Un tour au CHU Brazzaville donne mal à la tête. Les malades sont à l'abandon, alors que le corps médical a déclaré une grève illimitée depuis mardi dernier.

« Face à l'indifférence et au mépris, grève illimitée des travailleurs du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville à compter du 1er août avec service minimum », peut-on lire sur une affiche postée à l'entrée des services du CHU qui suivent le mot d'ordre de grève. Le désarroi exprimé par l'affiche est partagé par la plupart des médecins du plus grand hôpital du pays. Le docteur Albert Ngatsé-Oko de l'intersyndicale l'explique.

« En premier c'est le salaire. Et puis il y a ce que nous appelons l'aide sociale, c'est-à-dire les indemnités de fin de carrière, les allocations familiales et ainsi de suite. Nous voulons une régularité sur ces aspects », souligne-til. Pour lui, la situation actuelle du corps médical doit être revue afin que l'ordre revienne. Pendant ce temps, les malades de l'hôpital ne savent plus à quel saint se vouer. Entre désespoir et énervement, certains sont obligés d'attendre une évolution rapide de la situation alors que les autres doivent peut-être se tourner vers les cliniques privées.

Du côté des responsables du centre hospitalier, tout en donnant la raison qui explique les retards répétés du versement des salaires des fonctionnaires, on se veut rassurant en annonçant un règlement de la situation des agents dans les « meilleurs délais ». « L'explication est simple : les ressources propres de l'établissement ne peuvent pas couvrir la masse salariale », a déclaré le Directeur général du CHU de Brazzaville, Jérémie Mouyokani.

La direction du CHU perd sa crédibilité

Malgré les explications et les appels de la direction de l'hôpital, la situation ne risque pas de s'améliorer. Les responsables de l'hôpital ne jouissent pas forcément d'une bonne réputation auprès du corps médical. Fin juin 2017, un rapport d'audit réalisé par un cabinet privé congolais avait relevé de nombreux dysfonctionnements au sein du CHU de Brazzaville.

Ce rapport a créé des tensions et a conduit à une manifestation du mouvement citoyen « Ras-le-bol » devant l'hôpital, dans le calme. Le mouvement demandait que le rapport soit rendu public et que les responsabilités soient établies afin que les coupables soient sanctionnés. « Il ne faut pas que des audits soient faits, qu'ils soient cachés et classés sans suite! La une gestion du CHU s'est dégradée sur plusieurs années, il y a des responsabilités à établir », insiste Franck Nzila Malembé, coordinateur du mouvement « Ras-le-bol ».