Soudan : crainte d'un renversement du nouveau régime

Le pire a sans doute été évité à Khartoum. Il aura fallu la conférence de presse du général Abdel Fattah Al Burhan, président du Conseil national de transition, ce mercredi 15 janvier, pour dissiper la psychose qui s'est emparée de la capitale soudanaise ces dernières 24 heures. A l'origine de cette vaporeuse crainte, des tirs opposant des  «mutins» à des soldats de l'armée régulière. Le dernier bilan fait état de cinq blessés.
Des membres des forces de soutien rapide stationnés aux alentours d'un bâtiment des Services généraux de renseignements (SGR) le 14 janvier 2020 à Khartoum.
Des membres des forces de soutien rapide stationnés aux alentours d'un bâtiment des Services généraux de renseignements (SGR) le 14 janvier 2020 à Khartoum. (Crédits : Reuters)

« Tous les quartiers généraux de l'Autorité des opérations du Service de renseignements généraux sont sous le contrôle des forces armées ». Comme si son treillis de camouflage renforçait la gravité de l'heure, c'est après une longue nuit d'incertitude que le général Abdel Fattah Al Burhan a annoncé la délivrance lors de sa conférence de presse de ce mercredi 15 janvier.

La veille, la base d'Al-Obeid (sud-ouest de Khartoum), puis celle du quartier Riyadh (au centre de Khartoum) appartenant aux Services généraux de renseignements(SGR) ont été le théâtre de violents échanges de tirs à l'arme lourde entre des « mutins » et des soldats de l'armée régulière. Les combats ont provoqué la fermeture de l'aéroport de Khartoum et le déploiement massif de soldats. Que s'est-il passé dans cette journée du 14 janvier 2020?

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Le flou persiste encore, mais dès le signalement des tirs, les autorités soudanaises ont dénoncé une mutinerie des Services nationaux de renseignements et de sécurité soudanais (NISS), ces services de sécurité sous Omar El-Béchir, en plein restructuration, jusqu'au changement de nom pour devenir Services généraux de renseignements (SGR). « Des soldats de centres opérationnels des services de sécurité ont entamé une rébellion dans certaines parties de la capitale. Ceci est arrivé, car les soldats ont rejeté la somme qu'ils ont reçue pour leur retraite », expliquait le porte-parole du gouvernement Faisal Mohamed Saleh, dès le début des échanges.

Des soupçons pèseraient sur un des hommes de confiance d'El-Béchir

Depuis la chute de l'ancien président soudanais, le nouveau pouvoir à Khartoum a entrepris une vaste opération de restructuration des NISS, ces redoutables services de sécurité accusés d'avoir commis des exactions envers les manifestations au plus fort de la longue contestation qui a conduit à sa chute. Il semble désormais que cette restructuration, des aménagements dans les commandements et des mises à la retraite se heurtent à une contestation en interne.

Sans s'embarrasser de précautions langagières, Mohamed Hamdan Daglo, membre du Conseil national souverain, pointe la responsabilité de Salah Gosh qu'il accuse d'être le cerveau de cette « mutinerie ». A sa décharge, l'accusateur pourrait aussi avoir intérêt à assombrir davantage la légende noire de cet ancien patron des renseignements soudanais, un des piliers sécuritaires au Soudan jusqu'à la chute de l'ancien régime. Mohamed Daglo est lui-même à la tête des Forces de soutien rapide (RSF), une milice paramilitaire qui, en collaboration avec l'armée, devrait remplacer progressivement les effectifs de l'ex-NISS. En sourdine, une lutte à mort oppose d'un côté l'armée et les RSF aux sécurocrates déchus de l'ex-NISS.

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