Le premier public du cinéma africain est africain

En 1998, dans un ouvrage « Cinéma engagé, Cinéma enragé », les auteurs faisaient remarquer que « le véritable public {des cinéastes africains} n’était pas africain », en raison de leur dépendance à l’aide étrangère. Près de 20 ans après, où en sommes-nous alors que le 25e FESPACO de Ouagadougou réunit actuellement l’ensemble des professionnels du cinéma africain ?

Un film nigérian ne coûte en moyenne pas plus que trois à quatre secondes d'un film américain, mais en moins de 20 ans, Nollywood est devenue une industrie culturelle à part entière avec des réalisateurs, producteurs, acteurs et distributeurs qui sortent plus de 2000 films par an et qui pèsent plus de 3% du PIB national.

Nollywood a très clairement développé un modèle économique et culturel qui fait écho à la transformation du continent que l'on peut voir dans de nombreux secteurs d'activité : l'offre locale répond à une demande tout aussi locale, avec ses propres codes. Cette tendance lourde est un fait établi mais il faut consentir à réaliser des investissements importants pour permettre la consolidation de l'industrie cinématographique en Afrique. À la fois pionnier en Afrique francophone et acteur de premier plan dans le soutien au cinéma africain, en tant que producteur et diffuseur, Canal + ne peut que se féliciter de cette évolution.

Le film africain sort de la case "art et essai"

Les films africains ne sont plus considérés comme des œuvres à distribuer et à projeter dans les salles de cinémas « art et essai » des pays occidentaux, ou comme des produits à pirater pour être vendus sur les marchés du continent. Les films africains sont des produits culturels qui plaisent au public africain - les succès d'audience lorsqu'ils sont diffusés à la télévision le démontrent. Aujourd'hui, ils doivent également être distribués à l'international, avec toute la diversité de genres que propose une offre cinématographique industrielle.

Mais pour envisager un développement durable de cette nouvelle filière industrielle, il convient de consolider son modèle pour qu'elle génère des revenus et qu'elle permette de tirer vers le haut producteurs, distributeurs, exploitants et diffuseurs. Cela passe notamment par une lutte contre le piratage, qui à première vue donne accès à la culture au plus grand nombre, mais qui dans les faits paupérisent les professionnels, les empêchant de créer, de produire... La protection des parties prenantes de l'industrie cinématographique et audiovisuelle est une condition indispensable pour favoriser l'émergence de contenus pouvant s'exporter à l'international. Si nous voulons que l'Afrique véhicule ses valeurs et sa culture, via ce soft power que constituent le cinéma et la télévision, il faut protéger les professionnels de cette industrie.

Le FESPACO, laboratoire autour des métiers du cinéma

Du 25 Février au 4 mars, se tient à Ouagadougou la 25e édition du FESPACO pour célébrer les cinémas venus des quatre coins du continent et ainsi donner à voir le dynamisme du cinéma africain. Le FESPACO, ce sont en effet plus de 950 films inscrits, 150 sélectionnés, plus de 100 000 spectateurs attendus en salles et plus de 450 séances. Des films de plus de 30 pays africains seront représentés. À travers leur regard, ils présentent les « vies du continent ».

Outre la visibilité et la notoriété qu'il assure aux films en compétition, ce festival a voulu cette année aller plus loin en organisant une réflexion globale sur les formations et les métiers du cinéma et de l'audiovisuel. Il pose ainsi la nécessaire question de la consolidation du marché du cinéma africain et de l'ensemble de sa chaîne de valeur : de l'écriture du scénario à l'exploitation en salles et la diffusion à la télévision. C'est avec des professionnels formés et compétents que le cinéma africain deviendra aussi puissant que celui en provenance d'Inde ou de Chine par exemple.

Le marché est là, il existe. Le premier public du cinéma africain est africain. Ce public demande des salles de projection en villes et des films à la télévision. Avec les salles CanalOlympia - dont celle de Ouagadougou « Yennenga » qui est inaugurée le 24 février - et les chaînes A+ et Canal+, partenaire du FESPACO, le groupe Vivendi se veut un acteur engagé dans cette rencontre entre le cinéma africain et son public. Plus d'une dizaine de films en compétition pour l'Étalon d'or ou pour d'autres récompenses décernées par les différents jurys du FESPACO ont été co-produits ou produits par Canal+. Si notre métier consiste à fournir une résonance internationale au cinéma africain, notre mission est aussi de garantir que les téléspectateurs en Afrique puissent trouver des films qui leur ressemblent.

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