Bénin : levée de boucliers contre le projet de réformes économiques

Les réformes économiques introduites par le gouvernement béninois suscitent le mécontentement de la classe politique et des centrales syndicales. En grève depuis plusieurs semaines, ces derniers accusent le pouvoir de vouloir tout privatiser. Une allégation réfutée par l'Exécutif qui tenterait plutôt d'exercer un meilleur contrôle sur les établissements publics.
Le centre hospitalier universitaire de Cotonou, la capitale du Bénin, serait sur la liste des établissements publics à privatiser.

Le gouvernement de Patrice Talon n'arrive pas à fédérer les Béninois autour de ses réformes économiques. Toujours bloquées, celles-ci suscitent de vives critiques et inquiétudes de certains partis politiques et un mécontentement généralisé des sept organisations syndicales.

Depuis quelques semaines, ces dernières notamment dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la justice observent des grèves de 48 à 72 heures en guise de protestation contre les réformes. «Nous ne pouvons pas laisser le gouvernement privatiser les hôpitaux et centres de santé publics. La Constitution du 11 décembre 1990 stipule que l'Etat doit garantir l'accès aux soins pour tous. Déjà avec la gestion actuelle de l'Etat, seulement quelque 51% des Béninois accèdent aux centres de santé et aux hôpitaux publics. Mais quand ces structures seront privatisées, quel sera le sort des milliers de Béninois qui vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté ?», s'indigne Adolphe Houssou, coordonnateur de l'Intersyndicale des ressources humaines en santé (IRHS).

Avec ses collègues et le Collectif des syndicats du secteur de la santé, ils sont tous contre les réformes visant la mise en concession du Centre national hospitalier et universitaire de Cotonou et la mise en affermage des hôpitaux de zones du pays. A l'instar de ces derniers, les confédérations et les centrales syndicales qui rassemblent les salariés des secteurs public et privé menacent de battre le pavé, ce vendredi, pour dénoncer les conséquences néfastes des réformes. Une colère partagée par certains politiques de l'opposition.

Le Sursaut patriotique (FSP), une coalition d'une dizaine de formations politique de l'opposition, s'indigne également contre ces réformes et compte rallier les Béninois à sa cause.

«Travailleurs de toutes conditions, jeunes, Béninois de l'intérieur et de la diaspora, la situation est grave, très grave. Le peuple a faim. Peu de Béninois arrivent à s'assurer deux repas par jour», a tempêté Emmanuel Kokou Zounon, porte-parole du FSP.

«Nous ne sommes pas contre le développement de notre pays. Mais les réformes entamées par le président Patrice Talon sont brusques et suicidaires pour le peuple béninois avec son lot de privatisations des entreprises publiques et de licenciements des milliers de salariés », ajoutera le responsable politique. Un avis qui n'est pas partagé par le gouvernement.

Contrôler la gestion des établissements publics

Pour les dirigeants béninois, les réformes entreprises ne sont pas destinées à privatiser les établissements sanitaires, mais plutôt à améliorer leurs modes de gestion.

«La mise en concession du CHNU et la mise en affermage des hôpitaux de zones du pays ne sont pas des options pour privatiser ces structures sanitaires. Mais ce sont des modes de gestion qui permettront à l'Etat de bien contrôler la gestion efficace de celles-ci», a expliqué le ministre béninois de la Santé, Alassane Seibou dans une déclaration rapportée par l'agence de presse Xinhua.

Une réponse corroborée par un document de la présidence de la République qui explique que ces réformes sont nécessaires pour le redressement économique du Bénin : «Le bilan de près de vint-six années de démocratie et de libéralisme économique révèle que le Bénin, malgré son potentiel, présente de lents progrès vers l'atteinte des résultats de développement durable», explique la présidence béninoise qui ajoute que «la gouvernance du pays dans ses différentes dimensions est marquée avant l'arrivée du président Patrice Talon au pouvoir en avril 2016 par des faiblesses notoires en termes d'efficacité, de transparence et de redevabilité, que le pouvoir actuel doit relever à travers ces réformes».

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