Tchad-Qatar : les profondes raisons de la colère de Deby

Les raisons de la décision des autorités tchadiennes de fermer l’ambassade du Qatar à Ndjamena et de rapatrier son personnel diplomatique en poste à Doha ont désormais un nom ou plutôt une figure. Il s’agit de Timane Erdimi, neveu du président Déby et chef rebelle en exil depuis 2009 au Qatar. Le Tchad réclamait depuis des mois son extradition mais face à la réticence du Qatar et certainement galvanisé par les implications africaines de la crise du Golfe, le gouvernement tchadien a décidé de sévir quelques jours après que des éléments considérés comme des rebelles appartenant à l’UFR de Timane Erdimi, ait attaqué une unité de l’armée tchadienne à partir de la Libye.

Moins de 24h après avoir officiellement annoncé sa décision de fermer l'ambassade de Qatar à N'Djamena et de rappeler son personnel diplomatique en poste à Doha, on en connait un peu plus les raisons qui ont poussé le gouvernement tchadien à prendre cette décision des plus radicales. Officiellement, le ministère tchadien des Affaires étrangères a justifié sa décision par « l'implication continue de l'État du Qatar et de ses alliés dans les tentatives de déstabilisation du Tchad depuis la Libye ». Ce jeudi 24 août, le chef de la diplomatie tchadienne Hissein Brahim Taha a été un peu plus explicite en confiant à RFI que le Qatar  « protège M. Erdimi, qui est encore là-bas. Et M. Erdimi, bien sûr, continue de réunir ses hommes. Il le dit d'ailleurs ouvertement dans la presse, cela a été relayé, que l'UFR s'est réunie et qu'ils essaient de relancer la guerre au Tchad ».

« Nous pensons que le Qatar héberge une personne hostile à nous et qu'il le laisse bouger, faire des actes qui peuvent remettre en cause la stabilité au Tchad » a insisté le ministre tchadien pour qui « le problème actuel avec le Qatar est un problème bilatéral. Ce n'est pas la poursuite de la crise diplomatique née dans le pays du Golfe ».

Si cette affaire qui plombe les relations entre les deux pays remonte bien avant le déclenchement de la crise du Golfe, le Tchad ne serait toutefois pas allé si loin sans tenir compte de la mauvaise posture dans laquelle se trouve le riche émirat, isolé par ses partenaires arabes. Cependant, ce sont les récents événements qui se sont déroulés le weekend dernier dans le nord du pays à la frontière libyenne qui a précipité la décision tchadienne qui a vu une patrouille de son armée attaquée par une colonne de rebelles lourdement armés en provenance de la Libye et se réclamant d'un mouvement visant à « chasser le président Déby du pouvoir et libérer ainsi le Tchad ». L'armée tchadienne a perdu beaucoup d'homme et la force de frappe dont ont fait preuve les rebelles à certainement inquiéter N'Djamena  qui voit la menace s'amplifier alors que des soupçons pèsent sur le Qatar et certains de ces groupes alliés en Libye, d'avoir apporté un soutien en matériel et armement aux groupes rebelles.

Une vielle affaire de famille

Pour le gouvernement tchadien, cela ne fait aucun doute : le coupable c'est Timan Erdimi qui dirige une coalition de plusieurs groupes rebelles réunis au sein de l'Union des forces pour la résistance (UFR). Depuis quelques mois, ce mouvement qui a été à l'origine de la rebelle qui a failli emporter le régime de Déby de 2007 à 2009 semble avoir repris du poil de la bête et menace de reprendre les hostilités.

A-t-il passé à l'acte comme le laisse entendre le pouvoir de N'djamena en profitant du soutien du Qatar et surtout de la poudrière libyenne où s'agit-il d'un autre groupe rebelle ? Rien n'est sûr pour l'heure d'autant qu'à travers un de ses responsables, l'UFR a dégagé toute responsabilité dans cette brouille diplomatique.

Ce qui est sùr, Timan Erdimi continue à couler des jours tranquilles à Doha et n'a visiblement pas, à en croire les déclarations de l'UFR, tempéré ses ambitions de faire partir Déby.

La pilule est difficile à avaler pour le président tchadien qui prend la menace comme une affaire personnelle. Timan Erdimi est en effet le propre neveu d'Idriss Déby qu'il a d'ailleurs servi plusieurs années en même temps que son frère jumeau Tom Erdimi. La rupture est intervenu en 2007 lorsqu'ils ont déclenché la fameuse rébellion qui est parvenue jusqu'aux portes du palais présidentiel de N'Djamena avant d'être défaite par les troupes de Déby qui a bénéficié du soutien de la dernière chance de la Libye de Kaddhafi et de la France. A l'époque, c'est du Soudan que la rébellion est partie ce qui a provoqué également une brouille diplomatique entre les deux pays avant que Déby et Omar El Béchir ne fument le calumet de la paix quelques années plus tard.

Depuis, les deux frères Erdimi, condamnés par contumace à plusieurs reprises par la justice tchadienne, sont devenus les ennemis publics numéros 1 du président tchadien. En dépit des mandats d'arrêts internationaux délivrés par le pays et la demande d'extradition adressée au Qatar, Timan Erdimi reste toujours hors de portée de Déby.

En juin dernier à la suite de la crise du Golfe, le Tchad avait certes appelés les différentes parties au dialogue mais a décidé de rappeler son ambassadeur à Doha « pour consultations ».

Avec les récentes attaques qui risquent d'ouvrir un nouveau front pour le Tchad, qui a déjà fort à faire avec Boko Haram au sud, Idriss Déby a donc décidé de passer à la vitesse supérieure. D'autant qu'il a été, lundi dernier, appelé à intervenir en Lybie par une délégation des principales tribus du pays.

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Commentaires 2
à écrit le 26/08/2017 à 15:44
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ha ha Qatar s'il veut combattre avec Tchad ô les soldes tchadien révèlent vous pour défendre notre pays

à écrit le 25/08/2017 à 20:56
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Dans tous les cas deby doit s assumer en ce temps de rabattement.aucun tchadien ne pourra s ingerer dans cettte folie familiale.q il nous tranquile.

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