Coulée de boue en Sierra Leone : un bilan de 400 morts et un appel à l’aide internationale

La morgue centrale de Freetown est tellement débordée que les corps des victimes, couvertes de boue, sont empilées à même le sol. Deux jours après des coulées de boue dévastatrices, le bilan -encore provisoire- fait état de plus de 400 morts, près de 3.000 sans-abris et des milliers de disparus. Sujet à des accusations de négligence à l’encontre de son administration, le président Ernest Baï Koroma a lancé un appel au secours à la communauté internationale alors que les risques d’épidémie sont plus que jamais présents.
Ibrahima Bayo Jr.

« Nous sommes débordés !». Sur les hauteurs du quartier Regent à Freetown, le plus touché, le président Ernest Baï Koroma venu constater les dégâts et grossit à peine le trait. Deux jours après des pluies torrentielles qui ont provoqué des coulées de boue dévastatrices et sans précédent, les secours sont toujours à pied d'oeuvre pour tenter de dégager des décombres les corps ensevelis.

400 morts, 3000 sans-abris, 600 disparus et seulement 150.000 dollars d'aide d'urgence

Le bilan provisoire qui s'alourdit d'heure en heure fait état de 400 morts recensés dans les morgues débordées, près de 3.000 sans-abris et de plus de 600 personnes portées disparues. « Dans certains quartiers, des communautés entières semblent avoir été englouties et ce qui reste est couvert de boue », a résumé Abdul Nasir, coordinateur de programme pour la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Le président sierra-léonais, Ernest Baï Koroma a lancé un appel de détresse pour « une aide internationale d'urgence ». Un appel destiné aux organismes internationaux et aux capitales occidentales. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a débloqué une enveloppe de 150.000 dollars d'aide d'urgence, l'ONU mène des « missions d'évaluation » pour les besoins en eau potable, en denrées de première nécessité et mobilise ses partenaires pour les opérations de sauvetage.

Risques d'épidémies et polémique sur les responsabilités

Dans la foulée la Grande-Bretagne, l'Union européenne(UE) et Israël ont promis d'acheminer leur aide en médicaments, en vivres et un appui aux secours. « Des plans d'urgence sont mis en place pour juguler toute épidémie potentielle de maladies comme le choléra, la typhoïde et la diarrhée », souligne Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

En dehors des risques d'épidémie, une vive polémique entoure la catastrophe. Certains accusent la direction de la météorologie nationale de ne pas avoir formulé une alerte météo sous les protestations de Denis Lansana, son directeur. Au sein des associations en place dans le pays, on pointe du doigt la mauvaise gestion gouvernementale de l'urbanisation de la plus grande ville du pays, peuplée de plus d'un million d'habitants, avec un système d'égout et de drainage des eaux pluviales défaillant.

Résultat, les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le pays ont provoqué la plus importante coulée de boue de l'histoire de la Sierra Leone. A leur tour, ces coulées de boue ont entraîné l'affaissement d'un pan de la colline sur laquelle Freetown est construite. Les flots ont emporté plusieurs habitations, en majorité des bidonvilles. Alors que la météo annonce encore des pluies pour les jours à venir, les habitants de Freetown craignent plus que tout le déluge.

Ibrahima Bayo Jr.

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