RDC : l’ONU accuse l’Etat de graves violations des droits de l’Homme

Au terme du premier semestre de l’année en cours, l’organe local de l’ONU en charge des droits humains affirme avoir recensé 2.822 violations et atteintes aux droits de l’Homme sur l’ensemble du territoire de la RDC. La majorité de ces violations ont été le fait des agents de l’Etat selon la même source qui s’est également inquiétée de l’amplification de cette tendance dans un contexte politique et sécuritaire assez tendu. Les autorités congolaises ont par conséquent été invitées à traduire les auteurs devant la justice et à faire preuve de plus de volonté politique pour la promotion des droits des citoyens afin de créer un environnement propice à la tenue d’élections libres et transparentes.

2.822 cas de violations et d'atteintes aux droits de l'Homme sur l'ensemble du territoire de la RDC, c'est le décompte officiel que vient d'établir le Bureau conjoint des nations unies aux droits de l'Homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo (RDC) sur le premier semestre de l'année en cours. Les chiffres viennent d'être rendus publics dans un rapport de monitoring sur les principales tendances des violations des droits de l'Homme qu'établit régulièrement le Bureau, conformément à son mandat.

L'année a été certes très agitée sur le plan politique et sécuritaire en RDC et le rapport de l'ONU vient confirmer la dégradation de la situation, particulièrement en matière de droits humains. Les cas recensés entre janvier et juin dernier correspondent en effet à une augmentation que le Bureau qualifie de « forte », par rapport  à la même période l'année précédente où 2.343 violations avaient été documentées sur la même période. Ils confirment également une tendance déjà observée au cours du semestre précédent, c'est-à-dire entre juillet et décembre 2017.

L'Etat, premier responsable des violations

Les détails du décompte donnent un angle de vue grandeur nature de la situation et surtout ne manqueront pas de susciter la polémique, au regard des accusations qui foisonnent dans le pays et qui mettent en cause l'Etat congolais. Selon le Bureau local des Nations unies, près de 58% des violations documentées durant ce premier semestre, soit 1.627 violations ont été commises par des agents de l'Etat, dont les agents de la Police nationale congolaise (PNC), les militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), les agents de l'Agence nationale de renseignements (ANR) et les autorités administratives ou judiciaires.

« Les agents de l'Etat ont notamment été responsables de l'exécution extrajudiciaire d'au moins 591 personnes, dont 35 femmes et 170 enfants », cite le document qui mentionne également que les combattants de tous les groupes et milices armés confondus ont commis plus de 42% des violations documentées sur l'ensemble du territoire ce qui correspond à 1.195 violations en prenant en compte l'exécution sommaire d'au moins 345 personnes, dont 46 femmes et 32 enfants.

« Parmi les agents de l'Etat, les agents de la Police nationale congolaise (PNC) sont ceux ayant commis le plus grand nombre de violations au cours du semestre, à savoir 693 violations, soit près d'un quart de l'ensemble des violations documentées sur l'ensemble du territoire. Il s'agit principalement de violations du droit à la liberté et la sécurité de la personne et de l'exécution extrajudiciaire de 47 hommes, six femmes et neuf enfants. Les agents de la police sont également restés les principaux auteurs des violations des droits de l'Homme et des libertés fondamentales liées à des restrictions de l'espace démocratique ».

Les militaires des FARDC ont pour leur part commis 663 violations, majoritairement dans les provinces du Nord-Kivu, du Haut-Katanga et du Kasaï Central selon le BCNUDH qui se dit particulièrement inquiet du nombre alarmant d'exécutions extrajudiciaires commis par les militaires des FARDC avec au moins 527 personnes tuées dont 29 femmes et 161 enfants.

Manque de volonté politique des autorités

Le rapport du bureau conjoint des nations unies pour les droits de l'Homme accuse par ailleurs les autorités congolaises d'être responsables des restrictions de l'espace démocratique sur l'ensemble du territoire.

« Malgré la libération de plusieurs prisonniers politiques ou d'opinion au cours du semestre, plus de 170 personnes restent détenues du fait de leurs opinions politiques ou d'activités citoyennes légitimes. Le BCNUDH regrette le manque de volonté des autorités pour mettre en œuvre les mesures de décrispation, y compris celles prévue par l'Accord politique du 31 décembre 2016, qui permettraient un apaisement de la situation politique, et appelle les autorités congolaises à lever les restrictions disproportionnées aux libertés publiques dans le but d'assurer un environnement propice à la tenue d'élections crédibles, libres et transparentes ».

Dans la même lancée, l'organe local de l'ONU a réitéré ses inquiétudes par rapport à la détérioration alarmante de la situation des droits de l'Homme dans les trois provinces du Kasaï, « en raison de la répression brutale et disproportionnée contre la milice de Kamuina Nsapu par les forces de défense congolaises ». Ainsi, à la date du 30 juin 2017, un total de 42 fosses communes ont été identifiés dans ces trois provinces, « qui auraient pour la plupart été creusées par des éléments des FARDC suite à des affrontements avec de présumés miliciens ».

Malgré quelques avancées récentes, le rapport dénonce « le peu d'efforts engagés pour assurer des enquêtes crédibles et indépendantes visant à traduire en justice les responsables de graves violations des droits de l'Homme dans ces provinces ». Constatant une  baisse du nombre de condamnations d'agents de l'Etat, l'ONU encourage enfin les autorités à traduire tous les auteurs de violations des droits de l'Homme en justice, « quels que soient leurs rangs et à prendre en considération la responsabilité du commandement lors des poursuites ».

Ce n'est pas la première fois que des accusations sont portées contre les autorités congolaises en matière de non respect des droits humains sans que la situation ne s'améliore guère sur le terrain. Il reste à attendre la réaction du gouvernement par rapport à ces nouvelles charges à l'heure où le pays a plu que jamais besoin de soigner son image au niveau international.

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