Burundi : l’ONU requiert l'intervention de la CPI dans un rapport à charge

L’ONU vient d’appeler la Cour pénale internationale à lancer une enquête sur le Burundi pour déterminer si les violations des droits de l’Homme peuvent être classés comme des crimes contre l’humanité. Un mouvement de l’ONU qui intervient alors que le Burundi a programmé son retrait de la CPI, pour le 26 octobre prochain.
Après les critiques des ONG, Pierre Nkurunziza, président du Burundi doit maintenant faire face à l'ONU et peut-être même à la CPI.

Les Nations Unies viennent de rendre public les premières conclusions des investigations menées par la commission d'enquête de l'ONU sur le Burundi. Un document à charge contre le régime de Bujumbura, où les enquêteurs onusiens accusent les autorités de ce petit pays d'Afrique de l'Est d'être responsables de crimes, notamment d'exécutions extrajudiciaires, de tortures et de disparitions forcées au cours des 2 dernières années.

Rapport confidentiel

La commission d'enquête de l'ONU accuse des « hauts fonctionnaires » des services de renseignement et de la police d'être derrières les agissements dénoncés par l'enquête. Ce qui a poussé la commission à l'ouverture d'une procédure judiciaire au niveau de la Cour pénale internationale (CPI) pour déterminer si « les violations des droits de l'homme au Burundi constituent des crimes contre l'humanité ».

Bien que les enquêteurs revendiquent avoir auditionné quelques 500 témoins lors de l'investigation, le rapport ne comporte que très peu de témoignages et de presque aucun chiffre permettant de quantifier les violations dénoncées dans le document. Selon la commission, l'absence de témoins identifiable serait une mesure de protection pour ces derniers, particulièrement si la CPI se saisit du dossier.

Violence ethnique, mais pas de génocide

Le Burundi connait des troubles depuis avril 2015, après que le président Pierre Nkurunziza ait décidé de se présenter pour un troisième mandat. Une annonce qui a provoqué une spirale de violence. Les enquêteurs de l'ONU évoquent également un ciblage ethnique de la répression policière qui se concentrerait sur les Tutsis. La commission a en effet relevé des cas « d'arrestations, de tortures et de violences sexuelles, des insultes à caractère ethnique à l'encontre des Tutsis, mais elle n'est pas en mesure d'établir l'existence d'une volonté politique de détruire en tout ou en partie ce groupe ethnique ».

Les violences ont poussé près de 500.000 burundais à chercher refuge hors du pays, notamment au Rwanda voisin. Ce qui représente l'exode de près de 4% de la population du pays. La commission d'enquête a par ailleurs dressé une liste confidentielle de responsables ayant pris part aux exactions. Une liste qui devrait être transmise par la suite à la CPI. La juridiction internationale avait déjà ouvert un examen préliminaire à l'encontre du Burundi en 2016.

La réponse de Bujumbura à cette procédure ne s'est pas faite attendre. L'Assemblée nationale burundaise a répliqué à la CPI en adoptant un projet de loi permettant au pays de rompre avec la juridiction internationale, bien qu'il soit signataire du traité de Rome. La sortie effective du Burundi de la juridiction de la CPI prendra effet le 26 octobre prochain.  Le régime a d'un autre côté, balayé d'un revers de la main les accusations de l'ONU, dont les enquêteurs sont assimilés par les proches du président Nkurunziza à des « mercenaires payés pour ouvrir la voie à la CPI, un instrument dans les mains de l'Occident pour asservir les Etats africains ».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.