Afrique du Sud : Gordhan garde sa casquette ANC pour le moment

L’Afrique du Sud retient son souffle jusqu’au 18 avril, date du vote de la motion de censure déposée contre le président Jacob Zuma. C’est justement pour pouvoir convaincre des parlementaires ANC de se joindre à l’opposition dans un vote favorable à la motion de censure que l’ex-ministre des Finances, Parvin Gordhan, a décidé de ne pas démissionner de son poste de parlementaire. L’opposition nécessite 50 votes favorables de députés ANC pour pouvoir renverser le rapport de force à l’Assemblée nationale, reste à savoir si ces derniers oseront aller à l’encontre de la discipline interne du parti.
Amine Ater

Au centre de l'attention médiatique depuis son éviction du gouvernement Sud-Africain, le 31 mars dernier, l'ex-ministre des Finances, Pravin Gordhan vient d'annoncer sa décision de ne pas démissionner de son poste de parlementaire de l'ANC. Une décision qui a surpris une partie des observateurs, qui s'attendaient à ce que Gordhan emboîte le pas à 3 autres ministres évincés qui ont rendus leurs cartes de partis.

Conscience vs discipline interne

En effet, Dipuo Peters, Tina Joemat-Pettersson et Mcebisi Jonas, respectivement ex-ministre des Transports, de l'Energie et ministre délégué des Finances ont rappelons-le déposé leurs démissions en tant que députes, dès l'annonce de leur limogeage par le cabinet de Jacob Zuma. Un geste qui a été perçu par une partie de la presse sud-africaine comme un moyen de s'assurer les pensions de de leurs postes gouvernementaux et non celles de parlementaires.

L'ex-ministre des Finances, devenu figure de proue de l'opposition interne à Zuma par la force des choses n'emboitera pas le pas de ces ex-collègues. Ce dernier vient de réitérer sa volonté de participer au vote portant sur la motion de censure à l'encontre du président Zuma, prévue pour le 18 avril prochain. Un vote dont l'issue reste indécise malgré le fait que les dirigeants de l'opposition aient exhortés les parlementaires de l'ANC « à voter en fonction de leurs consciences ».

Parallèlement, les opposants internes à Zuma s'inquiètent de l'impossibilité du vote secret au parlement. Une mesure qui pourrait obliger une certaine partie des opposants internes à Zuma a voté contre la motion de censure, de peur de contrevenir à la discipline interne de parti. L'ANC détient 62% des sièges de l'Assemblée nationale sud-africaine.

50 votes de l'ANC suffiront à l'opposition

En clair, seul un vote favorable d'une grande partie des députés ANC, pourra faire passer cette motion de censure. Une mesure qui reste loin d'avoir assuré son passage après que Gwede Mantashe, secrétaire général de l'ANC ait rappelé publiquement que les membres du parti ne seront pas autorisés à voter contre le chef du parti le 18 avril prochain.

 Bien que Zuma fasse face à un des plus importants mouvements de fronde interne depuis a création de l'ANC il y'a 105 ans. Ce dernier compte sur le soutien du Comité National du parti, dont les membres devraient peser de tout leur poids pour permettre à Zuma de terminer son mandat jusqu'en 2019. Il n'empêche qu'il ne faudra à l'opposition que 50 votes ANC pour faire passer la motion de censure. Un minimum requis qui explique en partie la décision de Gordhan de garder sa casquette de parlementaire, une manière pour ce dernier d'essayer de convaincre les indécis.

En cas d'échec de la motion de censure, il est fort possible que Gordhan claque à son tour la porte de l'ANC. Une sortie qui pourrait être suivie par la création d'un nouveau parti porté par l'ex- ministre des Finances selon la presse sud-africaine. Une formation qui pourrait mettre en péril la main-mise de l'ANC sur la paysage politique sud-africain.

Amine Ater

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