Enquête sur le Kasaï en RDC : Kabila soulagé, Zeid fait la grimace

L’enquête internationale sur les massacres dans les régions du Kasaï, n’aura finalement pas lieu. Du moins, pas en profondeur comme voulu par le Haut-commissaire de l’Onu, Zeid Ra’ad Al Hussein. Après un épisode particulièrement houleux entre le bureau du Haut-commissaire qui voulait une enquête indépendante de l’Onu et les autorités congolaises qui souhaitaient en avoir le contrôle, le Conseil des droits de l’Homme a tranché. Pas d’enquête internationale mais une mission d’experts onusiens en RDC. Joseph Kabila peut pousser un ouf de soulagement. Pour combien de temps encore ?
Ibrahima Bayo Jr.

L'épée de Damoclès sur la tête de Kabila serait-elle définitivement levé ? En tout cas pour le moment, le président congolais et ses proches respirent. Le projet de résolution qui a été adopté ce vendredi 23 juin au siège du Conseil onusien des droits de l'Homme à Genève, est resté sans relief.

Une résolution vidée de l'essentiel après un duel Afro-européen

La résolution, adoptée par 47 membres, « demande au Haut-Commissaire aux droits de l'homme d'envoyer une équipe d'experts internationaux, y compris des experts de la région » pour enquêter sur « les violations des droits de l'homme et abus présumés, et sur les violations du droit international humanitaire dans les régions du Kasaï ».

Dans le détail, après cette enquête, les experts onusiens devront soumettre leurs conclusions à la justice congolaise. Dans 12 mois, le Haut-commissaire devra présenter les conclusions finales de l'enquête devant le Conseil des droits de l'Homme. En réalité, on est loin de l'exigence du Haut-commissaire Zeid Ra'ad Al Hussein.

En mars dernier, le prince jordanien et Haut-commissaire réclamait la mise sur pied d'une commission d'enquête internationale sur la découverte de 42 fosses communes et sur les conditions de l'assassinat de deux experts onusiens. Mais Kinshasa avait refusé catégoriquement cette éventualité au nom de l'indépendance de la justice avant de se raviser sous la pression et de réclamer d'avoir la supervision de l'enquête. Face aux réticences onusiennes, le régime de Joseph Kabila avait même brandi la menace de la non émission de visa pour les enquêteurs désignés par l'ONU.

Kabila gagne du temps, mais la CPI pourrait se saisir du dossier

Un bras de fer qui donc s'est soldé, ce jeudi. Avec le soutien de certains pays africains notamment l'Egypte, l'Algérie, le Burundi, le Botswana, le Togo, le Soudan ou encore le Mozambique, les autorités congolaises ont porté la bataille au cœur de Genève. Face aux européens qui poussaient dans le sens d'une commission d'enquête sur les violences dans les Kasaï, le bloc africain a obligé le Haut-commissaire à un compromis : abandonner l'idée de l'enquête internationale et envoyer des experts à la place.

Un camouflet pour le Haut-commissaire après son échec à concrétiser l'enquête internationale pour laquelle il s'est personnellement investi au point d'accuser les autorités congolaises d'avoir armé une milice pour des massacres ethniques après des auditions sur des réfugiés kasaïens. Mais le Haut-commissaire n'a pas encore dit son dernier.

Zeid Ra'ad Al Hussein pourrait choisir de porter l'affaire des massacres, dont le nombre de morts estimé à près de 3500 par la Cenco et ces circonstances pourraient relever de crimes contre l'Humanité, donc de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI). En attendant, Joseph Kabila peut être soulagé de l'envoi d'experts à la place d'une commission internationale. Mais l'accalmie pourrait n'être que de courte durée.

Ibrahima Bayo Jr.

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