Conseil de sécurité : Alpha Condé demande deux sièges permanents pour l'Afrique

Le président guinéen Alpha Condé, actuellement à la tête de l’Union africaine, a fêté à sa manière la Journée mondiale de l'Afrique qui correspond à la création de l'OUA, ancêtre de l'UA, le 25 mai 1963. Pour marquer son panafricanisme à cette occasion. Proposant une série de réformes pour l'UA, Condé a aussi demandé dans la foulée deux sièges pour l’Afrique au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour que la voix du continent soit mieux entendue.

Aujourd'hui à travers tout le continent, l'on rend hommage aux pères fondateurs de la défunte institution OUA. Car 54 ans plus tard, leur combat pour l'unité et la souveraineté du berceau de l'humanité est toujours d'actualité comme le confirme le souhait de l'actuel président de l'UA, Alpha Condé, qui réclame deux sièges de membre permanent pour l'Afrique au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. Pour le président guinéen, l'heure est arrivée de lever une injustice faite à l'Afrique depuis le 24 octobre 1945, date à laquelle l'ONU a été créée. Selon Condé, il est inconcevable de priver la région la plus jeune au monde de droit de veto.

L'Afrique, un continent marginalisé

Deux Africains sur trois ont moins de 25 ans. Vu sur cet angle, il est temps «de tenir compte de l'importance démographique, politique et économique de notre continent afin de reconsidérer le rôle qu'il peut et doit jouer sur la scène internationale», a dit le président de l'UA qui insiste sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité pour réparer l'injustice dont est victime le continent africain depuis des années.

«D'une manière globale, il faut que soit instauré un système de coopération internationale juste et équitable, basé sur un partenariat gagnant-gagnant à travers les principes de la responsabilité et de la solidarité. L'intégration productive de l'Afrique dans l'économie mondiale en dépend», a encore fait savoir Alpha Condé qui appelle également à une réforme de l'Union africaine dont il est le président en exercice.

Une réforme avant tout de l'UA

Les défis qui interpellent l'Union africaine sont nombreux. Parmi les plus urgents figure la réforme proprement dite de l'institution pour permettre de centrer son action sur les domaines prioritaires ayant une portée continentale, tout en gardant son autonomie financière.

«Notre institution panafricaine, pour être crédible, ne peut plus se reposer sur l'assistance financière des partenaires», a estimé Condé qui précise également «qu'il est temps, grand temps, de prendre nous-mêmes en charge le financement de nos propres ambitions et de nos propres rêves». En plus de ses lourdeurs bureaucratiques, il est aussi reproché à l'UA de toujours dépendre des institutions financières internationales pour assurer son budget de fonctionnement. Il faut rappeler que l'UA dispose d'une chambre parlementaire, mais les représentants du peuple africain au sein de cet hémicycle n'ont aucun pouvoir législatif. D'ailleurs cet organe, financé en partie par l'Afrique du Sud, est jugé budgétivore.

Une intégration régionale très lente à renforcer

Outre une autonomie financière pour l'UA, il faut aussi accélérer le processus d'intégration du continent qui reste encore très fermé sur lui-même. La création d'une zone de libre échange est une nécessité pour l'Afrique. Le niveau du commerce intra-africain est de seulement 17%. L'Afrique échange plus avec le reste du monde qu'avec elle-même. «Ensemble, nous devons participer à la réalisation d'une Afrique unie, prospère, intégrée, tant économiquement que politiquement, dans un contexte de paix, de sécurité et guidée par les nobles idéaux du panafricanisme», a encore déclaré Condé pour exprimer son attachement à l'intégration africaine.

Mettre fin aux conflits et à l'émigration clandestine

La prévention des conflits est également un vœu cher à Condé. De nombreux pays du continent sont actuellement en proie à des crises politiques et sécuritaires. Au moment où le terrorisme gagne du terrain dans le Sahel, le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est miné par une guerre civile depuis 2013. La plus jeune nation au monde qui dispose de gigantesques réserves de pétrole peine aujourd'hui à profiter de ses richesses à cause de la guerre. Un paradoxe qui interpelle encore une fois le panafricanisme de Condé :

 «La prévention des conflits et le règlement pacifique des différends à travers le dialogue et la médiation revêtent une importance cruciale pour la réalisation de l'objectif visant à faire taire les armes en Afrique à l'horizon 2020».

En attendant la mise en place de cet agenda, l'émigration clandestine, fruit de cette situation tragique continue de faire des ravages. Ayant perdu tout espoir de rester en Afrique, des milliers de jeunes africains sont tués chaque année sur la route de l'émigration clandestine vers l'Europe qu'ils considèrent comme un Eldorado. La crise des réfugiés est aussi une question de l'heure qui demande une réponse urgente.

Pour toutes ces préoccupations, l'Union africaine a pris ses responsabilités le 7 mai à Kigali, lors d'une rencontre de haut niveau qui a réuni la majorité des pays membres de l'Union. Reste maintenant l'application de toutes ces réformes prônées par le président de l'UA lui-même. Rendez-vous est pris pour le prochain sommet prévu à Addis-Abeba au mois de juillet pour débattre une seconde fois de la mise en œuvre de la réforme de l'institution.

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Commentaire 1
à écrit le 26/05/2017 à 21:39
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2 sièges pour l'Afrique au conseil de sécurité??? Et pourquoi faire M. Condé ? Pour protéger les dictateurs et laisser libre cours à la mauvaise gouvernance? Pour dilapider l'argent des citoyens africain à travers l'organisation africaine de la corru...

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