Philanthropie en Afrique : audace et ambition, une recette incontournable

Les 17 et 18 Octobre prochains, se tient à Rabat l'African Philanthopy Forum , la grand-messe de la philanthropie africaine, où se réuniront la plupart des mécènes et autres figures engagés du continent qui souhaitent contribuer à son développement. En exclusivité pour La Tribune Afrique, Ndidi Nwuneli, CEO du Forum, et l'une des femmes les plus influentes d'Afrique, plaide pour que les philanthropes africains mêlent audace et ambition.
Nwuneli Ndidi, CEO de l'African Philanthropy Forum

Le continent africain fait face aujourd'hui à un tournant décisif. Une décennie de croissance économique doublée d'une vague de démocratisation a conduit à l'émergence d'une génération d'africains fortunés (High Net Worth Individuals), dont beaucoup se consacrent à trouver les moyens permettant de résoudre les défis urgents que doit affronter le continent.

Ce n'est pas une surprise si ces individus sont pour la plupart issus d'une longue tradition africaine de partage et de générosité. De manière globale, beaucoup d'entre eux ont démarré leurs œuvres philanthropiques en octroyant des bourses aux étudiants défavorisés à haut potentiel, en couvrant les coûts médicaux relatifs aux soins d'urgence ou en venant en aide aux populations lors de catastrophes naturelles ou d'origine humaine, à travers notamment le don de produits de secours et de première nécessité.

Impact durable

Ces efforts- quoique louables- ne permettent pas, toutefois, de résoudre le fond du problème.  Par exemple, l'octroi de bourses aux plus brillants afin de leur permettre de fréquenter des écoles privées au niveau local ou à l'étranger ne tient pas compte de la notion que ces mêmes fonds pourraient être alloués pour façonner la politique éducative et les programmes, former les enseignants, et mettre à niveau les laboratoires et les bibliothèques. Ces fonds pourraient en effet étendre l'impact des interventions au-delà d'un petit groupe à des milliers, voire des millions d'enfants et de jeunes. De même, fournir des fonds pour des soins hospitaliers d'urgence ou la construction d'un pavillon d'hôpital ne traite pas les causes profondes des carences auxquels est confronté le secteur de la santé dans la plupart des pays africains. Les contributions qui se consacreraient à la qualité et aux normes de soins - formation des médecins et infirmières, accès aux installations de soins de santé dans les zones rurales, la fourniture et la maintenance des équipements pour les soins et la politique de santé - auraient un impact infiniment plus durable.

Prise de conscience mondiale

Au niveau mondial, il y a désormais une prise de conscience accrue du rôle important que les philanthropes peuvent jouer en soutenant l'élaboration des politiques, ou en mettant en commun leurs ressources pour traiter les causes profondes des problèmes, au lieu d'en traiter les symptômes.  En Afrique de l'Ouest par exemple, les co-fondateurs de Sahara Group, une société opérant dans l'énergie, le pétrole et les infrastructures gazières active dans 20 pays,  ont décidé de rendre leurs œuvres caritatives plus efficaces en créant la Fondation Sahara. Cette organisation œuvre ainsi à un niveau plus stratégique en adressant les causes profondes des problèmes dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de l'agriculture. A ce titre, elle a investi dans la formation des enseignants dans les écoles publiques au Nigeria à travers une subvention à l'ONG Africa LEAP, contribuant ainsi à combler les lacunes des éducateurs. En Afrique du Sud, la Social Justice Initiative (SJI) a mis en commun les ressources d'un groupe restreint de philanthropes qui reconnaissent l'importance du couple « audace et ambition » pour la promotion de la bonne gouvernance. Ces philanthropes estiment qu'ils ont plus d'impact en mettant en commun leurs ressources pour faire face aux causes profondes plutôt qu'en travaillant de manière désunie. Ensemble, ils fournissent des subventions essentielles aux organisations qui font la promotion de la transparence, de l'Etat de droit, de la démocratie, de l'accès à la justice et du renforcement de la société civile. Pris ensemble, tous ces éléments constituent des fondamentaux incontournables pour l'émergence de communautés et de pays plus équitables et plus durables.

Philanthropie africaine

Tonye Cole, fondateur du groupe Sahara et Bongiwe Mlangeni, CEO  de Social Justice Initiative (SJI) prendront chacun la parole lors du African Philanthropy Forum de Rabat les 17 et 18 octobre. Tous deux partageront avec les participants le chemin qu'ils ont parcouru de la philanthropie réactive vers la philanthropie stratégique. Ce chemin les a conduit à prendre des paris ambitieux et des mesures audacieuses pour traiter les problèmes les plus pressants du  continent.  Des philanthropes africains et du monde entier les rejoindront au Maroc pendant deux jours pour débattre du rôle de catalyseur que les philanthropes peuvent jouer sur une série d'autres problèmes critiques auxquels l'Afrique doit faire face. Parmi ces sujets urgents : la nutrition et l'agriculture, le changement climatique, l'emploi des jeunes et l'entrepreneuriat, ainsi que les arts et la culture.

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Commentaire 1
à écrit le 05/04/2017 à 16:04
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C'est formidable que les philanthropes africains se préoccupent des besoins de notre Afrique, berceau de l'humanité. Prenons en main notre DESTINÉE. Je suis membre d'une petite ONG de droit burkinabè qui se préoccupe de la SANTÉ. L'Homme sain de cor...

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