De la CPI à la justice française, ces accusations contre le régime d’Ali Bongo

C’est la première enquête qui vise directement le régime d’Ali Bongo Ondimba. Mais elle pourrait avoir provoqué des remous qui ont motivé les vives protestations du gouvernement gabonais. Ce dernier conteste l’enquête ouverte en France sur de possibles crimes contre l’Humanité lors des violences de la crise post-électorale. Un nouveau bras de fer entre la justice française et le pouvoir gabonais ?
Ibrahima Bayo Jr.

La réponse du berger à la bergère. Dans un communiqué au vitriol, le gouvernement gabonais conteste l'enquête ouverte en France par une juge d'instruction sur les violences de la crise post-électorale née de la réélection contestée d'Ali Bongo en août 2016.

Une "aventure ambiguë" de deux avocats français

Tout commence en septembre dernier lorsqu'un Franco-gabonais ayant requis l'anonymat, a saisi la justice française d'une plainte « arrestation et détention arbitraire en bande organisée, torture et actes de barbarie en bande organisée, tentative d'assassinat et crime contre l'humanité ».

Le plaignant, arrêté lors de l'assaut des forces de l'ordre sur le QG de Jean Ping, rival malheureux d'Ali Bongo, lors de la crise post-électorale, avait dénoncé une attaque « méthodique » du bâtiment par des hommes encagoulés. Sa plainte avait motivé, en avril 2017, l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris. la juge d'instruction avait requalifié les faits en « arrestation et détention arbitraires, torture, actes de barbarie et tentative d'assassinat » en y ajoutant le chef « crimes contre l'Humanité ».

Mais le gouvernement gabonais voit dans cette procédure, une « aventure ambiguë dans laquelle se lancent deux avocats français [Willam Bourdon et Eric Moutet, NDLR], soucieux de maintenir un climat permanent de tension au Gabon et de nuire aux relations entre la France et le Gabon ».

"Crimes contre l'Humanité" dans les violences post-électorales?

Puis, invoquant le droit international, contestant la compétence d'un tribunal français à juger des faits supposés s'être déroulés au Gabon, « (..)les autorités gabonaises soulignent qu'aucun tribunal sérieux ne peut faire prospérer de telles actions. ».

Et pourtant, une nuit de rares violences avec des émeutes, une guérilla urbaine, d'arrestations massives, plus tard l'incendie de l'Assemblée nationale avait accueillie, fin août l'annonce après des heures d'attente, de la réélection d'Ali Bongo Ondimba. La contestation avait gagné plusieurs villes du pays notamment Port-Gentil et Libreville qui ont été quadrillées par un imposant dispositif militaire.

La contestation avait gagné le champ politique avec l'opposition de Jean-Ping aux résultats proclamés du scrutin que l'Union européenne a dénoncé comme entaché par de « graves irrégularités », mais validés et rectifiés par la cour constitutionnelle gabonaise.

Selon un bilan, à jamais provisoire, les violences post-électorales ont fait une trentaine de morts, plusieurs blessés et des milliers d'arrestations. Le camp d'Ali Bongo Ondimba comme celui de Jean Ping ont tous les deux déposés plainte devant la CPI pour « crimes contre l'Humanité ». Le bureau de Fatou Bensouda avait dépêché le mois dernier, des experts pour compléter les dossiers remis par les deux camps. Hors des prétoires français, cette double saisine volontaire qui pourrait révéler quelques surprises.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaires 2
à écrit le 05/07/2017 à 18:48
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Pourquoi la justice d'un pays africain n'ouvre pas aussi une enquête sur Nicolas Sarkozy pour ses méfaits en Libye? Ni sur Tony Blair sur sa tentative de déstabilisation du Zimbabwe ? Ni sur Georges Busch par rapport à l'Irak ? Pourquoi ne pas leu...

à écrit le 05/07/2017 à 18:47
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Pourquoi la justice d'un pays africain n'ouvre pas aussi une enquête sur Nicolas Sarkozy pour ses méfaits en Libye? Ni sur Tony Blair sur sa tentative de déstabilisation du Zimbabwe ? Ni sur Georges Busch par rapport à l'Irak ? Pourquoi ne pas leu...

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