Togo  : la session parlementaire tourne au clash une énième fois

Les débats de la session parlementaire extraordinaire de ce vendredi 15 septembre 2017 ont encore une fois tourné au dialogue de sourds. Chacune des parties ayant campé sur sa position, aucun accord n'a pu être trouvé sur les projets de loi du gouvernement et l'opposition, se sentant frustrée, a fini par quitter l'Hémicycle.
Brigitte Adjamagbo Johnson, présidente du CAP 2015, une coalition regroupant plusieurs partis dont l'Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre (à droite premier plan), chef de file de l'opposition.

La majorité présidentielle et l'opposition au Togo sont encore à couteaux tirés. La session extraordinaire à l'assemblée nationale de ce vendredi 15 septembre 2017 a été un échec, comme on pouvait s'y attendre. Députés du pouvoir et députés de l'opposition ont mené un dialogue de sourds, après de longues discussions sur l'exposé des motifs des révisions constitutionnelles proposées par le gouvernement.

A l'occasion du débat sur le fond, les élus de l'opposition ont tout simplement remis au président de la Commission des lois une copie de la Constitution originelle de 1992. «Nous, nous avons fait notre part, parce que nous sommes mandatés par le peuple pour le représenter à l'assemblée nationale. Nous nous devons d'écouter ce que le peuple nous dit. Voilà ce que nous avons fait. Et donc, l'écoute de ce peuple nous amène à formuler les amendements tel qu'il le souhaite», a indiqué Isabelle Ameganvi, présidente du groupe parlementaire de l'Alliance nationale pour le changement (ANC), avant d'expliquer que «parce que ce sont ces articles qui ont été toilettés. Et donc remettre la Constitution à l'endroit équivaut à remettre ces articles-là à l'endroit et c'est ce que nous avons fait par le droit constitutionnel qui nous est donné de déposer des amendements ».

Au total, ce sont 47 amendements qui ont été introduits par l'opposition et rapidement rejetés par les représentants du gouvernement et les députés de la mouvance.

En effet, les commissaires du gouvernement, le ministre de l'Administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales, Payadowa Boukpéssi, et le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Puis Agbetomey, ont jugé qu'il n'était pas «possible» d'apporter 47 amendements à un projet portant «seulement» sur 3 articles. Réaction qui a provoqué la désertion du parlement de l'opposition.

«Nous avons déposé des amendements pour le retour à la constitution de 1992. Le gouvernement porteur du projet de révision constitutionnelle les a rejetés. De ce fait, nous n'avons plus rien à faire», a laissé entendre Jean-Pierre Fabre, président de l'ANC.

Une défection qui n'a pas empêché les députés du parti au pouvoir de poursuivre les travaux. Les articles examinés ont été adoptés et un rapport sera, également après adoption, soumis au bureau du Parlement qui devra convoquer une plénière pour le vote.

Un agenda caché de l'opposition ?

Les manœuvres des parlementaires de l'opposition sont très décriées par leurs collègues au pouvoir. Pour certains d'entre eux, les opposants fonctionnent selon un agenda caché. «L'opposition n'est pas dans la logique des réformes, mais a un agenda caché», avance le professeur Komi Kpatcha, député de la mouvance présidentielle. Selon lui, la revendication de l'opposition portait à l'origine sur la limitation de mandat présidentiel et du mode de scrutin à 2 tours et a ensuite évolué pour porter sur le retour à la Constitution originelle de 1992, avant de porter «aujourd'hui» sur le départ du président de la République.

L'universitaire estime qu'il est regrettable que l'opposition «refuse les débats de fond» sur le projet du gouvernement «empêchant» ainsi le consensus nécessaire pour adopter la réforme aux 4/5 des députés de l'assemblée nationale. Il a ensuite expliqué que si le texte est voté aux 2/3, le référendum sera organisé pour arriver à une réforme en profondeur.

De son côté, l'opposition qui avait reporté entre temps ses manifestations du vendredi 15 septembre pour les 20 et 21 de ce mois (même date que les manifestations du parti au pouvoir), a commencé à remobiliser ses troupes. Jean-Pierre Fabre et ses alliés de l'opposition croient que la mobilisation populaire est «le seul recours pour faire plier» le pouvoir. Mais pour ce dernier, c'est une manifestation de trop.

«Le peuple n'a pas besoin que nous le torpillions de cette façon. Les manifestations n'arrangent rien ni pour l'opposition ni pour le parti au pouvoir... L'extrémisme ne conduit pas à bon port», a commenté le député Komi Kpatcha.

Pour lui, il est encore possible de parvenir au consensus et éviter la rue.

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