Togo  : les préalables au dialogue entre le pouvoir et l'opposition discutés à Lomé

Ayant accepté le principe du dialogue pour trouver une issue à la crise qui secoue le pays depuis bientôt trois mois, l'opposition togolaise a accepté d'échanger avec une délégation ghanéenne ce mardi 14 novembre 2017 à Lomé. Envoyée par le président Nana Akufo-Addo, cette délégation rencontrera aussi des membres du parti au pouvoir.
Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la coalition des partis de l'opposition togolaise, et Jean-Pierre Fabre, président de l'Alliance nationale pour le changement, principal parti d'opposition du Togo.

Après près de trois mois de crise, le pouvoir et l'opposition au Togo semblent prêts à aller au dialogue. Mais celui-ci doit être préparé. Mandaté par ses pairs de la sous-région, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a dépêché des émissaires qui ont rencontré, ce mardi 14 novembre 2017, la coalition des 14 partis de l'opposition au Togo.

Conduite par le ministre ghanéen de la Sécurité, Albert Kan-Dapaah, la délégation ghanéenne composée de six membres, dont deux femmes et l'ambassadeur du Ghana à Genève, a confié que sa mission était de préparer le dialoguer entre le pouvoir et l'opposition. «Nous avons discuté des contours du dialogue avec l'opposition et nous allons faire de même avec le pouvoir. Et nous sommes convaincus que nous trouverons un consensus sur la date, le lieur et les modalités d'organisation de ce dialogue», a déclaré Albert Kan-Dapaah au sortir de la réunion.

Se montrant très optimiste par rapport à l'issue de sa mission, ce dernier a expliqué que ce moment était le plus indiqué pour faire asseoir l'opposition et le pouvoir autour d'une table pour la résolution de la crise au Togo.

«Le mandat a été donné au président ghanéen par ses pairs de la sous-région et il a commencé depuis déjà quelques jours à prendre langue avec l'opposition et le pouvoir togolais ici et au Ghana. Nous croyons fort que le temps est maintenant propice pour démarrer le dialogue entre les deux parties », a indiqué le chef de la délégation ghanéenne.

Ont pris part à la rencontre, une délégation de sept personnes du côté de la coalition de l'opposition, dont Brigitte Adjamagbo-Johnson, coordinatrice de la coalition ; Jean-Pierre Fabre chef de file de l'opposition et Oura-Djikpa Tchatchikpi, du parti national panafricain (PNP).

La satisfaction apparente de la délégation ghanéenne est partagée du côté de l'opposition. Jean-Pierre Fabre, habituellement discret, a indiqué que les 14 partis politiques ont formulé des propositions que les émissaires ghanéens iront transmettre à Nana Akufo-Addo. «La coalition a fait des propositions et il appartient au camp d'en face de les accepter», a déclaré Jean-Pierre Fabre.

Des préalables inaliénables pour l'opposition

Même si les conditions posées par la coalition de l'opposition n'ont pas été déclarées officiellement, des sources proches du dossier ont fait savoir que l'opposition exigeait principalement certains gestes du pouvoir afin d'établir un climat apaisé à un éventuel dialogue. Il s'agirait par exemple «de la libération de l'ensemble des détenus politiques, la libération des détenus dans l'affaire des incendies des marchés du Togo, la levée des contrôles judiciaires sur tous les acteurs politiques et de la société civile, entre autres Me Zeus Ajavon, Jean Eklou etc., la levée des sièges des villes de Sokodé, Bafilo et Mango au nord du pays».

La coalition a aussi fait savoir qu'elle ne souhaiterait pas qu'il y ait une pléthore de délégués lors des échanges, proposant que chacune des parties ne vienne qu'avec sept délégués à la table des discussions, afin d'éviter «le dilatoire et de ne discuter que du concret».

D'autres informations avaient fait état d'un scénario où les 111 partis de la classe politique togolaise auraient été invités aux discussions par la délégation ghanéenne. Une éventualité contre laquelle la coalition s'est farouchement opposée, arguant «qu'actuellement il n'existe que deux fronts dans le pays : celui du pouvoir et le "Groupe des 14" qui mène la vie dure à Faure Gnassingbé depuis août dernier», confie le chroniqueur Anani Sossou.

Faure Gnassingbé va «bientôt» s'exprimer

Pendant que l'opposition exigeait ses préalables pour le dialogue, le ministre togolais de la Communication, Guy Madje Lorenzo, qui a salué l'accord de principe de l'opposition sur le dialogue, indiquait que le chef de l'Etat, Faure Gnassingbé, s'exprimera bientôt. «Ils ne sont pas opposés au dialogue. C'est déjà une bonne chose», a-t-il premièrement déclaré avant d'ajouter :

«Mon président ne parle pas beaucoup et il préfère des actes à la parole. Mais bientôt, il va s'exprimer».

Par ailleurs, réagissant aux rumeurs qui veulent que le président ait peur pour son fauteuil, ce qui aurait justifié son absence du Forum de Dakar, le ministre s'est voulu très politicien.

«Je pense que son agenda ne le lui a pas permis, sinon, il y serait allé. Les problèmes de sécurité et de paix lui tiennent particulièrement à cœur, c'est son cheval de bataille. Il fallait aussi préparer la venue de la délégation ghanéenne. C'est ce qui est important à l'étape où nous sommes», a confié Guy Madje Lorenzo.

Selon lui, le président Gnassingbé ne craint pas de quitter le Togo et de ne pas pouvoir y revenir.

«La dernière fois, il avait fait un voyage dans le cadre de la CEDEAO. Sur les réseaux sociaux, on avait dit qu'il a fui», a tenu à rappeler le ministre togolais de la Communication.

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