Le Maroc s’apprête à dépoussiérer son administration

Le gouvernement marocain semble déterminé à réformer la fonction publique. Un chantier qui s’annonce long et qui demeure à la phase du débat interministériel, mais qui pourrait changer durablement le visage du secteur public, notamment en remplaçant le concours par la contractualisation comme mode d’embauche principal.
Amine Ater
Le gouvernement El Othmani a repris à son compte, les travaux lancés par la commission de professionnalisation de la fonction publique lancés par le gouvernement Benkiran II.

Le Maroc s'apprête à revoir de fond en comble le mode de fonctionnement de la fonction publique, un secteur qui a jusqu'à récemment été utilisé comme soupape sociale. Le gouvernement El Othmani a repris à son compte, les travaux lancés par la commission de professionnalisation de la fonction publique lancés par le gouvernement Benkiran II.

Plus d'un demi-million de fonctionnaires

Pour l'exécutif marocain, l'objectif de cette réforme est de dépoussiérer les méthodes managériales utilisées dans la fonction publique, en y introduisant de nouveaux modes de recrutement, de valorisation et d'évaluation des fonctionnaires. Le Maroc comptait en 2016, 583.000 fonctionnaires (hors collectivités locales et établissements publics), soit une masse salariale de 106,8 milliards de dirhams par an (un peu plus de 11 milliards de dollars).

La réforme du secteur public qui a fait l'objet d'un débat interministériel, lors du dernier de conseil du gouvernement marocain qui s'est tenu ce jeudi 24 août et qui selon le porte-parole ne devrait pas nécessiter de changement juridiques. En effet, l'embauche par contrat est déjà prévue par le code de la fonction publique et l'exécutif y a recours, notamment au niveau des proches collaborateurs des ministres.

CDI et CDD à la place du concours

« Bien que ce mode d'embauche est déjà prévu par la loi, le mode de recrutement dans la fonction publique reste dominé par le concours. Une orientation confirmée par la loi de Finances 2018 qui en comporte plusieurs », précise Mustapha El Khalfi, ministre délégué aux Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement.

Par contractualisation, le gouvernement marocain vise notamment à introduire autant de CDI que de CDD, au lieu du recours au concours ou encore de plus systématiser le statut de fonctionnaire, pour privilégier celui de salariés. Un changement qui vise tout autant à générer des économies budgétaires, qu'à améliorer la qualité des services, après que le recours systématique au concours ait montré ses limites en terme qualitatif.

Une réforme risquée

« La contractualisation n'est qu'une étape parmi d'autres dans la modernisation de la fonction publique, nous comptons revoir le système de notation, d'évaluation et de récompense des fonctionnaires », explique El Khalfi. Un véritable défi pour le gouvernement El Otmani qui devra faire face à des résistances internes et à un mode de fonctionnement qui dure depuis les années 1960.

L'autre inconnue de cette réforme, reste les gardes fous qui devraient l'accompagner. La généralisation de la contractualisation comme mode d'embauche pour le public, pourrait créer de nouvelles formes de népotismes et de collusions, notamment au niveau des régions, collectivités locales, communes urbaines et rurales. Des structures où les élus pourraient être tentés par le recours massif aux CDD, dont la durée serait calquée sur leurs mandats, pour faire bénéficier leur entourage de rentes.

Amine Ater

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Commentaire 1
à écrit le 27/08/2017 à 11:38
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"pourrait créer de nouvelles formes de népotismes et de collusions" : il faut remplacer "pourrait créer" par "créera sans aucun doute". Sans oublier non plus la dégradation des conditions de travail et la violation des droits du personnel

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