G5 Sahel : IBK mobilise ses pairs pour monter au front

Le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a entamé une tournée régionale auprès de ses pairs du G5 Sahel afin d’accélérer le processus d’opérationnalisation de la force conjointe. Quelques jours après avoir inauguré le QG de la force conjointe, le président en exercice de l’organisation sous-régionale ne compte visiblement pas attendre le soutien financier de la communauté internationale pour engager les troupes dans les zones de conflits. Il y a de quoi en effet, car à un an de la fin de son mandat, le Mali reste toujours sous l’emprise des groupes terroristes qui menacent la stabilité de toute la sous-région et constitue l’un des tableaux sombres de son bilan.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keita est arrivé ce 12 septembre à N'Djamena, la capitale tchadienne, où il rencontrera Idriss Deby dans le cadre d'une tournée sous-régionale qui devrait le conduire ce mercredi au Niger avant de se rendre par la suite au Burkina chez Roch Marc Christian Kaboré. Avant son départ, IBK qui assure actuellement la présidence du G5 Sahel, s'est entretenu, mardi matin à Bamako, avec son homologue mauritanien Mohamed Abdelaziz qui était la veille à Niamey où il s'est entretenu avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou.

Au centre de ce ballet diplomatique, l'entrée en service de la Force conjointe du G5 Sahel dont le processus a connu un coup d'accélérateur il y a quelques jours avec l'inauguration, le samedi dernier, de l'état-major de la force conjointe qui a été installée dans la zone militaire de Sévaré au centre du Mali, une zone dans laquelle les groupes terroristes continuent à mener leurs attaques meurtrières.

La Force du G5 bientôt opérationnelle

Les choses commencent donc à bouger après plusieurs mois de tâtonnements. Si beaucoup reste à faire avant de voir les troupes sahéliennes entrer en action, les préparatifs vont bon train. «La Force conjointe est d'une importance majeure non seulement pour les pays du Sahel mais aussi pour nos partenaires d'Europe» n'a pas manqué de souligner IBK  qui n'entend visiblement pas attendre l'appui financier de la communauté internationale qui se fait toujours attendre. Pour le chef de l'Etat malien, «il est urgent de rendre la force du G5 crédible en urgence», un préalable qui devrait pousser les pays les plus réticents, notamment au sein du conseil de sécurité de l'ONU à soutenir davantage l'initiative des 5 pays membres du G5 Sahel. La tournée du président malien intervient d'ailleurs à quelques jours d'une nouvelle session consacrée à la situation dans la zone du conseil de sécurité et surtout alors que s'ouvre dans moins d'une semaine, l'Assemblée générale annuelle des Nations Unies, une occasion que les chefs d'Etat du G5 Sahel entendent profiter pour davantage de plaidoyer.

Dans cette optique, IBK veut aller avec du concret. Lors de l'inauguration du centre opérationnel de la force sous-régionale, le président en exercice du G5 s'est dit satisfait des progrès enregistrés notamment l'arrivée des premiers équipements et matériels militaires ainsi que la présence effective des différents responsables militaires en charge des opérations militaires.

Tout est donc presque prêt pour accueillir les premiers bataillons annoncés dans les prochaines semaines et c'est visiblement la bonne nouvelle que va porter IBK à ses homologues, ce qui devrait permettre le débloquer les premiers fonds que les pays du G5 Sahel ont eux-mêmes décidé de mettre sur la table pour l'opérationnalisation de la force.

Le Mali a été d'ailleurs le premier à se manifester avec la mise à la disposition, le 30 août dernier, d'une dizaine de véhicules militaires armés, à l'état-major de la force sahélienne.

Le nerf de la guerre toujours problématique

Selon la présidence malienne, au cours de sa tournée et de ses échanges avec ses pairs du G5 Sahel, IBK discutera «des moyens susceptibles de renforcer la concertation et la coordination destinées à accélérer l'opérationnalisation de la force conjointe».

Les pays du G5 Sahel vont donc commencer à compter sur leurs propres moyens car même si la résolution 2359 adoptée en fin juin dernier par le Conseil de sécurité soutient la force sahélienne, les moyens financiers font toujours défaut. A ce jour, seul l'Union européenne a promis une enveloppe de 50 millions d'euros alors que le budget prévisionnel annuel est estimé à une enveloppe de plus de 420 millions. La France a également promis une assistance financière de 8 millions d'euros en plus de matériels militaires et lors du dernier sommet de Bamako, chacun des 5 pays membres s'est engagé à mettre la main à la poche afin de débloquer 10 millions d'euros, un montant encore insuffisant au vu de l'ampleur de la tache. Cependant, les dirigeants du G5 ont convenu avec la France, qui devrait appuyer la force avec son opération Barkhane qui intervient également sur le même espace et pour presque les mêmes missions, «qu'il n'était pas nécessaire d'attendre tout le financement pour commencer les opérations».

Le G5 Sahel a été créé à Nouakchott en février 2014, afin de mutualiser et  coordonner les politiques des pays membres en matière de renforcement de la sécurité et la stabilité ainsi que du développement dans l'espace sahélo-saharien. Par la suite, les chefs d'Etat des cinq pays membres ont décidé de mettre en place une force conjointe du G5 Sahel avec pour mission de combattre le terrorisme et les différents trafics illicites dans la sous-région avec un effectif initial de 5 000 soldats qui pourrait à terme se hisser à 10 000 hommes.

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