Mobile money : vers une révolution des tarifs des transactions ?

L’avènement du mobile money en lui-même (avec M-Pesa de Safaricom au Kenya) a représenté une révolution des frais de transferts d’argent en Afrique. Cependant, la multiplication des investissements des compagnies régionales et étrangères ces dernières années pourrait ouvrir la porte à une plus grande souplesse dans les tarifs des transactions via mobile. Explications.
Ristel Tchounand
La solution M-Pesa de Safaricom est utilisée aujourd'hui par quelque 25 millions de clients dans 11 pays d'Afrique.

Le Mobile 360-Africa s'est ouvert en grande pompe ce mardi 11 juillet à Dar es Salam (Tanzanie). Il s'agit d'un événement réunissant le gotha des technologies de l'information et de la communication organisé par la GSM Association, une organisation basée à Londres qui représente près de 800 opérateurs de téléphonie mobile à travers 220 pays du monde.

Depuis l'ouverture des travaux de ce forum, les discussions tournent autour des moyens de rendre la communication digitale en Afrique encore plus efficace et plus accessible pour les populations, afin que les entreprises exploitent au mieux le potentiel du continent en la matière. Parmi les sujets clés, le mobile money, ce système de transfert d'argent qui a révolutionné la pratique et bousculé les habitudes des Africains, prenant parfois de cours les systèmes conventionnels de transfert d'argent. Depuis le boom de M-pesa, la première solution du genre lancée au Kenya en 2007 par Safaricom, la plupart des opérateurs télécoms présents sur le continent s'y mettent. C'est ainsi que les usagers ont eu droit à Orange Money du géant français ou encore MTN mobile money du géant sud-africain.

Un marché très convoité

Par ailleurs, de nombreuses entreprises spécialisées dans le transfert d'argent se sont rapidement mises au service mobile en nouant des partenariats avec les opérateurs, tandis que d'autres -sans passer par le chemin de la conversion et l'extension des services- se sont directement lancées dans cette niche porteuse. C'est le cas de WorldRemit, fondée en 2010 par Ismail Ahmed et basée à Londres avec des antennes aux Etats-Unis, au Canada, en Afrique du Sud, à Singapour, aux Philippines, au Japon, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Présent à Dar es Salam en tant qu'un des intervenants de marque de cet événement qui se tiendra sur trois jours (jusqu'au 13 juillet), Ismail Ahmed a profité de l'occasion pour annoncer un nouveau partenariat signé entre WorldRemit et le chinois Huawei. Objectif : accélérer les transferts d'argent internationaux low cost entre téléphones portables pour l'Afrique.

«En permettant à Huawei de se connecter sans peine à notre service, à la fois sécurisé, rapide et aux frais minimes, notre partenariat va donner un coup d'accélérateur à notre offre puisque des millions de personnes vont pouvoir y accéder», s'est-il félicité.

Concrètement, ce partenariat permettra à plus de 100 millions de comptes d'avoir accès à ce service. «Le transfert d'argent à l'international est un service d'argent mobile très important en Afrique et notre partenariat avec WorldRemit permettra des envois de fonds internationaux directement aux clients Huawei à travers le continent», a indiqué pour sa part David Chen, vice-président de Huawei Afrique australe.

Vers une reconfiguration de la carte de la concurrence ?

Ce nouvel accord de WorldRemit intervient ainsi un mois à peine après la signature d'un partenariat entre le géant britannique et Google qui permettra des opérations d'envois d'argent instantanés. Et des accords de ce genre ne cessent de se multiplier. Au regard du potentiel du mobile money en Afrique, les grands opérateurs à travers le monde se ruent sur le continent. C'est le cas notamment de Mastercard qui agit également via des partenariats avec des entreprises déjà bien installées sur le continent, comme récemment avec le sénégalais Wari. Des investissements et des actions qui pourraient, à moyen ou long terme, redessiner la carte de la concurrence sur le marché africain du mobile money. Et comme le veut la logique commerciale, plus la concurrence est rude, plus l'usager a la possibilité de se voir proposer des coûts plus avantageux.

Actuellement au Kenya à titre d'exemple, Safaricom propose son service M-pesa entre 10 et 330 shillings kényans (0,10 à 3,16 dollars) pour les transferts nationaux des abonnés, des tarifs qui peuvent être légèrement moins ou plus chers, selon que l'émetteur et le bénéficiaire sont tous deux abonnés ou non.

En Afrique francophone, ces services sont légèrement plus chers. Le français Orange, à titre d'exemple, propose les transferts d'argent nationaux allant de 200 à 500 000 Fcfa pour des frais de 50 à 2500 Fcfa (0,09 à 4,35 dollars). Chez son concurrent direct, le sud-africain MTN, les frais des transferts d'argent nationaux allant de 5 Fcfa à 1,5 million de Fcfa oscillent entre 100 et 2000 Fcfa (soit de 0,17 à 3,46 dollars) pour ses abonnés. Cette fourchette s'établit entre 1 000 et 9 000 Fcfa (1,73 et 15,57 dollars) pour les transferts internationaux de ses abonnés. A noter que les tarifs varient selon que l'émetteur et le récepteur sont tous deux ou non abonnés. Une multiplication de l'offre de mobile money ainsi que le renforcement des technologiques pourraient tout simplement accentuer la guerre des prix qui prévaut déjà.

Ristel Tchounand

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