Édito : 'Captain America' et l'Afrique

Dans l'histoire présidentielle américaine, rares ont été les discours de victoire aussi non-interventionnistes que celui prononcé ce 8 novembre 2016 par Donald Trump. Une posture à l'image d'un « Captain America » qui se recroqueville derrière son bouclier étoilé, qui n'est pas pour déplaire à une certaine catégorie d'élites africaines qui ne jurent que par la non-ingérence.
Un partisan de Donald Trump déguisé en "Captain America"

Les sondages ont une nouvelle fois prouvé leur non pertinence. Donald Trump, qui a entamé sa candidature avec 1% d'intentions de votes, trônera désormais sur le fauteuil présidentiel, à l'intérieur du bureau ovale. De l'autre côté de l'Atlantique, au sud de la Méditerranée, le sentiment au réveil était partagé entre indifférence totale et attentisme fébrile. Jusqu'au moment où, dans son discours de victoire, Donald Trump confirme clairement ses intentions internationales, la doctrine qu'il compte adopter dans sa politique étrangère. « Nos intérêts viendront en premier », a-t-il évidement, commencé par affirmer.

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Certes. Tout président, de toute nation, et particulièrement de la première puissance mondiale -encore-, aurait exprimé la même affirmation. La suite, en revanche, est beaucoup plus singulière dans l'histoire présidentielle des Etats-Unis d'Amérique : « je serais loyal envers les nations qui voudront faire du chemin avec nous (...) les USA traiteront toutes les nations sur un même pied d'égalité, avec une logique d'intérêts communs », esquisse-t-il, confirmant ainsi ses orientations de campagne, celles de non-interventionnisme. Il faut dire que ce discours s'inscrit -sans surprise- en complète rupture avec ceux de ses prédécesseurs à la Maison blanche : ni intention de sauver le monde à la « Superman », ni volonté guerrière de le conquérir à la « Rambo ». Il s'agit en l'occurrence d'une position autocentrée de repli et de défense, à l'image d'un « Captain America » qui se recroqueville derrière son bouclier étoilé.

Laisser-faire le business

Mieux encore, les mots prononcés par le nouveau locataire de la Maison Blanche plaident pour un « laisser-faire » global. Un discours qui n'est certainement pas pour déplaire à bon nombre de gouvernements et dirigeants d'Afrique, pour qui toute intervention extérieure est à classer dans le champ de l'ingérence. Ce groupe de pays africains doit déjà se frotter les mains en coulisses, après l'accession au pouvoir de Donald Trump, tout comme, d'ailleurs, les businessmen américains en quête de profit « aveugle ». Une cécité qui est susceptible de rapidement se transformer en « force d'affaires ». L'on ne sait pas encore à quel point cette orientation de laisser-faire sera appliquée, ni quels sont les lignes rouges qui seront établies par les équipes de Trump, mais il est sûr qu'une diplomatie économique débridée des liens moraux, constituerait une force de frappe de gros calibre pour une montée en puissance du business « made in USA » en Afrique. Le tout, sous réserve du maintien du statu quo d'indifférence populaire sur la question.

L'Europe en première ligne

De l'autre côté de la Méditerranée, en Europe, la France pourrait se voir encore plus bousculée par cet éventuel nouvel entrant, dans le champ des affaires du moins. Car sur le champ géopolitique, un éventuel retrait des forces militaires américaines stationnées en Afrique pourrait laisser l'Europe seule face aux défis sécuritaires. Une situation qui ne concerne pas d'ailleurs directement les frontières du pays de Trump, qui a les yeux braqués sur le Mexique.

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L'Europe en revanche, dans ce cas de figure, se sentira obligée de mettre les bouchées doubles pour contenir la pression migratoire, corrélée aussi bien à la sécurité qu'à la dégradation des conditions naturelles sur le continent noir. Bref, si à l'heure d'aujourd'hui, les contours des nouveaux paramètres géopolitiques ne sont pas suffisamment nets, il ne fait aucun doute que les cartes sont en train d'être rebattues. Il est tout aussi sûr que dans cette nouvelle donne, l'Afrique jouera un rôle clé aussi bien pour la stabilité du monde que pour sa croissance économique.

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