« CPI-Leaks » : Enquête sur des membres du bureau de Fatou Bensouda

La réputation et la crédibilité de la Cour pénale internationale (CPI), déjà écornées, risquent de se détériorer encore. Luis Moreno Ocampo, l’ex-procureur de la CPI et des membres du Bureau actuel se retrouvent au centre de graves révélations de la presse, plus fracassantes les unes que les autres. Après l’enquête médiatique, Fatou Bensouda vient d’annoncer l’ouverture d’une enquête sur deux de ses collaborateurs.
Ibrahima Bayo Jr.
« J'ai moi-même été très claire à ce sujet avec M. Ocampo par le passé et je lui ai demandé, sans aucune équivoque, de s'abstenir de toute déclaration ou activité publique susceptible, en vertu de ses anciennes fonctions à la tête du Bureau, d'être perçue comme une ingérence dans les activités de celui-ci ou une atteinte à sa réputation », prévient Fatou Bensouda, la Procureure de la CPI.

Dans l'œil du cyclone, la CPI essuie une rafale de révélations fracassantes de l'European Investigative Collaborations en partenariat avec onze médias. Des révélations qui ont poussé l'actuelle procureure de la CPI, la Gambienne Fatou Bensouda à annoncer une enquête sur deux collaborateurs de son bureau.

Après les révélations, l'enquête sur deux membres du Bureau de Bensouda

« En ma qualité de Procureur, l'inquiétude me gagne et je prends ces allégations très au sérieux. J'ai rendu compte des allégations concernant deux membres de mon Bureau au Mécanisme de contrôle indépendant (MCI) dont dispose la Cour dans son cadre juridique. Le MCI a indiqué que cette affaire ferait l'objet d'une enquête complète », écrit la magistrate Gambienne dans sa déclaration.

Mais qui sont ces deux membres au cœur des allégations ? Dans la déclaration reprise dans le communiqué de son bureau, Fatou Bensouda reste muette sur l'identité de ses deux collaborateurs encore moins sur les accusations dont ils font l'objet.

Mais dans une précédente enquête, Mediapart avait indiqué que Florence Olara, la porte-parole de l'actuelle procureur, aurait été rémunérée 5000 dollars par Kerry Propper, un banquier new-yorkais, dans le but d'accélérer l'ouverture d'une enquête sur le génocide des Yézidis dans le Kurdistan irakien. Difficile pour le moment d'identifier le second membre du Bureau de Fatou Bensouda visé par l'enquête.

La bataille de la crédibilité pour la CPI

Le feu du scandale couve depuis les révélations en chaîne de l'European Investigative Collaborations et les enquêtes des médias, avec la publication de près de 40.000 documents notamment des courriels. Au cœur de ces accusations, les activités peu orthodoxes de Luis Moreno Ocampo, procureur de la CPI entre 2003 et 2012, accusé de manipulation de dossiers, de détention de comptes offshores et de conflits d'intérêts via des actions de lobbying peu éthiques.

Dernière révélation en date, celle sur le « montage » pour la détention de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Fatou Bensouda s'est vite distanciée de ces allégations concernant son prédécesseur.

« En réponse aux demandes des médias, mon Bureau a déjà indiqué qu'il n'avait pris aucun contact avec l'ancien Procureur de la CPI, M. Ocampo, sollicité aucun conseil de sa part ni collaboré avec lui au sujet des situations ou des affaires traitées par le Bureau ou engagées devant la Cour depuis que j'ai pris mes fonctions de Procureur. J'ai moi-même été très claire à ce sujet avec M. Ocampo par le passé et je lui ai demandé, sans aucune équivoque, de s'abstenir de toute déclaration ou activité publique susceptible, en vertu de ses anciennes fonctions à la tête du Bureau, d'être perçue comme une ingérence dans les activités de celui-ci ou une atteinte à sa réputation », prévient Bensouda.

Pour l'heure, la réputation de la Cour, son indépendance, son impartialité suscitent le doute. Même si Fatou Bensouda assure qu'elle va continuer sa mission « en toute indépendance, impartialité et objectivité », son institution joue ici une bataille pour sa crédibilité.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaire 1
à écrit le 07/10/2017 à 19:47
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