Trump président : fin du parapluie américain dans les interventions militaires ?

L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait donner lieu à changement à 180° de la politique étrangère américaine. En témoigne, les discours isolationnistes portés tout autant par Trump que par son rival lors de la primaire républicaine, Ted Cruz. Une orientation qui suscite la crainte des partenaires historiques des Etats-Unis, qui pourraient se retrouver privé du soutien de la machine de guerre américaine, comme ce fut le cas pour la France en Libye et au Mali
Amine Ater
Les volontés isolationnistes de Donald Trump pourraient déboucher sur une retraite totale ou partielle de l'Otan, jugée trop coûteuse pour le contribuable américain par Donald Trump

La victoire de Donald Trump aux élections présidentielles représente un véritable changement de paradigme. En plus d'avoir mis les projecteurs sur le cratère qui existent entre une large partie des médias, l'intelligentsia Nord-américaine et l'électorat de base. L'arrivée du candidat républicain à la Maison Blanche devrait se traduire par une rupture en termes de relations internationales. En effet, le nouveau président des USA a réitéré tout au long de sa campagne son désir de réduire l'interventionnisme américain et remettre à l'ordre du jour une politique isolationniste.

Lire aussi : Riva Levinson : le 'joker' de Trump en Afrique ?

Une orientation qui était également défendue par son principal rival, lors de la primaire républicaine, le sénateur Ted Cruz. Ce dernier avait ouvertement critiqué l'interventionnisme lors d'un meeting en décembre 2015 : « Les néoconservateurs qui veulent envahir tous les pays de la planète et envoyer nos enfants mourir au Proche Orient ». Une logique partagée par Donald Trump qui avait également fustigé les politiques précédentes au Proche-Orient, « nous y dépensons des milliers de milliards de dollars, alors que l'infrastructure de notre pays est en train de se désintégrer ». Un discours qui semble avoir séduit les cols bleus, qui ont voté massivement pour le candidat républicain. Une tranche de la population qui reste plus intéressée par des sujets locaux que des intérêts géostratégiques.

Désillusions post-2008

Les Etats-Unis sortent rappelons-le, d'une décennie d'interventions armées avec les résultats que l'on connaît en Irak et en Afghanistan conjugués aux effets de la crise des sub-prime de 2008. Des facteurs ayant nourri la défiance des citoyens américains envers leurs élites et leur volonté d'hégémonie. Chose qui favorise un retour de l'isolationnisme qui était le credo des conservateurs avant la seconde guerre mondiale. Un discours renforcé par les difficultés économiques que traverse le pays. Le sujet de la dette publique conduit en effet une partie des républicains à militer pour une réduction des dépenses au maintien des budgets militaires.

Lire aussi : Édito : 'Captain America' et l'Afrique

La victoire de Trump démontre par ailleurs, une volonté de l'électorat de se recentrer sur les Etats-Unis. Une orientation qui implique que nombre d'Etats devront dorénavant porter par leur moyens propres leur part du fardeau du système de sécurité international. En clair, Paris devra étudier sérieusement des palliatifs à la logistique de guerre américaine qui a facilité plusieurs opérations militaires dont la Libye, le Mali, la Syrie ou encore l'Irak. En se basant sur les déclarations de Trump lors de la campagne électorale, ce dernier devrait tendre la main vers Pékin et Moscou. Ce qui pourrait se traduire par la mise en place d'une alliance avec la Russie pour créer un front unique contre l'Organisation de l'Etat islamique, même s'il lui fallait reconnaître l'annexion de la Crimée par Moscou. L'OTAN est également dans le collimateur du nouveau président américain qui a critiqué à mainte reprise, le rôle de l'organisation militaire et les dépenses qu'elle suppose pour le contribuable américain.

Fin du parapluie américain ?

Du côté européen, cette victoire fait craindre la perte du parapluie américain, notamment en Europe centrale et de l'Est. Ce qui impliquerait une hausse des budgets militaires anglais, allemands et français, qui se verront obliger de remplacer au pied levé, les troupes américaines présentes en Pologne ou encore en Estonie, en cas de retrait. La crainte européenne est également économique, vu le désir affiché de Donald Trump de faire table rase des accords de libre-échange en vigueur dont notamment le fameux Tafta, toujours en négociation.

Lire aussi : Le voisinage libyen en quête d'une sortie de crise

Au niveau africain, cela pourrait impliquer une réduction drastique des effectifs US présents aux quatre coins du continent. Des contingents qui conseillent et forment notamment les troupes des pays sahéliens et d'Afrique de l'Ouest en prise avec Boko Haram , Aqmi, Ansar Eddine, Mujao et les satellites de l'Etat islamique. Ce qui ne devrait pas inquiéter plus que mesures les dirigeants africains vu la présence française et l'arrivée de troupes allemandes.

Amine Ater

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.