Vents contraires pour l'économie mondiale

L'Afrique subira de plein fouet des vents contraires. Les deux moteurs régionaux que sont le Nigéria et l'Afrique du Sud, qui représentent à eux deux plus de la moitié du PIB de l'Afrique subsaharienne, sont fragilisés. En Afrique du Sud, la remontée amorcée du prix des matières premières ne sera pas d'une aide précieuse l'an prochain puisque c'est principalement le risque politique qui est la cause de la détérioration des termes de l'échange.

La parenthèse des taux d'intérêt bas, du pétrole à bas prix, et de la lowflation est en passe de se clore. Depuis l'été dernier, les anticipations d'inflation dans les pays développés sont de nouveau en hausse sous l'effet d'une progression du prix global des matières premières et, surtout, de la sortie confirmée de la déflation de la Chine. Les taux d'intérêt, qui avaient atteint un niveau plancher à 0,6% pour les obligations souveraines mondiales (toutes maturités confondues), sont en train de se redresser et devraient atteindre au début de l'année prochaine une moyenne de 1,5%, ce qui reste toujours en comparaison historique. Enfin, une amorce de hausse du prix du pétrole, probablement autour de 55-60 dollars le baril en moyenne l'an prochain, a commencé dans la foulée du récent accord de l'OPEP.

Un nouveau paradigme économique

Ce nouveau paradigme économique constitue un retour à la normale progressive. Les taux d'intérêt négatifs, résultant des politiques monétaires ultra-accommodantes des banques centrales des pays développés, étaient une anomalie. Un baril de pétrole proche de 40 dollars l'était moins puisque de 1862 à nos jours, le prix moyen était de 34,20 USD, ce qui permet de relativiser l'évolution récente de l'or noir. De ce point de vue, l'anomalie n'est pas tant la période récente que celle d'avant mi-2014 lorsque le baril était au-dessus de 100 dollars.

En revanche, l'année 2017 devrait confirmer le maintien d'une croissance molle au niveau mondial, nettement en-dessous de son rythme de croisière d'avant la crise financière de 2007-2008. La baisse continue depuis 2011 de la part du commerce international dans le PIB mondial est le symptôme de cette crise durable de la croissance qu'on observe depuis la rupture de 2008. Les principaux moteurs économiques au niveau mondial, les Etats-Unis, la Chine et la zone euro, sont en phase de ralentissement. Les dernières statistiques pour les Etats-Unis dressent le panorama d'une économie en bonne santé mais en fin de cycle. Depuis la dernière contraction économique, 35 trimestres se sont écoulés. Sauf nouveau record de longévité (40 trimestres pendant les années Clinton), le mandat de Donald Trump devrait être celui du retour de la récession. En ce sens, son projet de grands travaux pour un montant de 500 milliards USD pourrait être salutaire s'il aboutit. La Chine ne sera certainement pas en mesure de prendre le relais. Le processus de long terme de changement structurel de l'économie chinoise, afin d'être moins dépendante des exportations et de passer d'une industrie imitatrice à une industrie innovatrice, prendra encore plusieurs années. En revanche, le ralentissement de la croissance ne devrait pas pénaliser ses investissements en Afrique qui sont susceptibles de bondir en 2017, profitant du désengagement des pays de la zone euro qui vont certainement expérimenter une croissance plus faible l'an prochain que cette année, notamment sous l'effet de la hausse du prix des matières premières et du risque politique.

Les moteurs africains en panne

L'Afrique subira de plein fouet ces vents contraires. Les deux moteurs régionaux que sont le Nigéria et l'Afrique du Sud, qui représentent à eux deux plus de la moitié du PIB de l'Afrique subsaharienne, sont fragilisés. En Afrique du Sud, la remontée amorcée du prix des matières premières ne sera pas d'une aide précieuse l'an prochain puisque c'est principalement le risque politique qui est la cause de la détérioration des termes de l'échange. La croissance économique est attendue en légère hausse par rapport à 2016 mais elle devrait représenter moins d'un 1/3 du niveau atteint en 2013, lorsqu'elle se situait à 2,2%. La situation du Nigéria n'est guère plus enviable. Même dans le cas de figure où les prévisions les plus optimistes à propos de l'évolution du prix du pétrole venaient à se réaliser, cela ne permettrait pas au pays de sortir de l'écueil financier dans lequel il est plongé depuis mi-2014. La seule porte de sortie en 2017 consisterait à travailler davantage avec le secteur privé pour trouver des relais de croissance et, surtout, à mettre en place une réforme monétaire pour stopper l'effondrement du naira. Dans cette perspective, les autorités auraient tout intérêt à envisager la mise en place d'une caisse d'émission, comme ce fut le cas pendant plusieurs décennies, de 1913 à 1959. Elle aurait pour avantage immédiat de rétablir rapidement la crédibilité monétaire du Nigéria, lui permettant ensuite de faire les réformes nécessaires de son écosystème économique.

L'exemple à suivre de l'Egypte

Le Nigéria n'est pas un cas à part. Pour beaucoup de pays africains, une plus forte croissance économique passera par une meilleure gestion du taux de change. A cet égard, nombreux sont les pays qui devraient s'inspirer des réformes en matière de stabilité macroéconomique menées récemment par l'Egypte et qui vont contribuer à pousser la croissance proche de 3,4% l'an prochain.

Le pays a décidé d'abandonner l'ancrage de sa monnaie au dollar américain en novembre dernier, ce qui a conduit à une dépréciation d'environ 100% de la livre égyptienne sur le marché officiel. Il s'agissait d'une condition requise par le FMI pour qu'il obtienne une ligne de crédit de 12 milliards de dollars auprès de l'organisation internationale. A court terme, cela signifie une inflation plus forte et un risque de troubles sociaux plus élevé. Cependant, il s'agit d'un moindre mal. Il faut bien comprendre que le pays n'avait pas d'autre choix. Le coût économique de l'ancrage au dollar américain était énorme puisque cela impliquait d'avoir une politique monétaire restrictive qui comprimait la demande agrégée.

Le flottement de la monnaie égyptienne va permettre de faire redémarrer à moyen terme la demande interne et de stimuler l'activité. L'Egypte semble avoir compris une règle de base de l'économie : un pays avec des institutions politiques faibles et une économie faible doit avoir une monnaie faible. Ce précepte devrait guider les décisions économiques des pays africains s'ils souhaitent pouvoir bénéficier d'une croissance plus forte dans les années à venir.

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Commentaire 1
à écrit le 21/01/2017 à 21:13
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La Crainte, la corruption, la Division, la magouille, les coups bas et coups d'état, ont laissé l'Afrique au plus bas des 5 continents, nous vivons toujours dans notre espace temps de l'antiquité. A Quel âge sommes nous ? On a fêté 2017 .. C'est une ...

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