L'industrie automobile, moteur du développement africain  ?

En 2016, le secteur automobile marocain arrive en tête des secteurs exportateurs devant le phosphate, le textile et l'agriculture. Ce modèle est-il reproductible à d'autres pays africains ?

Le Maroc a pu échapper à la crise financière et au printemps arabe en démontrant la résilience de son modèle basé sur des stratégies sectorielles volontaristes. Reposant sur la nécessité de focaliser les efforts de relance industrielle sur les filières pour lesquelles le pays possède des avantages compétitifs clairs et exploitables, le Modèle Maroc a démontré toute sa pertinence à l'instar de la croissance exponentielle de son industrie automobile : 350 000 véhicules devraient y être produits en 2016, contre à peine 100 000 en 2012. Un tel succès nous invite à nous intéresser aux facteurs qui l'expliquent afin de savoir notamment s'ils sont reproductibles dans d'autres pays africains.

Une stratégie de long terme reposant sur le partenariat public privé

En 2016, le secteur automobile marocain arrive en tête des secteurs exportateurs devant le phosphate, le textile et l'agriculture. Avec la montée en puissance des sites de Renault et l'ouverture prévue en 2019 de l'usine PSA à Kenitra, l'industrie automobile générera 10 milliards d'euros d'exportation à l'horizon 2020 et 165 000 emplois à l'horizon 2020. Cette révolution est le fruit d'une stratégie élaborée conjointement entre l'état et le secteur privé qui a connu des phases d'évolutions et de maturation. Vision portée par Driss Jettou dans un premier temps, elle se matérialise dans le cadre du Pacte national pour l'émergence industrielle durant le mandat d'Ahmed Réda Chami et s'accélére dans le cadre du Plan d'Accélération Industrielle 2014-2020 de Moulay Hafid Elalamy. Ces différentes évolutions ont permis la mise en place de mesures concrètes permettant au pays de s'ériger en base industrielle du secteur automobile international et de générer des effets d'entrainement sur d'autres industries comme le plastique, le textile, le câblage, l'électrique.

En alliant épanouissement de l'initiative privée et rôle moteur de l'Etat, cette stratégie a entrainé la plus grande discontinuité industrielle en Afrique, démontrant que l'activité économique a besoin d'une stratégie, de plans d'actions et de pilotage.

Le capital humain élément clé de la réussite marocaine

Le capital humain est l'un des principaux éléments de la réussite du développement des activités industrielles au Maroc. La qualité des ressources humaines et la disponibilité qualitative et quantitative des compétences conditionnent en effet largement l'attractivité de la destination ainsi que la montée en charge des implantations actuelles. C'est aussi un enjeu majeur pour assurer une compétitivité durable, dans des secteurs à forte valeur ajoutée. Les Métiers Mondiaux du Maroc ont créé une demande sur des profils nouveaux, parfois très spécialisés et qui ont dû être développés au Maroc. En réponse à ces besoins, il a été nécessaire de développer, dans le cadre d'un partenariat public-privé une offre de formation adaptée.

Ce modèle est-il reproductible à d'autres pays africains ?

Une économie est dynamique si ses entrepreneurs sont engagés, innovants, efficaces et éthiques. Mais le dynamisme ne se décrète pas. Instaurer un climat de dynamisme propice à la création et au développement des entreprises est une gageure. L'encouragement de l'initiative privée, la reconnaissance de la réussite sont les fondamentaux requis pour soutenir l'entrepreneuriat au sein de nos sociétés africaines.

Parce que l'économie est un jeu complexe d'interactions entre différents acteurs, son bon fonctionnement nécessite au préalable une définition claire et lisible des missions et responsabilités de tout un chacun.  A l'instar du Maroc, en mobilisant et coordonnant les actions de l'Etat et des opérateurs économiques, les pays africains peuvent se doter d'une industrie forte et créer un cercle vertueux de croissance. Le recours au contrat programme, en consolidant dans un document unique leurs engagements mutuels, apporte à l'ensemble des investisseurs la visibilité nécessaire. Cette formule contractuelle est également une garantie de bonne exécution des mesures décidées en assurant la mobilisation de tous autour d'actions précises, concrètes, concertées et budgétisées.

S'il incombe à l'opérateur économique d'entreprendre, les choix qui s'offrent à lui sont étroitement liés à la visibilité dont il dispose. Dans une économie ouverte et libéralisée, l'Etat devient régulateur et catalyseur. Aux opérateurs économiques d'échanger et d'investir, à eux donc de créer de la richesse. Le modèle Maroc en accordant une place centrale à l'entrepreneur et à l'entreprise, peut servir de modèle à d'autres pays africains qui font face aux mêmes challenges.

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Commentaires 2
à écrit le 30/05/2017 à 4:03
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Pour comprendre l'article il faut faire une revue de la formation des resources humaines pour l'automobile au Maroc. Sans une solide idee du contenu de cette formation il est difficile de tirer des conclusions objectives sur l'article ("Pacte nationa...

à écrit le 31/01/2017 à 11:53
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" En alliant épanouissement de l'initiative privée et rôle moteur de l'Etat, cette stratégie a entrainé la plus grande discontinuité industrielle en Afrique " ? Un jargon incompréhensible !

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