Soudan : depuis la Jordanie, Omar El Béchir continue de narguer la justice internationale

Encore une fois, le « récidiviste » s’en tire à bon compte ! A force de jouer au jeu du « chat et de la souris », Omar El Béchir a fini par en avoir la parfaite maîtrise. Malgré les accusations de crimes contre l’Humanité qui pendent comme un couperet de guillotine sur sa tête, le président soudanais, protégé par ses alliés, honni par les organisations internationales, continue de narguer la justice internationale. Jusqu’à quand ?
Ibrahima Bayo Jr.

Tripoli, Le Caire, N'Djamena, Djibouti, Nairobi, Addis-Abeba, Johannesburg ou encore Doha, même Pékin. Le scénario est toujours le même, seul le décor change. On ne compte plus les capitales en Afrique ou hors du continent où le président soudanais, Omar El Béchir peut atterrir, séjourner et repartir enturbanné et sans crainte d'être arrêté pour répondre de la longue liste d'accusation dont il fait l'objet.

El Béchir à Amman malgré le zèle des ONG internationales

Rebelote cette semaine à Amman ! A 73 ans -dont 27 ans au pouvoir-, Omar El Béchir a encore bravé les mandats d'arrêts émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, génocide et crimes contre l'Humanité supposément commis durant la guerre du Darfour qui éclata en 2003 et décima plus de 300.000 morts et fit quelque 2,5 millions de réfugiés.

A l'invitation « personnelle » du roi Abdallah II, signale-t-on du côté de la Jordanie, le Président soudanais a pu participer au sommet de la Ligue des Etats arabes qui se tenait les 29 et 30 mars en Jordanie, sur les rives de la mer morte. De quoi hérisser de tous poils les organisations de défense des droits l'Homme, Human Rights Watch(HRW) en tête, qui ont réclamé l'arrestation du trublion président aux autorités du pays, un des 124 membres de la CPI.

Omar El Bechir

Omar El Béchir (3ème en partant de la gauche), ici à Amam, ce mercredi 28 mars 2017

Les roues de l'avion transportant Omar El Béchir n'avaient pas encore touché le tarmac de l'aéroport Al Madani de Marka à l'est d'Amman qu'Amnesty International avait envoyé une lettre à Amman pour rappeler à la Jordanie son obligation de procéder à l'arrestation ou à l'expulsion du premier Président en exercice recherché par la CPI.

Soutien des alliés

Tant pis pour les organisations internationales ! La position de la ligue arabe a toujours été de ménager les injonctions de la juridiction basée à La Haye. Au pouvoir depuis 1989, Omar El Béchir sait bien se jouer des subtilités du droit international et des intérêts diplomatiques et stratégiques des autres pays.

Le président soudanais avait par exemple profité de la « mauvaise perception » de la CPI en Afrique pour se rendre au 25ème sommet de l'Union africaine (UA) de Johannesburg en juin 2015. Sa présence et son départ sans être arrêté avait alimenté une passe d'armes diplomatique entre Pretoria et la juridiction basée à La Haye au point de motiver le retrait de l'Afrique du Sud du Statut de Rome.

Entre temps, le Président soudanais, poursuivi depuis 2008 par la CPI, continue de voyager sans souci et donc de narguer la justice internationale. Là où il passe, ce militaire de 73 ans suscite la polémique sans plus. Mieux -ou pire, c'est selon-, il trouve toujours le soutien de ses alliés de la Ligue arabe ou de l'Union africaine (UA) pour s'aménager une porte de sortie et s'engouffrer dans son avion pour voler vers une autre capitale.

La perspective de le voir traduit devant la justice semble lointaine. Au jeu de la course-poursuite du « chat et de la souris », il a à coup sûr, une longueur d'avance. Mais pour combien de temps encore ?

Ibrahima Bayo Jr.

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