Tunisie : le gouvernement Chahed maintient sa ligne dure contre la corruption

L’opération «main propre» continue avec son lot d’arrestations en Tunisie. La «guerre» contre la corruption, menée par le chef du gouvernement Youssef Chahed, s'est soldée à ce jour par l'arrestation de huit personnes pour corruption, contrebande et complot contre l’Etat. Une nouvelle accueillie positivement par l’opinion publique, chauffée à blanc après la mort d’un manifestant dans la province de Tataouine.
Amine Ater
Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, semble déterminé à mener «sa guerre contre la corruption» jusqu'au bout

La lutte contre la corruption promise par le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, lors de son investiture vient de prendre un nouveau tournant avec l'arrestation d'hommes d'affaires et d'un agent des douanes. «Dans la guerre contre la corruption, il n'y a pas d'alternatives. C'est soit la corruption, soit l'Etat. Le gouvernement assume ses responsabilités et conduira la guerre contre la corruption jusqu'au bout», a martelé le chef du gouvernement tunisien au lendemain du coup de filet opéré par la police.

Coups de filet en série

Cette guerre contre la corruption s'est traduite par l'arrestation, le 23 mai, de l'homme d'affaires Chafik Jarraya, de l'ex-candidat à la présidence Yassine Chennoufi, de l'homme d'affaires Nejib Ben Ismaïl ou encore de l'officier de douanes Ridha Ayari. Des arrestations conduites en vertu de l'état d'urgence en vigueur dans le pays depuis plus d'un an. Les prévenus auraient été placés en résidence surveillée où ils devront être soumis aux interrogatoires des enquêteurs.

La première série de gardes a été suivie par un nouveau coup de filet visant les frères Adel et Fathi Jnayeh dans une localité du centre-est du pays et Ali Griri à proximité de la frontière algérienne. Ces derniers sont accusés de participation à des activités de contrebande.

Des complots et des réseaux qui s'étendent jusqu'en Libye

En plus des chefs d'accusation de corruption et de contrebande, les personnes arrêtées sont également poursuivies pour «complot contre la sécurité de l'Etat par incitation et financement des mouvements de protestation à Tataouine et dans d'autres régions». En effet, les mouvements de protestation qui secouent la région méridionale de Tataouine et qui ont dégénéré en affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, ont poussé le gouvernement à lancer son opération «main propre».

La pression sur l'Etat s'est accentuée après le décès d'un manifestant écrasé par un véhicule de la gendarmerie, lors des échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre aux abords du site pétrolier d'El Kamour. Des troubles que le gouvernement tunisien attribue à la collusion entre une partie des milieux des affaires et ceux de la contrebande dont les ramifications s'étendraient jusqu'à la Libye voisine.

La fermeté affichée par l'Etat dans la gestion de cette affaire vise également à faciliter au gouvernement la mise en œuvre de réformes économiques, voulues par les partenaires et bailleurs de fonds internationaux de Tunis. Les manifestations contre le projet de loi d'amnistie proposée par le gouvernement sont également à prendre en compte, surtout après les déclarations de Imad Trabelsi (neveu de l'ancien président Ben Ali) à la télévision publique où il alertait les Tunisiens sur la résilience du système de corruption mis en place par l'ancien régime et qui serait toujours actif.

Amine Ater

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