître une certaine forme d'inflation. À cause d'une recherche effrénée de «l'idée du siècle», le mot « startup» devient un concept fourre-tout. Bicyclettes portant des messages publicitaires, fabrication de lampes LED ordinaires, en les faisant passer pour des révolutions technologiques, relais de distribution d'électricité «innovants» qui fonctionnent grâce à des groupes électrogènes polluants, tant d'idées pauvres se retrouvent traduites en entreprises supposées être à haute valeur ajoutée. Les officiels se targuent qu'ils ont pu booster une activité économique tandis que sur le terrain, ça ne prend pas. Du moins pas toujours.

En Afrique pourtant, certaines idées et startups donnent à espérer le mieux et  valent le détour. En voici une petite sélection.

PocketSlip

Pays : Afrique du Sud

Année de création :2014

PocketSlip

En finir avec les reçus en papier. Tel est l'ambition de l'application sud-africaine, PocketSlip. Son concept est simple : une application qui enregistre vos dépenses d'achat, sous forme d'un reçu digital. D'un côté, cela permettra aux consommateurs d'effectuer plus facilement les retours ou remplacements de garantie pour les produits, sans se soucier de la perte du papier. D'un autre côté, les grandes franchises de vente au détail pourront ainsi faire des économies sur le coût des rouleaux de reçus en papier. Cela, sans parler des bienfaits écologiques...

Bien que le compteur de téléchargement sur Google Play et Apple Store explose, l'idée a du mal à percer chez les grands détaillants sud-africains. Bien entendu, certains d'entre eux envoient des reçus par e-mail à leurs clients, mais cela ne permet pas de regrouper les reçus comme le permet PocketSlip.

RecycloBekia

Pays : Égypte

Année de création : 2011

Malgré une production évaluée à 50 millions de tonnes par an, les déchets électroniques restent le parent pauvre du recyclage. Selon les chiffres de l'ONU, un peu moins du sixième de la production mondiale de déchets électroniques est recyclé. Ces chiffres n'ont pas découragé la vingtaine d'étudiants de l'Université de Tanta, en Egypte à se lancer dans cette aventure, surtout dans un pays qui vit de hauts risques écologiques. RecycloBekia fait partie de ces startups qui se positionnent seules sur un créneau fortement rentable et le marché le leur rend bien. L'astuce est de faciliter la partie la plus difficile de toute activité de recyclage : la collecte. En nouant des partenariats avec des entreprises comme Mobinil, Orange, Intel, Oracle et ExxonMobil, la startup se garantit une source sûre de matières premières. À son lancement, le démantèlement et la fonte des métaux étaient délocalisés en Chine. Mais une levée de fonds et l'arrivée d'actionnaires puissants dans le tour de table ont permis d'installer des unités locales. Après bien de secousses, la révolution du Printemps arabe durant sa première année de lancement et la déstabilisation qu'a connue le pays après la chute de Mohammed Morsi, l'entreprise a tenu le coup et compte aujourd'hui partir à la conquête d'autres marchés au Moyen-Orient.

Solar Freedom Africa

Pays : Ouganda

Année de création : 2015

Solar Freedom africa

Le modèle Pay as you go (ou prépayé) constitue une réponse adéquate pour vendre certains biens et services à des populations à revenu très bas. En Afrique de l'Est, où l'électrification est encore un chantier toujours lent, il aide beaucoup de ménages pauvres à accéder à l'électricité à travers l'énergie solaire. Solar Freedom Africa est un exemple parmi tant d'autres de ces petites entreprises qui donnent la possibilité à leurs consommateurs de payer exactement ce qu'ils ont utilisé. La société assemble et produit des systèmes solaires abordables et durables, qui sont payés par m-Banking ou cash. Il offre une variété de produits, de lanternes solaires de base ou des équipements qui permettent de recharger les téléphones et d'alimenter d'autres appareils. L'entreprise, qui au départ cherchait des fonds pour élargir sa gamme de production et d'assemblage en Ouganda,  y a renoncé, quand elle a dopé ses revenus à travers une astuce simple : des enseignants et des femmes en tant que commissionnaires. De plus, la flexibilité des options de paiement a également aidé la croissance du nombre d'utilisateurs. Cela a permis à l'entreprise, même sans soutien financier, d'envisager d'attaquer la République démocratique du Congo (RDC) l'année prochaine, le Sud-Soudan et le Burundi en 2018. La popularité de ce genre de services en Afrique est due à la grande pénurie d'énergie dans le continent, où plus de 600 millions de personnes n'ont pas accès à l'électricité.

AgBiome

Pays : États-Unis

Année de création : 2012

AgBiome

En biologie, l'étude des macrobiotes, ces petits écosystèmes composés de microbes vivant à la surface et à l'intérieur de l'ensemble du règne animal, commence à donner ses premiers fruits. On commence même à croire que les traitements médicaux du futur vont probablement viser ces «microflores», au lieu de traiter le corps humain lui-même. Les résultats de ces recherches commencent aussi à donner leurs fruits en matière d'agriculture. AgBiome, une start-up de développement microbien à Durham, en Caroline du Nord, aux États-Unis, tente d'identifier les microbes qui peuvent contrôler les charançons qui attaquent les plantes de patates douces en Afrique sub-saharienne. L'équipe qui forme la startup effectue ses recherches sur une bibliothèque existante de 26.000 souches microbiennes. C'est ce qui a valu à l'entreprise de se retrouver dans cette sélection. Elle a soumis cette année une demande de licence pour commercialiser son premier produit en fin 2016. Baptisé «Howler » (hurleur), ce fongicide est une option 100% naturelle et pourra facilement remplacer les solutions chimiques qui existent sur le marché aujourd'hui.  Pour en arriver là, l'entreprise a réussi à lever 34,5 millions de dollars auprès des investisseurs.

Tapera Industries limited

Pays : Zambie

Année de création : 2006

Tapera

«La nécessité est mère de l'invention». Dans le cas de Tapera Industries, la nécessité est également la mère de la rentabilité. La Zambie est connue pour ses pénuries régulières de carburants. Cette situation a poussé le fondateur de cette startup à penser à l'alternative des énergies renouvelables. Tapera Industries est une entreprise qui transforme l'huile alimentaire en biocarburant, qui peut alimenter toute machine dotée d'un moteur diesel, que cela soit une voiture, une unité industrielle ou même un groupe électrogène... Tapera récupère l'huile nécessaire dans les restaurants, hôtels et chez les petits agriculteurs, pour ensuite la recycler. La transformation s'obtient par traitement à la chaleur, ce qui permet de débarrasser l'huile des déchets et la rendre quasi-identique au diesel. Par un procédé différent, la startup produit également du savon organique. Réalisant aujourd'hui un chiffre d'affaires de 15.000 dollars par mois, l'entreprise est vouée à se développer davantage. Seulement, elle doit faire face au challenge, qui'est de trouver de nouvelles sources d'approvisionnement en matière première...

Passdocteur

Pays d'origine :  Sénégal

Année de création : 2013

Un bon startuper est celui qui trouve dans un constat «ordinaire», une possibilité de rentabilité. C'est exactement le cas de Moussa Traoré, en créant Passdocteur. Le fait, anodin, que la diaspora sénégalaise à travers le monde est souvent le support financier de beaucoup de familles dans le pays ne l'a pas laissé indifférent. La solution destinée aux expatriés Sénégalais permet la prise en charge intégrale des frais de santé de leurs proches au pays. L'utilisateur peut prendre un rendez-vous pour ses proches de n'importe quel endroit dans le monde, puis effectuer le paiement en ligne. Le médecin est informé instantanément du RDV et le proche reçoit son code Pass Docteur via SMS, qu'il présente pendant la consultation.

BuffrSpace

Pays d'origine : Nigéria

Année de création : 2016

Une déclinaison business de Airbnb. C'est comme ça qu'on pourrait résumer le concept de BuffrSpace. Le concept a rapidement fait de la startup la plus grande plateforme de partage de l'espace de travail de l'Afrique. L'application permet d'établir une connexion transparente entre les individus à la recherche d'espaces de travail abordables et les personnes ayant des espaces de travail excédentaires, au niveau continental. Ainsi, il devient possible de monétiser les ressources et les installations sous-utilisées. Il résout aussi le problème récurrent de disponibilité d'espace de travail pour les entreprises en création. L'application vise ainsi les pigistes, les entreprises en démarrage, les professionnels mobiles et les consultants en offrant des gammes diverses d'espaces de travail à des prix abordables. Avec un lancement bêta en août, Buffrspace a répertorié plus de 200 espaces de travail unique, avec une proportion de plus de 90% d'espaces partagés à Lagos et à Abuja. La startup envisage déjà de se conquérir le Nigéria et le Kenya, au premier trimestre 2017.

Agridata

Pays : Maroc

Année de création : 2006

Agridata Afrique

«La data est le nouvel engrais des agriculteurs». C'est le credo de du cabinet de conseil en systèmes d'information agronomiques. Depuis sa création en 2006, Agridata Consulting a axé son développement autour des technologies de l'information et leur usage dans les secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire. L'entreprise a développé le premier logiciel de gestion agricole baptisé LGA ALL-IN-ONE pour le compte de Delassus, un champion marocain de l'agroalimentaire. Cette solution a permis à la société bénéficiaire d'optimiser son précédé de production et ainsi d'améliorer sa productivité. Le progiciel est aujourd'hui déployé sur plus de 60.000 ha de terrain agricole au Maroc et se prépare à être commercialisé bientôt en Afrique.

Mawingu Networks

Pays : Kenya/États-Unis

Date de création : 2012

Mawingu Networks

Mawingu, qui veut dire «nuage» en swahili, n'est pas vraiment une startup africano-africaine, mais l'idée qu'elle porte peut changer beaucoup de choses sur le continent. Lancée dans le cadre de l'initiative 4afrika de Microsoft, la startup transmet Internet sans fil en utilisant la bande passante de diffusion sous-utilisée, connue sous le nom des «espaces blancs de télévision» et l'énergie solaire. Tout a commencé il y a trois ans, quand le projet pilote de Mawingu a été lancé à Nanyuki, une ville de la province de la vallée du Rift du Kenya, au nord-ouest du mont Kenya. Les résultats ont été quasiment immédiats, en branchant une partie du pays qui était complétement absente de la Toile. La startup kenyane voit désormais grand et envisage d'intensifier ses efforts, grâce à un prêt de 4,1 millions de dollars de la Overseas Private Investment Corp., l'institution de financement du développement du gouvernement des États-Unis, pour couvrir plus d'espace, que cela soit au Kenya ou dans les pays avoisinants.

Chifco

Pays : Tunisie

Date de création : 2011

Internet des objets est la prochaine tendance technologique que va connaître le monde durant au moins les 20 ans à venir. Tous les géants technologiques, sans exception, dédient des ressources financières incroyables dans la R&D de ce nouveau segment. Chifco, une startup tunisienne, n'a pas peur de concurrencer ni Samsung ou Apple dans ce segment et a choisi ce créneau pour s'y positionner. Son métier, rendre les objets «intelligents» en les connectant au réseau Internet. Cela permet un contrôle total et automatisé de l'environnement. Le principe est simple : les objets sont munis de capteurs pour collecter toutes sortes de données. Cela permet, entre autres, d'optimiser la consommation énergétique et de réduire l'empreinte environnementale de chacun.

Mehdi Lahdidi

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Commentaire 1
à écrit le 11/02/2017 à 2:01
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Merci pour cet article, et à lire ces écris je me réjouis des exploits et talents que regorge nos frères. Bon vent à eux... On a besoin d'une révolution numérique

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