Togo : le pouvoir fonce vers le référendum, l'opposition opte pour la désobéissance civile

Ce jeudi 12 octobre 2017, les parlementaires togolais de la mouvance présidentielle en l'absence de leurs collègues de l'opposition, ont élu les membres de la Commission électorale chargée de superviser le référendum en projet. Pendant ce temps, le conseil des ministres a condamné les écarts observés lors des manifestations des 04 et 05 octobre derniers, alors qu'il a aussi interdit les manifestations aux jours ouvrables la veille. En réponse, l'opposition choisi de désobéir en prévoyant des manifestations les jours ouvrables, les 18 et 19 et les 30 et 31 octobre prochains.
L'Assemblée nationale togolaise à Lomé

Les autorités togolaises semblent décidées à aller au référendum malgré la contestation de l'opposition. A l'Assemblée nationale ce jeudi 12 octobre 2017, les députés de l'Union pour la République (UNIR), parti présidentiel, sont passés au vote des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en l'absence de leur pairs de l'opposition. Ces derniers marquant leur désaccord avec le processus, n'ont pas envoyé leurs candidats. Une protestation qui n'a pas empêché le déroulement du vote-nomination des 12 sur 17 membres de la Céni.

« Le renouvellement des membres de l'Assemblée nationale interviendra constitutionnellement à partir du 14 juillet 2018. Donc, la mise en place de la nouvelle Céni, s'imposait tout naturellement. La Céni dont les membres viennent d'être élus et nommés, devra immédiatement commencer sa mission en vue d'organiser ces élections législatives », a expliqué Payadowa Boukpéssi, ministre togolais de l'administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, qui a aussi indiqué qu'en plus de ces élections législatives « la nouvelle Céni aura aussi à organiser des élections locales et bien sûr, le référendum qui, lui, devra être organisé plus tôt, dans quelques mois tout simplement ».

La Céni élue, qui dispose d'un mandat d'un an, est composée de six (6) personnalités pour le compte de l'opposition extra-parlementaire et la société civile, cinq (5) pour la majorité parlementaire et une (1) pour l'administration. Les cinq (5) sièges restants sur les dix-sept (17) sont normalement ceux réservés à l'opposition parlementaire.

Le Conseil des ministres blâme l'opposition

Au-delà de la mise sur pied de la Céni malgré la vive contestation de l'opposition, le gouvernement togolais a exprimé ce même jeudi 12 octobre son mécontentement vis-à-vis des écarts observés lors des manifestations de l'opposition des 04 et 05 octobre 2017. Réuni sous la présidence de Faure Gnassingbé, le conseil des ministres a qualifié les marches de l'Unir comme conforme ''au respect de la loi'' et a condamné celle de l'opposition. Le gouvernement a jugé que les manifestations organisées par la coalition des 14 partis politiques de l'opposition ont connu, ''par moment'', des débordements et des incidents notamment le 19 août, les 7 et  20 septembre et le 5 octobre 2017.

Concernant ce dernier jour, le conseil des ministres a relevé que «... certains groupes de manifestants se sont détachés de la masse pour ériger des barricades sur les artères dans les différents quartiers de la ville de Lomé, avant de rejoindre les autres manifestants plus tard » et que « par endroit, des pavés ont été arrachés entraînant la dégradation de la chaussée. De même au cours de la marche, des manifestants se sont livrés à des actes de vandalisme et de violence sur des commerçants et leurs installations et sur les paisibles citoyens qui vaquaient librement à leurs occupations ».

Les autorités ont aussi déclaré avoir constaté à Sokodé (337 km au nord de Lomé), que « certains manifestants sont même allés dans les écoles, cherchant à déloger les enfants et en vue de les forcer à se joindre à la manifestation ». Pour le gouvernement, il s'agit d'une ''attitude irresponsable et contraire'' à l'esprit de la loi n°2011-010 du 16 mai 2011 fixant les conditions d'exercice de la liberté de réunion et de manifestations pacifiques publiques au Togo.

Le gouvernement est allé plus loin, pointant du doigt les agissements des leaders politiques de l'opposition. Il a déploré que « certains leaders politiques se livrent à des incitations à la violence et à la haine, en encourageant les militants, sur les réseaux sociaux, à s'en prendre aux forces de l'ordre et de sécurité et aux autorités ». Des condamnations reçues dans l'opposition comme un braquage.

L'opposition annonce quatre dates pour faire tomber le gouvernement

Pour l'opposition, le gouvernement n'est pas le mieux placé pour ''donner des leçons''. Protestant contre la nomination des membres de la Céni, synonyme que le gouvernement veut aller au référendum ''coûte que coûte'' et l'interdiction des manifestations les jours ouvrables, la coalition des partis de politique a annoncé deux autres dates en plus des 18 et 19 octobre 2017 annoncés le mardi dernier, pour faire plier le pouvoir. « Quand l'Etat se met lui-même à violer les lois, les citoyens ont le devoir sacré de résister. C'est pourquoi, la Coalition des 14 partis politiques maintient et confirme ses manifestations des mercredi 18 et jeudi 19 octobre 2017 à Lomé », peut-on lire dans le communiqué de convocation des manifestants ce jeudi 12 octobre 2017.

Patron de la cellule de la communication de la coalition, Eric Dupuy rappellera que « la marche du mercredi 18 octobre aura pour point de chute, l'Assemblée nationale. Celle du jeudi 19 octobre prendra fin devant les bureaux de la Cédéao à Lomé » avant d'ajouter que les 30 et 31 octobre, jours ouvrables, sont les prochaines dates des rassemblements populaires.

Pour l'opposition, les revendications n'ont pas changé. Elle réclame le retour à la constitution originelle de 1992, la libération des militants de l'opposition arrêtés lors des manifestations précédentes depuis le 19 août 2017 et la liberté de manifestation ainsi que la fin des poursuites contre des opposants. Mais le pouvoir a déjà une position bien tranchée sur les manifestations des jours ouvrables. « Mon collègue de la sécurité et moi ferons en sorte que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur. Dans ce sens, en semaine, les marches sont interdites », a déclaré Payadowa Boukpéssi. Les prochains jours au Togo risquent de voire la tension s'exacerber.

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Commentaire 1
à écrit le 13/10/2017 à 21:15
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bonjour en tant que français marié avec une togolaise , j'en ai raz le bol de voir cette histoire de gnassingbé, il faut désobéir à un pouvoir à la légitimité douteuse que mon propre pays soutien a pleine voix en en désinformant tout le monde le r...

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