Le Sénégal rejoint la coalition anti-Qatar

L'onde de choc de la crise diplomatique qui secoue le Golfe fait des échos en Afrique jusqu'au sud du Sahara. Préoccupé par le bras de fer qui oppose Riyad à Doha, le Sénégal décide de rappeler son ambassadeur au Qatar pour consultation. Le Sénégal devient ainsi le deuxième pays de l'Afrique de l'ouest, après la Mauritanie, à soutenir les pétromonarchies dans leur conflit avec le Qatar.

Pour l'heure, il ne s'agit pas encore de rupture diplomatique entre Doha et Dakar mais à travers cette décision qui prend effet à partir de ce mercredi 7 juin, « Dakar dit exprimer sa "solidarité agissante" à l'Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis, au Bahreïn et à l'Egypte », selon un communiqué officiel du ministère des affaires étrangères du pays. Mais il faut dire que la décision de Dakar était entendue. Le pays de la teranga et l'Arabie Saoudite sont des alliés de longue date comme l'atteste l'envoi annoncé en 2015 d'un important contingent de 2 100 soldats en Arabie saoudite pour protéger les lieux saints de l'Islam mais aussi soutenir l'armée saoudienne dans la guerre au Yémen. Les djambars (soldats sénégalais) ont-ils été envoyés en Arabie Saoudite ? Il est toujours difficile d'affirmer ou d'infirmer cette information. Pour des raisons que l'on ignore encore, les autorités sénégalaises communiquent peu sur ce dossier.

Le pèlerinage en ligne de mire

Une seule certitude, Dakar a intérêt à soutenir son allié. En plus des importants investissements et des aides humanitaires, l'Arabie Saoudite, a accordé au Sénégal un quota de plus de 10.000 pèlerins pour le pèlerinage de 2016. L'année dernière, sur le quota de 10 500 pèlerins accordé au Sénégal par les autorités saoudiennes, 5 870 femmes sont parties aux lieux saints de l'Islam contre 4 619 hommes, selon la Délégation générale sénégalaise au pèlerinage à la Mecque. Or, les opérations pour le pèlerinage à la Mecque 2017 sont actuellement en cours.

Cependant, il faut rappeler que cette décision intervient au moment où l'étau se resserre autour du petit Etat gazier. Lâché d'abord par ses voisins du Golfe, en premier, le Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Yémen, ce lundi 5 juin, l'émirat doit faire face maintenant à un autre front en Afrique.

D'autres pays vont suivre

Les pays du continent noir « amis » de l'Arabie Saoudite commencent petit à petit à abandonner le riche émirat du Golfe. L'Egypte et le Gabon sont déjà entrainés dans la danse et l'Afrique subsaharienne n'est pas en reste. Le premier pays subsaharien à s'être rallié à la cause saoudienne est la Mauritanie. Dans un communiqué officiel, le gouvernement mauritanien dénonce la « politique terroriste » du Qatar. Pour Nouakchott, Doha s'est attelé « à semer l'anarchie et répandre les tensions dans de nombreux pays arabes, ce qui a causé de grandes catastrophes humanitaires dans ces pays,en Europe et dans le monde ».

Et tout porte à croire que la liste de la coalition anti-Qatar va se rallonger en Afrique avant la fin de la semaine. L'Arabie Saoudite à d'autres amis sur le continent. La Guinée est un allié incontournable des pétrodollars et c'est grâce à ses amis saoudiens que le pays africain a pu intégrer le très fermé club de l'OPEP. Riyad peut exiger un retour d'ascenseur. Le Burkina Faso pourrait néanmoins faire la différence. Le président Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré était en visite officielle le 16 mai au Qatar où il a été reçu par l'émir Tamim Ben Hamad Al-Thani. Le président du Faso en a profité pour tenter d'attirer les investisseurs qataris. Il a reçu de belles promesses d'investissement.

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