Une médiation d'Alpha Condé pour régler la crise avec le Qatar ?

A contrepied de plusieurs pays africains qui sont allés jusqu’à rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar, Alpha Condé enfile son costume de médiateur. A la suite de Mohammed VI du Maroc qui a également proposé ses bons offices, le président en exercice de l’Union africaine veut défaire la grimace arabe anti-Qatar. Le président guinéen a-t-il seulement les moyens de réussir ?
Ibrahima Bayo Jr.

« Pour réconcilier, on ne vient pas avec un couteau qui tranche mais avec une aiguille qui coud ». Même avec ce proverbe africain comme leitmotiv, Alpha Condé devra avoir l'aiguille judicieuse et diplomatique pour la mission qu'il s'est proposé d'assurer. Dans une lettre de deux pages au roi Salmane d'Arabie Saoudite, le président guinéen a proposé ses services pour une mission de bons offices destinée à résorber la crise entre le Qatar et les monarchies du Golfe.

Intermédiation de Condé pour régler un malentendu entre frères arabes

Dans sa missive, Alpha Condé constate « avec beaucoup d'amertume et de tristesse », la bronca anti-qatarienne menée de front depuis le 5 juin dernier par l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis. « Nous nous sentons concernés et très touchés par cette incompréhension et ce malentendu entre des pays frères amis en ce mois saint de Ramadan », écrit Alpha Condé dans sa lettre.

Dans le sillage des pétromonarchies du Golfe, des pays africains comme l'Egypte, la Tunisie, le Gabon, la Mauritanie, la Libye ont entériné la rupture. Dans une posture hybride, d'autres comme le Sénégal, le Tchad, le Niger ont rappelé leurs ambassadeurs pour « consultation ». A contre-courant tout comme Mohammed VI du Maroc qui a proposé ses bons offices, Alpha Condé se voit bien en médiateur pour réconcilier « les frères arabes ».

« Je voudrais Vous réaffirmer mon entière disponibilité, en ma qualité de Président en exercice de l'Union africaine et de Président d'un pays frère musulman, membre fondateur de l'OCI, d'apporter mon intermédiation et d'œuvrer, sans relâche, avec toutes les bonnes volontés du monde, afin de trouver une solution pacifique et rapide à cette crise inopportune entre frères amis », soutient le président guinéen.

Un costume de médiateur international pour le président guinéen?

Mais pourquoi donc Alpha Condé est-il donc parti naviguer, par ces temps qui courent, dans les eaux ténébreuses du Golfe ? On peut également voir dans ce dynamisme du président guinéen, le prolongement de ses efforts de médiation lors de la crise post-électorale gambienne de décembre dans lequel il a déployé tout son zèle pour se tailler un costume de médiateur.

D'un autre côté, le Président Condé nous a habitué ces derniers temps à des prises positions anticolonialistes assez inhabituelles pour être signalées. Visiblement, le président guinéen veut étendre son activisme diplomatique au-delà des frontières africaines pour varier les thèmes et se tailler une envergure plus internationale.

Mais sur ce dossier très éloigné des ressorts du Président guinéen, Mohammed VI qui a proposé ses bons offices semble avoir une longueur d'avance. Plus au fait des coulisses du cénacle arabe, le roi du Maroc qui est resté « en contact étroit » avec les différents acteurs, pourra être plus efficace et pragmatique.

Reste à savoir si le président guinéen qui avance sa qualité de « président en exercice » de l'UA, acceptera de se retirer devant la contrepartie qu'il pourrait tirer d'un succès d'une médiation entre les frères arabes.

Ibrahima Bayo Jr.

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