Gambie : 8 millions de dollars détournés via la Fondation Jammeh

Une société-écran, un prête-nom et un compte ouvert au nom de la Fondation Jammeh pour la paix aurait permis à l'ex-président de détourner plus de 8 millions de dollars. C'est ce que révèlent des relevés bancaires obtenus par les nouvelles autorités de Banjul. La chasse aux sorcières que réclame le peuple, aura épargné le principal mis en cause : un Libanais proche de Jammeh. Les détails.

Depuis son installation, Adama Barrow, le nouveau président gambien fait peut-être face à sa première découverte d'ampleur sur la gestion de son prédécesseur. L'ancien président Yahya Jammeh aurait détourné la coquette somme de 8 millions de dollars entre 2012 et 2013, selon les autorités gambiennes.

Des relevés bancaires en possession de l'Administration Barrow prouveraient un transit des fonds via le compte bancaire ouvert à la Trust Bank au nom de la Fondation Jammeh pour la paix que présidait Yahya Jammeh en personne. Le compte aurait servi dans la même période à acheter une villa à Potomac aux Etats-Unis d'une valeur de 3,5 millions de dollars.

Des sources bancaires ont expliqué que les pistes de la transaction antidatée au 29 septembre 2010, ont été brouillées par l'ancien président. Jammeh s'était servi d'une société écran du nom de ''Trustees of the MYJ Family''. L'analyse des relevés de versements effectués accréditeraient la thèse de l'intermédiation de certains hommes d'affaires soupçonnés d'être des prête-noms de l'ancien président ou d'avoir utilisé des sociétés dans lesquelles ils détiennent des parts importantes.

Ainsi, en 2013, cinq versements ont été effectués sur le compte de la Fondation par une société du nom d'Euro African Group (EAGL), dont le propriétaire serait, selon nos confrères de Reuters, Mohammed Bazzi, un riche homme d'affaire libanais et prête-nom du président Jammeh.

La société EAGL détient les droits exclusifs d'importation du carburant en Gambie sur la période en cours de 2008 à 2018. Après ces révélations, le peuple Gambien attend la réaction de l'exécutif, convaincu que ces 8 millions de dollars ne sont que la partie visible de l'iceberg que constitue le détournement de Jammeh.

Un premier test pour Adama Barrow

Arrivé au pouvoir en début d'année, à la mi-janvier, en remplacement de Yahya Jammeh (22 ans au pouvoir) Adama Barrow sait qu'on attend beaucoup de lui. Le peuple (surtout les opposants à Jammeh), attend qu'il leur rende justice. Si cela ne peut pas se faire brusquement vus les accords obtenus par Jammeh avant de quitter le pouvoir, au moins doit-on en montrer les signes.

Après la révélation de ce scandale financier, curieusement regrettent certains médias, Mohamed Bazzi qui détient aussi des intérêts importants à Dakar et qui effectue le va-et-vient entre les deux pays voisins, n'a pas été inquiété jusque-là par les nouvelles autorités gambiennes.

Pire, les médias locaux révèlent que l'homme d'affaire libanais a été reçu dans la nuit quelques jours après les élections présidentielles par Adama Barrow. Comble de l'embarrassante posture du président Adama Barrow, c'est le même Mohamed Bazzi qui a organisé la rencontre entre le nouveau président et la communauté libanaise établie dans la capitale gambienne.

On serait tenté de croire que le nouveau président tente de protéger un de ses soutiens financiers sur la route vers la State House ou qu'il soit aussi un partenaire en affaire d'Adama Barrow. De quoi inquiéter le peuple et laisser présager que ces méthodes de l'ère Jammeh ont laissé des traces qui n'ont pas été totalement effacées.

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