GITEX : la Tech accompagne le renforcement des relations entre les Emirats et l’Afrique

Le Dubaï World Trade Center (DWTC) a accueilli du 17 au 21 octobre le salon GITEX qui a réuni institutions, startups et états-majors des groupes technologiques mondiaux. La mise à l'honneur du continent dès l'ouverture de cette 41e édition, témoigne de l'attrait des Emirats arabes unis (EAU) pour l'Afrique, considérée comme une nouvelle terre des investissements dans le numérique.
(Crédits : DR.)

« GITEX GLOBAL Leaders Vision représente un événement marquant en matière d'accélération des transformations par le biais de la technologie au Moyen-Orient et en Afrique » déclarait Omar ben Sultan Al Olama, ministre de l'Intelligence artificielle (IA) des Emirats arabes unis (EAU) à la veille de l'ouverture de la 41e édition du salon GITEX Global, qui a réuni plus de 4 000 entreprises venues de 140 pays parmi lesquelles, les poids lourds de la tech mondiale (Amazon Web Services, Google, Blackberry, Huawei, Etisalat, Thales, Toshiba, Samsung,...). Gouvernements, entrepreneurs, investisseurs et curieux se sont retrouvés pendant 4 jours dans l'une des capitales mondiales de la tech, autour des sujets relatifs à la 5G, l'Intelligence artificielle (IA), la blockchain, la fintech, l'IOT, le Cloud ou encore la cybersécurité.

Cette année, le salon avait mis l'Afrique à l'honneur. Parmi les invités de marque, Amr Talaat, ministre égyptien de l'Information et des Technologies, Nizar Ben Neji, ministre tunisien des Technologies et de la Communication, Lacina Koné, directeur général de Smart Africa ou encore Tony Omwansa, directeur de l'Agence nationale de l'Innovation du Kenya, avaient fait le déplacement aux EAU.

« Nous voulons construire une coopération gagnant-gagnant avec les pays africains et le Moyen-Orient. C'est une stratégie de long terme », déclarait Amr Talaat, le 17 octobre dernier, confirmant la volonté du pays des pharaons de s'imposer comme un hub technologique régional, mais aussi mondial...

Le ministre a rappelé les fondements de la Vision 2030 pour imposer l'Egypte comme un pays exportateur de services numériques à l'échelle internationale. Favorisée par la loi n° 72 de 2017 sur l'investissement, l'Egypte a signé plusieurs centaines d'accords pour soutenir sa révolution technologique, qui compte entre autres projets d'envergure, « Harp » (un système de fibre optique terrestre et sous-marin), ou encore la ville nouvelle d'Al-Masaest située à quelque 45 km de la ville du Caire. « Cette capitale sera un lieu de vie, mais aussi de travail et de communication, entièrement reliée à la technologie », souligne-t-il. Sitôt son intervention terminée, le ministre est pris d'assaut par les investisseurs qui voient notamment dans la stratégie numérique égyptienne, de futurs marchés prometteurs sur le segment des « smart-cities ».

Quand les Emirats arabes unis inspirent l'Afrique...

En 2016, Dubaï inaugurait le 1er bâtiment imprimé en 3D au monde. Quatre ans plus tard, l'Emirat célébrait le plus grand immeuble jamais construit (près de 10 mètres de hauteur pour une superficie globale de 640 m2) à l'aide de l'impression 3D, via une seule imprimante fabriquée par la société américaine Apis Cor et 3 ouvriers. D'après les autorités dubaïotes, la 3D appliquée aux constructions d'immeubles réduirait les coûts de 50% au moins, tout en optimisant les délais de livraison au maximum. Dubaï a ouvert la voie. Depuis, les projets de construction 3D se sont exportés en terres africaines...

Au regard des besoins infrastructurels d'une Afrique en pleine expansion démographique, la 3D apparaît désormais comme l'une des voies pour répondre aux besoins d'un continent qui comptera 2.5 milliards d'habitants en 2050, selon les estimations des Nations unies. En 2019, la société espagnole Be More 3D lançait la construction de la 1re maison imprimée en 3D du continent, dans le royaume chérifien. En juin dernier, le Malawi annonçait en fanfare, la construction de sa 1re école 3D en 18 heures seulement, via l'entreprise danoise COBOD. Les avancées technologiques des EAU inspirent l'Afrique et cette attractivité s'est confirmée lors de l'édition 2021 du salon GITEX de Dubaï.

« C'est mon 1er jour à Dubaï et c'est incroyable. C'est un grand show ! », confie impressionné Alkhatem Khidir, un jeune soudanais tiré à quatre épingles, arrivé tout droit de Khartoum pour participer au salon. Partout, des innovations captent l'attention du jeune homme dans les interminables couloirs du Dubai World Trade Center (DWTC) où les robots humanoïdes d'une réalité surprenante croisent les derniers produits de la tech mondiale. « Je viens d'être diplômé et j'espère trouver ici inspiration et partenaires », explique le jeune startupper.

« Nous pouvons apprendre beaucoup des pays du Golfe. Ils sont partis de zéro et regardez où ils en sont aujourd'hui », déclare Lacina Koné, directeur général de Smart Africa, le 17 octobre. « Il existe aujourd'hui une étroite collaboration entre Smart Africa et les Emirats arabes unis (...) Nous sommes particulièrement intéressés par le développement des e-services. Notre partenaire Tahaluf est d'ailleurs membre de Smart Africa », poursuit-il, précisant par ailleurs que l'exposition universelle ouverte depuis début octobre avait massivement attiré les ressortissants africains dans l'émirat. « Ils sont plus de 3.000 présents ici en ce moment (...) Il existe de nombreuses possibilités en termes de partenariats publics-privés entre les Etats africains et les EAU. L'accès au financement est très important », poursuit-il. En effet, les EAU recentrent leur attention sur l'Afrique et affirment désormais leur intérêt à l'ouest du continent.

Regain d'intérêt des Emirats pour l'Ouest africain

« C'est en Afrique que se trouveront les meilleures opportunités dans les années à venir, en raison notamment de sa population qui représente un marché considérable » déclare Omar ben Sultan Al Olama, le ministre dubaïote de l'Intelligence artificielle. « Le continent accède à une forme de maturité encore récente qui devrait favoriser les investissements. L'Afrique a montré sa capacité à prendre le virage numérique, à travers le leapfrog enregistré via le succès du mobile money », déclare-t-il lors du GITEX 2021, soulignant par ailleurs que « tout le monde devrait avoir accès » à l'IA, y compris en milieu rural.

Véritable hub logistique mondial et porte d'entrée vers l'Afrique, les EAU représentent l'un des principaux investisseurs étrangers du continent. Longtemps centrés sur les pays d'Afrique de l'Est, les Emirats s'intéressent de plus en plus à l'ouest du continent. Confortée par de récentes études de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la Chambre du Commerce de Dubaï lançait début octobre 2021, l'initiative « Why Africa ? » à l'occasion du Global Business Forum (GBF) Africa 2021, pour optimiser le potentiel ouest-africain et multiplier les connexions avec le continent dont le marché intégré de la ZLECAF représente près de 1,2 milliard de consommateurs.

Avec ses 412,4 millions d'habitants, la 2e région la plus peuplée d'Afrique concentrait 29% de l'économie continentale et représentait 33,2% du commerce africain de l'Emirat pour une valeur de 16,8 milliards de dollars, en 2020.

Enfin, si le continent africain attire Dubaï, la réciproque est réelle. A ce jour, quelque 21 000 entreprises africaines sont implantées dans l'Emirat, enregistrant une progression de 25% en deux ans. Par ailleurs, l'attrait des investisseurs émiratis ne se limite plus aux matières premières. Il se diversifie et s'étend désormais aux secteurs des infrastructures, des énergies renouvelables, des services, mais aussi des nouvelles technologies, comme en témoigne la 41e édition de GITEX qui s'est ouvert par une session entièrement consacrée au continent « Africa Focus ».

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