Législatives en Gambie : journée décisive pour le Président Barrow

Ce jeudi 06 avril 2017 est un grand jour pour la démocratie en Gambie. Des milliers d’électeurs sont appelés à voter pour choisir leurs représentants à l’assemblée nationale. Le pouvoir et l’opposition doivent se partager cinquante-trois postes de députés. Les pronostics ont commencé depuis le mois de mars, début de la campagne pour les élections législatives. Mais déjà, tout le monde ou presque s’accorde à dire que la chambre va désormais changer de visage quelque soit l’issue du vote. Une première après la fin du règne de Yahya Jammeh.

Jour de vérité en Gambie demain dès l'aube. Plus de 800.000 électeurs partiront jeter leurs billes pour choisir leurs représentants à l'assemblée nationale de leur pays. Pas moins de 239 candidats répartis dans plusieurs partis politique, neuf pour être exact, sont en lice. L'enjeu est de taille. Il consiste à diversifier le nouveau parlement afin d'instaurer de vrais débats au Reverend paye lane building, siège de la chambre des représentants du pays, considéré comme une « chambre au pas » durant les 22 ans de règne sans partage de l'enfant de kanilai, Yayah Jammeh, désormais en exil en Guinée Equatoriale.

Vrai une vraie rupture ?

Et ce rêve, à toutes les chances de se réaliser à condition que le vote se déroule dans la transparence. Joint par La Tribune Afrique, le directeur du West African Research Center (WARC), Dr Ousmane Sène se dit optimiste.

« Oui on peut s'attendre à une rupture. Une rupture qui passe d'abord par une majorité à l'assemblée pour Adama Borrow à l'issue d'élections organisées dans la transparence. Le nouveau président qui a droit déjà à 5 députés, selon la loi électorale gambienne, pourra tranquillement travailler tout en donner aux députés de la minorité la liberté de représenter leurs votants ».

Mais ce scénario n'est possible que si la coalition qui l'a porté au pouvoir, dispersée aujourd'hui, se retrouve. Une dispersion que M. Séne explique par une mauvaise répartition des responsabilités après la victoire du troisième président Gambien.

« Le problème des coalitions n'apparaît pas quand il s'agit de battre campagne pour une élection présidentielle. Tout se passe bien dans cette période. C'est après la victoire que les égos vont surgir. Certains partis se croiront plus intelligents que les autres, d'autres plus représentatifs. Malheureusement, c'est ce qui est arrivé à la coalition qui a porté Adama Barrow au Pouvoir », a confié Ousmane Séne à LaTribune Afrique

Ce n'est pas encore gagné pour Barrow

Les premiers clashs ont commencé juste après le départ de Jahya Jammeh lorsque Mai Fatty, patron du parti GMC, conseiller spécial du nouveau leader gambien, a révélé à la presse que Yahya Jammeh est parti en exil avec un montant estimé à 7 milliards de Fcfa. Une sortie médiatique très mal vue au sien même du camp des vainqueurs. Les nouvelles autorités ne voulaient pas avoir l'air revanchardes. D'ailleurs, Halifa Sallah, leader du parti PDOIS, membre de la coalition présidentielle et porte-parole officiel d'Adama Barrow s'était précipité pour démentir cette information. De son côté, le nouveau locataire de la State House, Palais présidentiel Gambien, s'emploie depuis ce « tésaanté » (polémique en langue wolof) à essayer d'éteindre ce feu qui brûle sa maison.

L'ombre de Jammeh plane toujours

Une mission presque impossible dans la mesure où il ne peut pas nommer ministre tous ses compagnons de guerre. Résultat, les chances de voir une majorité confortable à l'assemblée pour le Président Borrow se sont réduites au fur et à mesure que s'approchaient les élections. Une situation qui peut bien profiter à l'Alliance patriotique et la reconstruction pour la réorientation de la république, (APRC), le parti de l'ancien autocrate Gambien. Ce qui serait une preuve de vitalité pour la démocratie en Gambie mais qui pourrait représenter un risque pour l'économie du pays. Le président Adama Borrow verrait en effet sa marge de manœuvre rétrécir et aurait du mal à faire passer certaines réformes.

« C'est un scénario probable mais pas caractéristique en Afrique. Certes, c'est un jeu démocratique mais en général c'est le président en exercice que les électeurs donnent la majorité à l'assemblée pour qu'il puisse mener à bien son mandat » tempère M. Séne.

L'ombre de Yahya Jammeh plane encore sur la Gambie et la division qui sévit dans le camp d'Adama Barrow ne fait que tenir angoissés les électeurs appelés à user de billes pour voter demain dès 8h. Les premiers résultats sont attendus ce vendredi.

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